𝓛𝓮 𝓹𝓮𝓽𝓲𝓽 𝓵𝓲𝓿𝓻𝓮 𝓭𝓮 𝓬𝓾𝓻𝓲𝓸𝓼𝓲𝓽é. -𝔗𝔥𝔯𝔦𝔩𝔩𝔢𝔯 𝔖𝔱𝔬𝔯𝔦𝔢𝔰-

La melodie en jaune.

Théo se réveilla lentement, la douceur de son écharpe jaune et blanche l'enveloppant comme une caresse chaleureuse. Allongé dans un champ de blé doré, il sentait les épis onduler doucement au gré du vent. Le soleil, timidement perçant à travers les nuages, baignait le paysage d'une teinte chaleureuse, lui apportant un sentiment de sécurité et de paix.

En ouvrant les yeux et en s'étirant, il savourait la fraîcheur de la terre sous son dos. Lorsqu'il se redressa, il remarqua des blaireaux l'observant avec curiosité : un blaireau aux grandes oreilles se frottait contre sa jambe, tandis qu'un autre, intrigué, s'approchait avec ses grands yeux doux.

« Bonjour toi » dit-il d'une voix douce « approche, n'ait pas peur »

Théo éclata de rire en jouant avec eux, caressant la douceur de leur pelage.
« Je me sens vraiment bien ici. »

Reprit-il en oubliait presque pourquoi il se trouvait dans cet endroit magique, enivré par la tranquillité qui l'entourait.

Tout semblait si bienveillant. Au dessus de lui, des fruits juteux, accrochés aux branches d'arbres fleuris, attiraient son attention. Il se leva et, d'un geste délicat, cueillit une pomme éclatante sur un pommier doré, aussitôt fut-elle arrachée que la pomme repoussa. Théo se mit à rire en portant le fuit à sa bouche.
Le goût sucré explosa dans son palais, l'excitant d'avantage, émerveillé par cette simple joie.

Les rires des blaireaux et les chants des oiseaux formaient une mélodie douce et apaisante, remplissant l'air d'une harmonie réconfortante.

Pourtant, malgré cette plénitude, un léger frisson le parcourut. Une brise glaciale faisait voltiger son écharpe autour de son cou, créant un contraste avec la chaleur du soleil. Un vide persistant s'insinuait en lui, un sentiment étrange qu'il ne pouvait ignorer.

Il se caressa légèrement pour se réchauffer et regarda ailleurs mais  le paysage le fit penser à autre chose, à une connexion manquante qu'il ne savait identifier.

Théo soupira intérieurement avant d'hausser les épaules.
Il commença à marcher,
effleurant les épis de blé d'un geste lent, savourant l'effet du soleil sur sa peau et de la nature dans ses poumons.

En s'enfonçant dans le champ, il remarqua un groupe de blaireaux l'observant avec admiration. Théo, plein de bonne volonté, leur fit un signe de la main.

Le groupe s'avança timidement vers lui, tous habillés de pulls jaunes et blancs, chaleureux, gentils, optimistes et généreux. Théo se sentait chez lui parmi les blaireaux.

Un des blaireaux, voyant un petit oiseau affamé, proposa à Théo de partager la pomme qu'il venait de cueillir. Avec un sourire chaleureux, il tendit le fruit au blaireau, savourant ce geste de générosité. Les blaireaux l'entouraient, riant, le regardant comme un ami, comme s'il faisait définitivement partie de leur tribu.
« Tu es si gentil » lança l'un deux.
« Si tendre ! » continua un autre.
Et Théo se sentit porté par cette attention, chaque sourire illuminant un peu plus son cœur, même si le vide persistait derrière cette lumière.

Il ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis qu'il s'était réveillé.

« C'est un bel endroit n'est pas... » affirma l'animal au pull jaune et Théo répondit en souriant, le visage levé vers le soleil pour profiter des rayons sur le visage.

« Oui, je m'y sens bien. Je ne veux pas le quitter. »

« C'est parce que nous sommes une famille ! » s'amusa l'un des blaireaux.

« Tu peux rester avec nous ? » reprit un autre.

« Pour toujours ! » affirma Théo d'une voix tendre.

« Oh oui! » s'exclamèrent la tribu en cœur.

Soudain, une autre brise fraîche caresse l'écharpe qui voltigeait jusqu'à son visage. Comme un message inaudible aux oreilles du jeune homme.

Alors qu'il marchait avec ses amis pour rencontrer le chef de leur tribu, Théo ressentit le désir ardent de faire partie de cette communauté. Le soleil réchauffait sa peau alors qu'ils empruntaient un chemin serpentant entre les fleurs dorées.

« Il est là ! C'est lui ! » s'exclamèrent la tribu en cœur.

À ce moment la, un blaireaux, plus gros que les autres, au pelage éclatant se posa sur une branche à proximité et entonna une douce mélodie. Théo s'arrêta, captivé par le chant. Il s'agenouilla, prêt à tout abandonner pour rester ici.

« Théo... » murmura le blaireau, ses yeux brillants fixés sur lui. « Ton écharpe... »

« En guise de loyauté envers notre tribu, le chef exige que tu lui donnes quelque chose venant de toi, » commença un autre blaireau.

« Oui, » reprit un troisième blaireau, « ton écharpe fera l'affaire. »

La mélodie résonna dans son esprit, ébranlant sa torpeur. L'euphorie de ce monde commença à s'estomper alors qu'il prenait conscience de son identité. Il se leva lentement, un soupçon de tristesse assombrissant son regard. Les rires et la chaleur ne suffisaient pas à combler l'absence de ses frères et sœurs. Le vide grandissait, le poussant à chercher la vérité.

Les blaireaux s'éloignèrent, comme s'ils ressentaient son trouble. Théo scruta les alentours, son cœur battant. Le chemin serpentait devant lui, lui offrant une chance de retrouver ce qu'il avait perdu. Il hésita un instant, puis, se remémorant les rires et les sourires de ses frères et sœurs, il sut qu'il devait avancer.

« La vraie loyauté, » murmura Théo, les yeux fermés mais avec un sourire chaleureux, « c'est envers ma famille. »

Et il s'éloigna, saluant d'un geste tendre de la main les blaireaux qui l'avaient accueilli.

En s'avançant sur le chemin, il sentit la texture de la terre sous ses pieds, chaque pas le rapprochant de sa réalité.

Finalement, il se retrouva devant un lac étincelant et, s'agenouillant au bord de l'eau, il observa son reflet. Les sensations de chaleur qui l'entouraient commencèrent à se refroidir, et les bruits joyeux des blaireaux se transformèrent lentement en une mélodie de pluie. La luminosité dorée du paysage s'estompa, et en rouvrant les yeux, il se retrouva dans la grotte, le cœur lourd mais déterminé.

« Épreuve réussie, » annonça la voix de la grotte.
Dans sa main, une petite pierre précieuse de couleur jaune, se matérialisa.
Il referma le poing, serrant le diamant tel un trésor et se mit à rire.
Théo se sentit heureux et fier de sa décision,