ET MeeRDE

Eliote

**Chapitre 2 : Premier contact**

On est enfin dans notre première classe. Marie, fidèle à elle-même, s'est installée à côté de moi, déjà concentrée sur le tableau, les yeux rivés sur le prof comme si c'était le jour le plus excitant de sa vie. Elle adore ça, les cours. Elle boit les paroles du prof comme si c'était du miel, et je la vois griffonner des notes, déjà super organisée.

Moi, je fais de mon mieux. Enfin, j'essaye. Mais mon esprit vagabonde et je me retrouve à observer la salle, les autres étudiants, les détails insignifiants qui captent mon attention. Puis, une table, tout au fond, reste vide. Et c'est comme si quelque chose me disait que cette place n'allait pas rester inoccupée bien longtemps. J'ai ce drôle de pressentiment...

Soudain, un coup léger à la porte retentit, et mon cœur se serre. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce moment va être important. La porte s'ouvre lentement, et je le vois. **Lui**. L'inconnu de la cour. Mon instinct ne m'avait pas menti.

Il entre tranquillement dans la classe, jetant un regard rapide à tout le monde, et quand ses yeux se posent sur moi... c'est comme s'il savait. Il me fixe, et ce regard me fige sur place, comme s'il avait ce pouvoir de me lire à travers. Mon souffle se coupe une seconde. Je sens mes joues brûler sous ce regard, et je détourne les yeux maladroitement. Pourquoi il me fixe comme ça ?

Il avance vers le prof d'un pas détendu, presque nonchalant, s'excuse pour son retard d'une voix calme. Le professeur, visiblement agacé, soupire avant de lui répondre :

« Pour le premier jour, c'est limite, jeune homme. Entrez et présentez-vous à la classe. »

L'inconnu hoche la tête sans vraiment se presser. Il se dirige vers la table vide, celle que j'observais tout à l'heure, et s'y installe avec une aisance déconcertante. Les jambes écartées, les bras croisés sur son torse, il fixe un point invisible au plafond. Puis, il finit par se présenter d'un ton détaché.

« Je m'appelle... Eliott. »

La classe murmure un timide « Enchanté », auquel il ne répond qu'avec une grimace, comme si entendre cette politesse obligatoire l'irritait. Il a ce genre d'attitude qui crie qu'il n'a pas envie d'être ici. Mais moi, je ne peux plus me concentrer. Maintenant que je connais son prénom, tout devient encore plus réel. Je suis totalement perturbée, mes pensées s'entrechoquent, et tout ce que je fais, c'est le regarder à la dérobée, espérant qu'il ne remarque pas.

Mais évidemment, Marie, toujours vigilante, me remarque immédiatement. D'un geste vif, elle bouge la feuille qui traîne sur ma table pour attirer mon attention. « Eh, concentre-toi ! Je vais pas te refaire le cours. Et qu'est-ce qui se passe avec *lui* là ? » me souffle-t-elle, un sourire en coin.

Je marmonne quelque chose du style « Je t'expliquerai plus tard » pour la calmer, mais à vrai dire, je ne sais même pas quoi lui dire. Pourquoi est-ce qu'il me met dans cet état ? Il est juste... différent.

Le cours se poursuit, mais je suis ailleurs, prisonnière de ce regard qu'il m'a lancé en entrant. Puis la sonnerie retentit enfin. Je me lève en vitesse, ramassant mes affaires, trop pressée de sortir pour échapper à cette confusion. Mais en plein dans ma précipitation, mon stylo tombe au sol. Je me baisse pour le récupérer et quand mes doigts touchent le sol, je vois une paire de baskets juste devant moi.

Mon cœur fait un bond. **Eliott.**

Je lève lentement la tête, comme au ralenti, et je le vois me regarder, un sourire amusé aux lèvres. Il me fixe, comme s'il s'attendait à ce que je dise quelque chose. Gênée, je tente un sourire maladroit, juste pour briser le malaise. Mais lui, il reste planté là, me scrutant de haut en bas, comme s'il cherchait à me comprendre. Je sens mon visage s'empourprer.