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Le rejeter ou l'accepter ? Un choix cornélien. Tu parles ! Bénéficiait-elle seulement de ce fichu choix ?

Au tréfonds de son âme, Candy connaissait la réponse. Forcément ! Feindre devant les autres était tout bonnement plus commode. Une réalité alternative confortable à laquelle se raccrocher. Son choix était établi depuis belle lurette, bien avant que Patty ne lui fasse la leçon. Bien avant que Terrence ne lui offrît la boule à neige ou le bouquet de jonquilles qu'elle avait pris en photo. Juste un joli fond d'accueil sur son téléphone. Une nature morte en nuance de jaunes inoffensive, martelait-elle. Pas comme le rouge agressif des roses qui lui avait fichu des palpitations. Archibald avait coutume d'en offrir par brassées à Annie, lorsqu'il avait dépassé la mesure. Ce stratagème éculé avait fonctionné un temps. Plus maintenant. Son cousin, renfrogné, le cœur rongé par amertume, l'avait appris à ses dépens.

La réalité vraie et crue ? Son choix lui avait retiré dès l'instant où l'homme d'affaires effronté, à l'insupportable arrogance, avait déboulé dans son bureau. L'agressivité dont elle avait preuve à son égard, La hargne de ses mots, n'avaient pas été feints. C'était le juste reflet de son état d'esprit. Maintenant la femme était plus que tiraillée. Terry crevait de regagner sa confiance, nul besoin d'ergoter. Avait-il conscience de ce qu'il lui demandait ? De l'effort, de l'abandon, qu'une telle requête exigeait ? En dépit du dilemme, le dédouaner prit le pas sur sa défiance. Envers lui. Envers elle surtout et ses réactions défiant les lois du bon sens. Et par réactions, Candy n'évoquait pas celles de son système hormonal anormalement tourneboulé. Ce serait bien trop simple à éluder. L'attraction physique était temporaire, un état d'excitation qui s'étiolait, de facto, au fil des rencontres sous les draps.

∞∞∞

Son diminutif expurgé dans un souffle.

Une petite main fébrile s'emparant de la sienne.

Subjugué, Terrence observa leurs doigts s'entremêler maladroitement. Son regard fouilla ensuite dans celui de l'exquise créature qui hantait ses nuits, parfois de la plus salace des manières. La suite du programme pourrait être si basique. L'attirer dans le creux de son giron. L'embrasser à lui faire perdre haleine et toute retenue. L'assurer qu'il n'avait jamais aimé quelqu'un d'autre comme il l'aimait.

Sauvagement.

Maladroitement.

Inconditionnellement.

Qu'importaient le temps, la distance, les malentendus, qui les avaient séparés. La protéger, la chérir, seraient des privilèges qu'il ne prendrait plus jamais comme acquis. Il ferait tout pour elle. Des serments qu'il ne verbalisa pas. Les conseils jusqu'à présent judicieux de son majordome flirtèrent à la lisière de son cerveau, lui ramenant un semblant de contrôle. Ses lèvres pulpeuses s'entrouvraient, formulant des mots auxquels il n'avait pas pris garde. Sa... distraction, inadmissible en un moment aussi crucial, le contraria.

― Tu n'as rien écouté, n'est-ce pas ?

Pas un reproche, juste un constat. Embarrassé, il se contenta d'opiner.

― Je te disais...

Exhalant longuement, Candice s'accorda le temps de tout reformuler correctement dans son esprit, l'assurant qu'il n'était absolument pas le « roi des cons ». Elle avait connu pire. La bourrade complice dont elle le gratifia ? Une vaine tentative d'alléger l'atmosphère ou le dérider, allez savoir.

― Je profite de ce moment pour te préciser de vive voix que tu as eu raison la dernière fois de forcer une explication entre nous, je ne l'aurais pas fait. Par fierté, je le reconnais. À présent que j'ai toutes les cartes en main, j'ai compris entre autres choses que tu n'avais pas cherché à me nuire, pas intentionnellement du moins, et... j-je ne t'en veux plus. Je... Enfin bref, j'accepte ton soutien avec joie, ta présence aussi. En tant qu'ami.

Ces rancœurs qui nous séparentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant