Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 79

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𝑅𝐻𝑚𝑖

JONAS

« Le processus de guérison a déjà été entamé, permets au Saint-Esprit de le mener jusqu'à son terme. Laisse-le te guérir, resonnait la voix de pasteur Léon dans mon esprit. »

Après que j'eusse discuté avec Yessi, pasteur Léon m'avait entouragé sur cette voie. Durant un mois j'ai lutté en voulant préserver le peu de paix que j'avais jusque là mais en prenant cette retraite je ne savais pas que le Saint-Esprit m'attendait ainsi au tournant. Je ne voulais pas la faire cette retraite, mais vous connaissez votre Dieu, qui sait profiter des situations.

Je repense à la dispute qui a éclaté entre Imane et moi. Je ne peux m'empêcher d'en vouloir à Ruan. Et de m'en vouloir également. Tout ça, a commencé parce que je n'ai jamais été vrai.

Ma respiration est lourde et mes mouvements flaxes. Je suis à bout.
Ne supportant plus ces sentiments qui remontaient alors que j'étais juste couché dans ma chambre, un instrumental passant, je sors m'asseoir au salon. Mais le problème c'est que mon appartement est complètement saturé de la présence de Dieu.

Argh ! Pourquoi ne te contentes-tu pas de te manifester dans la chambre ?
C'est ce que j'aurai demandé au Saint-Esprit, mais je me souviens très vite des prières que je faisais chaque nuit il y a quelques années.

« Sature mon appartement de ta présence, Seigneur. »

Zut. Je ne savais pas que cela me porterait préjudice.

Ressentir la présence de Dieu dans chaque pièce de ta maison te porte préjudice ? Me questionne ma conscience.

- Je suis à bout ! Criais-je d'une voix étouffée.

Je fais les cent pas tout en tentant d'oublier ces souvenirs qui remontent. Mais ils ne remontent pas qu'avec les images. La douleur et la solitude que j'ai ressenti ces temps-là refont aussi surface.

Au bout de quelques minutes je finis par abandonner, incapable de lutter plus longtemps avec Dieu.
C'est avec crainte, et amertume que je prends mon téléphone et compose le numéro de Sasha.

- À 1h là tu appelles les gens c'est pour quoi ? Demanda-t-elle automatiquement.

Ses heures de la nuit sont toujours aussi précieuses.

- J'aimerai me confier... à quelqu'un.

- Tu...

- La période où mon père m'avait confisqué mes appareils électroniques lorsque j'ai échoué au bac, je me sentais vraiment mal, commençais-je sans lui laisser le temps de répondre. J'étais mal d'avoir échoué. Mal de ne pas avoir eu assez de points. Mal d'avoir mis tous mes efforts à servir Dieu et à bosser pour au final échouer. J'avais mal car j'avais espéré que mon père comprenne... mais il n'avait jamais été là pour voir tous les sacrifices que j'avais fait, et comprendre la douleur que je ressentais face à cet échec. J'étais mal car j'aurai voulu avoir quelqu'un sur qui versé mes larmes, quelqu'un à qui confier ma douleur, quelqu'un qui me conseillerait... Papa Marius était entré dans le coma à la mauvaise période. J'avais besoin d'un père à l'écoute. J'avais besoin d'une mère qui me consolerait et me rassurerait... à la place j'ai eu des injures et aie été rabaissé.

Je prends une pause pour respirer puis reprends...

- J'avais besoin d'un ami qui aurait pu m'encourager, besoin d'une amie pour m'envoyer des paroles réconfortantes... J'avais besoin d'être entouré, mais j'étais seul. Seul, incompris et jugé... J'avais besoin de ces amis dont j'étais si fier... J'avais besoin que ce meilleur ami pour qui j'avais été toujours là me rende la pareille... J'avais besoin que cette fille qui était connue pour être une aide pour les gens soit également une aide pour moi... J'avais besoin de toi Sasha, mais tu n'étais pas là... Dans ce moment de vulnérabilité, mon frère qui me faisait vivre la misère et à qui j'avais pu tenir tête jusque là avait profité... tu m'en as voulu d'avoir tenté de m'ôter la vie mais sais-tu ce que je vivais ? Sais-tu ce que ça fait que d'être abusé ? Et par son propre frère ?

La fille du pasteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant