Ce n'est pas réel

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Cher journal,

Après que Tyle a prononcé cette phrase mystérieuse, tout a changé. Une ville entière est apparue sous mes yeux. Des enfants, des parents... et des créatures que je n'aurais jamais cru réelles. Je suis restée figée un instant, éblouie. Tout semblait si irréel, mais pourtant je le vivais, là, maintenant.

Je me suis mise à marcher, explorant chaque recoin. Tyle me suivait, silencieux, l'air un peu inquiet, mais il me laissait découvrir à mon rythme. Partout autour de nous, les gens chuchotaient des messes basses dans une langue étrangère... une langue que j'avais déjà entendue, mais que je ne comprenais pas. Leurs regards curieux se posaient sur moi, sur nous. Tyle lançait quelques regards fermes, autoritaires, et aussitôt les murmures cessaient.

Puis, je suis arrivée devant un stand tenu par une femme. Il était rempli d'armes, mais pas des armes ordinaires : elles étaient entourées de flammes, d'éclairs, comme vivantes. Je ne pouvais détacher mon regard.

La femme me fixa, curieuse.

— "Alors, jeune fille, quelque chose vous intéresse ?" demanda-t-elle en s'approchant. Mais dès qu'elle vit mon visage, elle s'arrêta net. Elle fixa Tyle, qui se tenait derrière moi, et tout à coup, Il lui fit un signe de tête tranquille, et elle reprit, cette fois avec plus de prudence :

— "Peut-être voulez-vous une boule de feu ?"

Je ne savais plus quoi dire. J'étais captivée par tout ce qui m'entourait. Alors, sans vraiment réfléchir, je répondis :

— "Oui..."

Je ne comprenais pas tout ce qui se passait ici, mais je savais une chose : je devais en savoir plus.

Quand j'ai répondu "oui", la femme au stand a eu une réaction étrange. Elle a baissé les yeux, hésité une seconde, et puis a souri d'une manière que je n'ai pas vraiment comprise. C'était comme si elle avait réalisé quelque chose, quelque chose que moi, je ne saisissais pas encore.

— "Hélas... tu ne sembles pas encore prête pour tout ça," a-t-elle murmuré, plus pour elle-même que pour moi.

Je me suis figée, un peu perdue. Pourquoi ce changement d'attitude ? Qu'est-ce qu'elle voyait que je ne pouvais pas voir ? Je me suis tournée vers Tyle, mais lui ne disait rien. Il restait en retrait, les bras croisés, observant la scène avec cet air sérieux, comme s'il attendait que je comprenne quelque chose par moi-même.

Je n'avais aucune idée de ce qui se passait, mais je sentais que tout le monde ici connaissait une vérité qui m'échappait encore.

Alors que je regardais ces objets étranges sur le stand, absorbée par leur mystère, la dame s'est éloignée sans que je m'en rende compte. Elle est allée rejoindre Tyle, et ils ont commencé à parler sérieusement, comme s'ils discutaient d'un secret que je ne pouvais pas comprendre. Ça me troublait, mais en même temps, je n'arrivais pas à m'empêcher de toucher à tout ce qui se trouvait devant moi, comme si chaque objet m'appelait.

Et puis, un petit garçon a tiré sur mon sweat. Quand je me suis retournée, je suis restée figée. Il avait de minuscules cornes et ses yeux brillaient exactement comme ceux d'Eliott... et comme les miens, cette étrange lueur que Marie a été la seule à remarquer.

Il a commencé à me parler, mais dans une langue que je ne comprenais pas du tout. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Tyle est arrivé et a répondu au garçon dans la même langue. Mon propre frère parlait une langue inconnue ! C'était trop. La confusion et la colère montaient en moi, et sans réfléchir, je me suis mise à courir. Mais pas juste courir... j'étais en panique, comme si fuir était la seule solution.

Je courais de toutes mes forces, bousculant les gens autour de moi, les repoussant sans vraiment faire attention. J'essayais de m'excuser, mais personne ne semblait me comprendre. Je suffoquais, tout était trop bizarre, trop intense. J'avais juste besoin de m'échapper, de sortir de cet endroit étrange.

Et puis, tout à coup, je suis entrée en collision avec quelqu'un. Je suis tombée à terre, la tête me tournait. En relevant le menton, c'est là que je l'ai vu... Eliott. Mais il n'était plus le même. Ses yeux... C'était comme une tempête d'étincelles à l'intérieur. Et cette fois, au centre de ses pupilles, il y avait une lueur rouge, vive comme du sang.

Il me fixait sans rien dire. C'était comme s'il voyait tout à travers moi, comme s'il savait exactement ce que je ressentais. Je me suis redressée en titubant, et en me retournant, j'ai vu Tyle derrière moi. Là, tout m'a frappée : Eliott et mon frère se connaissaient depuis longtemps, et ils me cachaient quelque chose.

C'était trop pour moi. Mon cœur battait à tout rompre, mes jambes tremblaient, et avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, tout s'est effondré autour de moi. Je me suis évanouie.

Je me suis réveillée lentement, avec cette sensation étrange que mon corps n'était plus le mien. J'ai ouvert les yeux avec difficulté, et tout de suite, une douleur sourde m'a envahie, accompagnée d'un sifflement dans mes oreilles qui ne s'arrêtait pas. J'étais épuisée, comme si tout ce qui me restait d'énergie avait été aspiré. Mais dans ma tête, tout était clair. Les souvenirs de cette ville étrange, de Tyle, d'Eliott, et surtout, de cette maison... Tout ça n'était pas un rêve.

En regardant autour de moi, j'ai vu que j'étais dans une chambre. Tout était flou, mais je distinguais des meubles élégants, comme si cet endroit appartenait à un autre temps. J'essayais de comprendre, mais avant même de pouvoir réfléchir, j'ai entendu un toc discret à la porte. Pas de bruit brutal, juste un léger "toc-toc".

Une femme est entrée, lentement, avec une élégance naturelle. Elle portait une robe longue, d'un bleu profond, et sur sa tête, deux cornes noires, longues et imposantes. Ce qui m'a frappée aussi, c'était ses lunettes rouges, délicatement posées sur son nez. Elle tenait un plateau, comme si elle venait simplement m'apporter quelque chose. Rien d'inquiétant, mais pourtant... tout me semblait étrange.

« Bonjour, mademoiselle Tiff. » Elle s'est présentée avec un sourire doux. « Je suis Focsite, mais vous pouvez m'appeler Madame F. »

Je la regardais, un peu effrayée, sans savoir si je devais répondre ou fuir. Mais il y avait quelque chose en elle... quelque chose de rassurant. C'était étrange, comme si une partie de moi savait que je pouvais lui faire confiance. Comme si je pouvais sentir son aura. Tout ça est nouveau pour moi, mais c'était comme une intuition très forte.

« Euh... bonjour... moi c'est Tiff. » J'ai à peine eu le temps de finir ma phrase qu'elle a souri et m'a coupée doucement.

« Oh, je vous connais déjà très bien, mademoiselle Tiff. Depuis que vous êtes toute petite. »

Ses mots m'ont figée. Comment ça, elle me connaît depuis mon enfance ? Je ne l'avais jamais vue auparavant. Ou du moins, je ne m'en souvenais pas.

J'ai voulu me lever, poser toutes les questions qui tournaient en boucle dans ma tête, mais une nouvelle vague de douleur m'a ramenée contre le matelas. Ce sifflement... cette lourdeur dans ma tête... Je ne pouvais plus bouger. Alors j'ai juste murmuré, à bout de souffle : « Comment vous me connaissez ? Vous avez connu ma mère ? »

Madame F s'est assise près de moi, avec une patience presque rassurante. « Oui, mademoiselle Tiff. Votre mère et moi étions très proches. Nous avons grandi ensemble, ici même. Elle connaissait ce monde bien avant que vous ne naissiez. »

Je suis restée sans voix. Comment ma mère pouvait-elle connaître cet endroit sans jamais m'en avoir parlé ? Combien de secrets m'a-t-elle cachés ?

Je suis perdue, Tout ce que je pensais être réel est en train de s'effondrer.

ET MeeRDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant