Chapitre 9

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Mes yeux papillonnent faiblement pour tenter de retrouver une quelconque lumière autour de moi, mais tout reste immuablement noir. Chaque inspiration me brûle de l'intérieur, alors que chaque expiration déclenche une douleur sourde à cause de la raideur de mes muscles.

La fraicheur et l'humidité de la pièce pourrait être une cave, mais privée de la vue ce n'est qu'une supposition. Le silence est soudain rompu par le bruit d'une goutte s'écrasant sur un objet métallique.

Cinq, puis trois puis une seconde.

C'est l'intervalle chaotique que l'on m'inflige à présent. Il s'agit d'une technique connue de torture, pouvant rendre totalement fou. Je n'entends plus que ça, incapable de détourner mon intention. Il faut que je trouve d'où provient ce bruit pour au moins essayer de l'atténuer en bougeant ce qui semble être une coupelle ou un bol.
Mon corps paraît peser une tonne, donc je vais essayer de parcourir la pièce à quatre pattes. Même cette position est difficile surtout en me rendant compte que mon pantalon a été coupé au niveau du genou, ressentant la fraicheur du carrelage. Après réflexion je décide de suivre le mur en espérant que ce soit dans un des coins de la salle.

Alors que ma main s'avance doucement elle se heurte directement à du verre sur le sol, m'arrachant un petit gémissement. Un froissement de tissus quasiment imperceptible me parvient de l'autre côté de la pièce me figeant sur place. Mon coeur se jette contre ma cage thoracique m'empêchant de tendre plus l'oreille.

— Il y a quelqu'un ?

Ma voix est à peine audible. Ma demande est ridicule, mais l'absence de réponse me rassure assez pour tenter de continuer ma recherche. Les morceaux de verres jonchent le sol de partout. Je suis tiraillée entre la douleur de ma chair qui s'entaille à chaque mouvement, et la douleur psychique que ces gouttes m'infligent.
Ma raison tranche en décidant que pour la première j'ai toujours su me relever donc je continue ma recherche en ne retenant pas les râles de souffrances qui m'échappent.

Lorsque ma main accroche enfin cette coupelle d'eau, la froideur du métal soulage ma paume ensanglantée. Les gouttes s'écrasent maintenant sur le carrelage dans un fracas bien plus doux pour mes oreilles.

— Aidez-moi...

Le murmure qui me parvient me fait rater un battement. Il y a vraiment quelqu'un dans la pièce avec moi. La détresse dans sa voix m'interpelle. Et si c'était Josh?
Une douloureuse inspiration emplit la pièce, me demandant comment j'ai pu ne pas l'entendre avant cette deuxième respiration. Peut-être qu'il était inconscient ? Ou que mon esprit s'est focalisé seulement sur ce goutte à goutte irrégulier.

— Josh, c'est toi?

— Oui... Aidez-moi...

Il ne semble pas m'avoir reconnu, mais un long soupir de soulagement m'échappe en comprenant que ce n'est pas un inconnu dans la pièce.
Sans plus attendre je reprends mon chemin en direction du centre de la pièce, d'où la voix de Josh paraissait venir. Les morceaux de verres sont de plus en plus nombreux et coupant, jusqu'à ce que ma main se pose sur le sol dénué de l'un deux. Ma deuxième main se pose également sur le carrelage mais cette fois un liquide visqueux la réceptionne. Par instinct je l'apporte à mon nez et un haut-le-coeur me parcourt en reconnaissant l'odeur du sang.

Je ressens une présence tout près de moi, et j'ai un léger sursaut quand mes doigts effleurent un tissu humide. Douceusement je tente de repèrer le visage de Josh.

— Ça va aller, je suis là.

Sa cage thoracique se lève si faiblement sous ma main que mon rythme cardiaque s'emballe à l'idée que mon affirmation soit un mensonge.

Happy HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant