Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 84

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𝑅𝐻𝑚𝑖

Villa des Da Costa

MARIUS

Mes yeux scrutent avec compassion la jeune femme en face de moi. Les mots me manquent alors que je l'écoute parler. Oh, si j'avais réellement prêté attention aux avertissements de Mélinda et des autres...

- Pardonne-moi, Aya, je dis navré.

Elle me regarde surprise, puis rit.

- Ahi, pardon pourquoi ?

Je secoue négativement la tête face à sa réaction.

- Si j'avais été plus attentif je ne vous aurai pas laissé vous engager dans cette relation, je ne vous aurai pas laissé vous faire du mal à ce point, déclarais-je d'une voix amère.

Je ne sais pas... Si vous pourriez comprendre. Mon cœur de père saigne. C'est tellement douloureux de voir ses enfants souffrir, sans rien pouvoir faire. D'habitude je rigole bien avec eux lorsqu'ils font des choses malgré qu'on les a prévenu mais là j'ai vraiment mal. Autant pour Aya que pour Jonas.

- Je suis vraiment désolé.

Elle me sourit. Un sourire qu'elle m'a fait pendant des mois mais dont je n'ai pas remarqué la fausseté. Un sourire derrière lequel je n'ai pas remarqué la détresse. Et j'en suis tellement navré.

- Tu n'y es pour rien papa, riant légèrement. Les autres m'avaient quand-même prévenu. Qui dit que je t'aurai écouté ? Souvent, Dieu laisse certaines situations se passer pour qu'on tire des leçons.

Ses yeux s'embuent de larmes alors que mon cœur se resserre. Sans plus de protocole je la prends dans mes bras, et elle finit par éclater. Son corps est secoué par les sanglots, et sa voix étouffée est presqu'un cri de cœur. Presque ? C'est un cri de cœur. Elle est à bout. Je la console en lui rappelant que ça va aller. Que tout ira bien par la grâce de Dieu.

Après des minutes, et mon t-shirt baigné de larmes et de morves — qu'ont-ils tous à laisser la morve dans mes vêtements lorsqu'ils pleurent ? C'est même pas esthétique djo. Nous quittons mon bureau. Danika qui descendait sûrement de sa chambre vient avec hâte devant Aya. Sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit elle la prend dans ses bras. Un doux silence prend place alors que l'atmosphère est calme.

- T'inquiètes pas pour Jonas, et ne culpabilises surtout pas. Je sais à quel point tu te sens mal parce que tu te dis qu'il n'était pas si faux dans ses sentiments, et c'est vrai, il ne l'était pas. Et tu te demandes s'il ne fera pas de folie parce qu'il regrette de t'avoir fait souffrir et c'est tout à fait légitime, mais ne t'inquiètes pas. Prends soin de toi. Prends le temps de guérir et on verra ce que le temps et le Seigneur vous réservent, d'accord ?

Aya se mord la lèvre inférieure, les larmes menaçant de couler. Elle acquiesce, lentement et tremblante.

- Surtout, n'hésite pas à pleurer. N'aie surtout pas honte de tes larmes, tout ce que le diable dira est un mensonge. Si jamais tu as besoin que je vienne pour qu'on se battre afin que tu pleures tu me fais signe, Ruan va payer mon billet et je vais descendre sur Marrakech pour toi, d'accord ?

Et là elle éclate de rire. Oh comme je me souviens de leur bagarre lorsqu'elles étaient plus petites. Danika avait ce dont là de se mettre à dos tous les enfants de l'Ecodim, et Aya n'était pas du genre à se laisser faire. Cependant, Danika n'arrêtait pas tant qu'elle n'était pas sûre que son adversaire pleurerait donc faire pleurer la fille de Nadia _ la mère d'Aya-_ elle maîtrise.

- N'oublie pas, tu dois être là à mon mariage hein. Tu es sûre tu peux pas attendre encore trois semaines ? Changeant de sujet.

- Je vais venir au mariage, insiste-t-elle.

La fille du pasteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant