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𝑻𝒓𝒐𝒊𝒔𝒊𝒆̀𝒎𝒆 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆

Heureusement pour moi, les boulangeries ouvrent à six heures ; j'ai pu me prendre quelques viennoiseries pour le petit-déjeuner. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais les pains au chocolat sont aussi bon ici, au Canada, qu'en France.  Tout en le dégustant, je me rends à mon travail. À mon nouveau travail je devrais dire. Quand j'étais à l'université à Strasbourg, je travaillais dans un cabinet comme assistante d'une personnalité politique du coin. Autant dire que ce job de réceptionniste dans un hôtel de luxe n'a rien à voir avec mon ancienne vie. Contrairement à ce que vous pourriez penser, cette idée me réjouit.

Je faisais des études de sciences politiques car je ne savais pas quoi faire de ma vie. Dès notre plus jeune âge, les adultes nous demandent ce qu'on veut faire plus tard. La vérité est que nous même, nous ne savons pas. Sauf que dans mon cas, j'ai juste suivi la filière que je voulait suivre à mes dix ans. À cette âge là, j'étais jeune et insouciante. Je voulait devenir la meilleure Présidente que la France n'ait jamais connu. Alors, pour la petite fille que j'étais et pour rendre mes parents fiers, je me suis inscrite à l'université et me suis lancée dans la politique. Même si cela m'a apporter beaucoup de confiance en moi et de la poigne dans ce monde rude et cruel qu'est le nôtre, je m'en suis très vite lacée.

C'est lors d'un après midi d'hiver, que j'ai rencontré Arthur. Je n'en suis pas fière et je n'aime pas raconter aux gens comment nous nous sommes rencontrés, mais nous séchions tout les deux. Nous avons discuté et il se trouvait en fait qu'on était dans la même classe. Très vite, nous nous sommes rapproché et deux mois après notre rencontre, nous nous sommes mis ensemble. J'ai même emménagé dans son appartement avec sa meilleure amie. Mais vous savez ou ça m'a mené...

Je me trouve maintenant au pied de l'hôtel. Les portes s'ouvrent, j'entre. Je m'avance jusqu'à l'accueil. La réceptionniste lève la tête dès qu'elle m'aperçoit. C'est une femme dans la cinquantaine, je dirais. Grande, cheveux roux, yeux vert, décidément cette femme a tout pour elle malgré les quelques rides qui dessine son visage bronzé.

- Good morning. Welcome to the Paradise Hotel. What is the name for the reservation ?
- Bonjour. Bienvenue au Paradise Hotel. Quel est le nom pour la réservation ?

- Hi. I am the French women for the receptionist position. I have an appointment with Mr. Cameroun.
- Bonjour. Je suis la française pour le poste de réceptionniste. J'ai un rendez-vous avec Monsieur Cameroun.

- Pardon mademoiselle. Je pensais que vous étiez une cliente. Je suis Monica Cameroun, la femme de Victor, l'heureux propriétaire des lieux.

Je lui tendit ma main.

- Rose Moore.

- Je vous en prie, asseyez-vous. Mon mari ne devrait plus trop tarder.

Elle me désigna un fauteuil quelques mettre plus loin. Je m'y installa. L'horloge indique six heure cinquante-quatre. J'enfila mes écouteurs et appuya sur play. 

🎶

Things fall apart and time breaks your heart
Les choses s'effondrent et le temps te brise le cœur

I wasn't there, but I know
Je n'étais pas là, mais je sais

She was your girl, you showed her the world
Elle était ta copine, tu lui as montré le monde

You fell out of love and you both let go
Vous êtes tombes amoureux et vous avez tous les deux lâchés prise

🎶

Je suis dégoûtée. J'adorais cette chanson. Maintenant, elle ne m'évoque qu'Arthur et sa «meilleure pote ». Je coupe la musique et privilégie de me diriger moi même vers le bureau de mon nouveau patron.