Chapitre 7

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Les lumières s'éteignent, alors qu'un cliquetis au niveau de la porte derrière moi s'actionne lentement. L'angoisse monte en flèche en sentant une présence à mes côtés. N'ayant plus que l'odorat comme sens libre, celui-ci me dépeint le portrait d'un homme transpirant dont le seul parfum semble être une vieille eau de Cologne bon marché. Un bourdonnement envahit mon esprit me déconnectant peu à peu de cette situation qui recrache violemment des démons du passé.

On me saisis avec force les poignets avec une main qui me paraît gigantesque. J'aimerais hurler et me débattre, mais mes lèvres restent affreusement scellées. Je suis incapable d'émettre la moindre réaction alors que mes poignets sont maintenant entravée sur une petite table, certainement en métal au vu de la froideur de la surface.

Pour tenter de rester dans le moment présent mon esprit me rejoue les paroles échappées un peu plus tôt des enceintes. Tout mon être se met à crier silencieusement de douleur, à l'idée de devoir plonger dans des secrets qui n'ont jamais demandé à exister. 


La porte se referme, me permettant de reprendre peu à peu possession de mes facultés, entendant soudain les trois autres s'énerver et se débattre. Faiblement j'essaye à mon tour de me défaire de cette emprise mais la tentative est vaine. Le métal froid serre si fort mes poignets que je peine à bouger mes doigts.
Une lumière blafarde met en exergue de nouveau cette réalité qui n'a plus rien de fictif. Mon regard reste invariablement fixé à ce mur immaculé de blanc, afin de rejeter cette possibilité que le jeu n'en soit plus vraiment un.

— Miley, ça va ?

La voix de Tom me parvient à travers le vitre qui nous sépare désormais. J'aimerai lui répondre mais je n'ai pas la force d'inventer le moindre mensonge pour minimiser la peur qui s'est propagée dans mes veines tel un poison mortel. Depuis deux ans j'avais réussi à l'étouffer mais ce soir elle reprend ses droits sans aucune douceur, déchirant au passage les parois de ce cœur qui aimerait ne plus rien ressentir.

— Miley ?

— Laisse Tom, tu vois bien qu'elle fait encore son intéressante pour que tu t'inquiètes pour elle.

La phrase d'Amy s'abat sur moi comme un coup de grâce. Mon mutisme est la seule réponse que je parviens à offrir. Malgré la colère qui s'insinue en moi contre cette fille dont la présence m'insupporte, je préfère rester concentrée pour ne pas m'effondrer un peu plus dans cette partie qui ne semble jamais se finir.

La règle est simple, délestez-vous de votre plus lourd secret et vous pourrez désigner votre victime. Mentez et la décharge électrique s'abattra sur vous quatre.
Amy à vous l'honneur.

Une décharge électrique, mais c'est une blague ? Comme pour me répondre une légère tension émane des deux attaches autour de mes poignets. Ça va beaucoup trop loin.

— Stop ça suffit maintenant je veux sortir tout de suite !

Ma respiration commence à se saccader, envahie par cette peur incontrôlable. Je dois sortir d'ici maintenant.

Mes mains tentent de se soustraire de mes liens, perdant peu à peu le contrôle.

— Miley calme toi s'il te plaît tu saignes !

Je m'en fiche je dois absolument m'en aller de cet endroit ! Mon corps se fige d'un coup lorsqu'une puissante décharge me traverse. La panique me paralyse avant que la douleur s'installe lentement. Un lourd silence règne maintenant dans chaque box.

Miley ce n'est pas à votre tour de parler. Amy on vous écoute.

Ma gorge est si nouée que déglutir devient compliqué. En jetant un furtif coup d'œil sur le côté, j'aperçois le regard de Tom braqué sur moi. L'inquiétude a pris possession de chaque parcelle de son visage. C'est peut-être celui qui a le plus bon cœur ici, mais je n'ai pas besoin de pitié aujourd'hui donc mes yeux se détournent rapidement. Chaque battement déclenche à présent un légère douleur dans ma poitrine.

— Je...Il y a quelques années dans un magasin j'ai volé avec une amie, mais on s'est fait attraper et je lui ai tout mis sur le dos.

La confession d'Amy ne fait que renforcer mon opinion sur elle. Je ne peux pas l'observer, mais l'intonation dans sa voix n'est pas vraiment celle d'une repentie.

— Je vais donc chois...

Ce n'est pas beau de mentir Amy. Ce secret est honteux mais ce n'est pas le plus lourd.

La dureté de la voix qui s'éparpille à travers les hauts parleurs me glace le sang. Amy commence à bafouiller des excuses tout en sanglotant. La savoir aussi mal me fend le cœur.

Grâce à l'argent de papa, tu as évité la prison après avoir percuté un cycliste en faisant un délit de fuite, alors que tu étais saoule, AMY.

Ma compassion s'envole immédiatement à l'entente de ces paroles. L'incompréhension se lit sur le visage de Tom, mais je n'ai pas le temps de plus analyser la situation qu'une nouvelle décharge un peu plus forte que tout à l'heure me parcourt. Mes dents se serrent pour ne pas laisser échapper le gémissement de douleur qui m'emporte. Amy pousse, quant à elle, un cri strident.

— Putain Amy tu fais chier ! s'énerve mon frère.

— Je suis désolée Clay, mais je comprends pas comment ils peuvent le savoir alors que mon père a tout fait disparaître...

Comment ils peuvent aussi bien renseigné, alors ? Mon angoisse monte d'un cran, car il est inenvisageable que mon secret soit jeté en pâture devant ces trois personnes, dont l'une est mon frère.

Clay c'est à votre tour.

Nous ne sommes plus aussi proche qu'avant, mais je ne pense pas que mon frère est un si...

— Je voue une haine sans nom à ma sœur Miley.

Mon cœur rate un battement avant de s'effondrer lourdement au sol. Mon regard se fixe au blanc du mur face à moi pour ne pas laisser les larmes s'échapper. Pourtant, elles s'écoulent sans tarder pour s'écraser sur mon jean.
Je ne comprends pas. Pourquoi ? Je...Je ne lui ai jamais causé de tort, et dans les moments les plus durs je me suis oubliée pour l'aider... 

— Tu es sérieux Clay ? Ton secret à deux balles n'est pas crédible on va tous se reprendre une décharge ! s'énerve Tom.

— Mais c'est la vérité pourtant.

Le ton sec et cassant de Clay, enfonce un peu plus cette pointe qui est maintenant logée dans mon organe vital.

— Tu es un grand malade, jamais ils vont gober ça !

Merci Clay pour votre franchise, qui va subir seul la sentence?

Sans aucune hésitation il me désigne. Cette troisième décharge me déconnecte partiellement de l'instant présent. Elle est bien plus forte que les deux premières et mon corps ne parvient pas à retenir un râle de douleur.

Pourtant je ne suis pas certaine que ce soit ce qui me blesse le plus ce soir...

****

Les liens du sang ne sont pas toujours indestructibles...

Happy HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant