Ma famille

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Je suis assise, mais mes pensées se bousculent. Un souvenir s'impose, un flash d'un moment que j'avais complètement oublié. Ce jour-là, à la fac. J'étais en pleine course, pas en colère. Non, rien à voir avec la colère cette fois. Je courais avec mes camarades, une simple course, pour le fun. Mais alors que tout le monde accélérait, quelque chose s'est passé en moi. Un déclic. Je suis partie comme une flèche, dépassant tout le monde en une fraction de seconde. J'étais si rapide que quand je me suis retournée, ils étaient encore loin derrière, comme figés dans le temps. Je me souviens de leurs visages. Stupéfaits. Personne ne comprenait ce qui venait de se passer... et moi non plus. Mais j'avais balayé ça d'un revers de la main, comme si c'était juste un exploit sportif incroyable.

Lizon, assis en face de moi, me donne un coup de pied sous la table. Ça me tire brutalement de mes pensées.

— Tiff... Tiff, tu es là ?

Je secoue la tête, reprenant mes esprits. Je cligne des yeux, un peu perdue.

— Pardon... je... je pensais à tout ça.

Il hoche la tête, compréhensif, mais je vois dans son regard qu'il sait que ce n'est pas fini. Il attend quelque chose de moi.

— T'inquiète pas, je comprends, ça fait beaucoup à encaisser... mais il n'y a pas que ça.

Je me laisse tomber dans ma chaise, épuisée par toutes ces révélations qui me submergent. Tout semble s'écrouler autour de moi, mais je me force à lui répondre.

— Vas-y, balance... dis-moi tout.

Lizon ouvre son ordinateur. Il ne dit rien, mais son regard parle pour lui. Il tourne l'écran vers moi, et je vois les images. Au début, elles sont floues, comme si mon esprit refusait de comprendre. Mais quand les détails deviennent clairs, je recule brusquement, la panique montant en moi.

— Pourquoi... pourquoi tu me montres des corps ?!

Je me lève, paniquée, marchant de long en large. Mon cœur bat trop vite, je n'arrive pas à reprendre mon souffle.

Lizon se lève à son tour, sa voix plus forte, presque un cri.

— Tiff, regarde bien ! Regarde ces photos !

Je m'arrête, un nœud dans la gorge. Mes mains tremblent, mais je me force à m'approcher de l'écran. Je prends une profonde inspiration, et examine les images plus attentivement. Et là, je le reconnais.

— Éliott...

C'est lui. Ce garçon que j'avais rencontré. Mais ce n'est pas une simple photo. On est là, tous les deux... en train de flotter. Nos pieds ne touchent plus le sol, et il y a un lac en-dessous de nous. Nos yeux... ils sont d'un rouge éclatant, presque effrayant. Ma main est posée sur la joue d'Éliott, et lui regarde le ciel, parlant dans une langue que je ne comprends pas.

Je commence à bégayer, incapable de trouver mes mots. Mon cœur s'emballe, une peur irrationnelle monte en moi.

Lizon s'approche. Il parle doucement, mais cette fois, il parle dans cette même langue étrange que je viens de voir sur la photo. Et là, sans comprendre pourquoi, je me calme instantanément. Mon corps se détend, et bizarrement, je me sens apaisée. Mon esprit est encore en pleine tempête, mais physiquement, je suis immobile, calme. Lizon pose sa main sur mon épaule.

— Assieds-toi, Tiff.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'obéis, presque mécaniquement. Malgré la peur, le stress, et cette horreur qui me ronge de l'intérieur, une étrange sensation de clarté commence à s'installer. Mais au fond de moi, je sens que tout est loin d'être terminé.

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Je regarde Lizon, mon cœur battant trop fort. Il s'apprête à me parler, mais je n'en peux plus.

— Lizon, stop... c'est trop pour moi.

Je me lève brusquement, cherchant à fuir tout ce flot d'informations qui me submerge. Mon esprit tourne à une vitesse folle, et soudain, les mots de Madame F me reviennent, comme un coup de tonnerre : *« Tu dois chercher les réponses par toi-même, pour savoir qui est ta mère et qui tu es vraiment, car les deux sont liés. »*

Je fronce les sourcils, comme si je commençais seulement à comprendre ce qu'elle voulait dire. Mais là, c'est trop. Trop de révélations, trop d'émotions.

— Lizon, je dois trouver les réponses moi-même. Mais là... c'est beaucoup trop.

Je quitte la cuisine, presque en courant. Cette maison... elle m'envahit d'une étrange sensation. Elle me donne des frissons. C'est comme si chaque mur, chaque pièce, portait un secret que je n'étais pas prête à découvrir. C'est la maison de mes parents, là où tout a commencé pour eux. Et pourtant, elle m'est totalement étrangère. Je ne connais rien de cet endroit. Je n'y ai jamais mis les pieds, et malgré tout, quelque chose me fait me sentir étrangement la bienvenue ici, comme si la maison elle-même m'attendait.

Je traverse un long couloir, mes pas résonnant dans le silence, et je me dirige vers la sortie. Quand j'ouvre la porte, je découvre un grand jardin. Un banc est posé au milieu, comme s'il m'appelait. Mes jambes m'y mènent presque machinalement, sans réfléchir.

Je m'assois sur le banc et lève la tête vers le ciel. L'air est frais, et les nuages défilent lentement au-dessus de moi. Pendant un instant, je me sens apaisée. Mais ce moment de répit ne dure pas.

Mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors. L'écran s'allume, affichant une liste interminable d'appels manqués et de messages. *Marie.*

Mon cœur se serre. Marie... comment ai-je pu l'oublier ? Je défile les messages. Elle me demande où je suis, ce que je fais, pourquoi je suis si distante. Elle s'inquiète. Ses mots trahissent une panique que je n'avais jamais vue chez elle. Et moi, je suis ici, plongée dans des révélations que je ne comprends pas moi-même.

Je ferme le téléphone d'un geste brusque, envahie par la culpabilité. Est-ce que je dois tout lui dire ? Tout lui avouer, ce que je suis, ce que j'ai découvert aujourd'hui ? Je me demande si elle pourra me comprendre, m'accepter après tout ça.

Soudain, une pensée me traverse l'esprit, glaçant mes veines. Et si Marie était la fille de Madame F ? Madame F avait dit qu'elle avait grandi avec ma mère, et moi, j'ai grandi avec Marie. L'idée est complètement folle, mais quelque part, elle ne me semble pas si improbable. Marie et Madame F ont toujours été... spéciales.

Je prends mon téléphone à nouveau et, cette fois, je décide de lui envoyer un message. Je lui dis de me rejoindre devant le cinéma dans une heure. J'ai besoin de la voir, de parler à quelqu'un, et je sais que c'est elle que je dois voir en ce moment.

Après avoir envoyé le message, je sens un poids se lever de mes épaules. J'ai besoin de quitter cette maison, de prendre du recul. Marie est la seule qui peut m'aider à remettre un peu d'ordre dans tout ce chaos. Mais une question me hante toujours : comment va-t-elle réagir quand je lui dirai la vérité ?

Je soupire, regardant à nouveau le ciel. Je ne vais rien lui cacher. Pas cette fois.

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ET MeeRDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant