Chapitre 33 : "Vous faites une crise d'angoisse"

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"-Hmm... Carelle ? Quoi ? Je ne comprends rien... Pourquoi m'appelles-tu à 2h du matin ?"

Vilya, les yeux bouffis et fatigués, ne comprenaient rien à ce que Carelle, qui venait de l'appeler à 2h du matin, disait.

"-Calme toi. Prends ton temps et dis moi ce qui se passe.
-Je... J'ai tout dis à Félix. Mais il n... E... Ne m'a pas cru... Je n'ai pas dormi de... La nuit et je n'arrête pas... De... De pleurer...
-C'est impossible, pas Félix... Comment a-t-il pu te faire une chose pareille ? Où est ce que tu es actuellement ?
-Ça fait 2h que... Je suis sortie... En ville... Il n'est pas... Au courant...
-Hors de question que tu termines ta nuit comme ça ! Seule en plus ! Je viens de finir de m'habiller, attends moi, je viens te chercher pour te ramener chez moi ! Essaie de te mettre dans un endroit éclairé et non dangereux. J'arrive dans moins d'une demi-heure !
-Merci... Mais ne t'en... Fais pas... Je vais me débrouiller... Toute seule..."

Trop tard. Vilya avait raccroché. Carelle rangea son téléphone dans sa poche. Ses larmes coulaient sans cesse. Elle voyait les gens passer, elle voulait arrêter de pleurer, mais rien n'y faisait.

D'un coup, elle passa comme dans un état second. Le temps s'arrêta autour d'elle, une bulle se forma et la protégea de ce monde extérieur qu'elle ne parvenait plus à reconnaître. Son état ne s'améliorait pas.
Elle était triste, pleurait, mais semblait ne plus comprendre ce qui lui arrivait.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, Vilya était arrivée. Cette dernière, en voyant l'état de son amie, poussa un cri de frayeur :

"-Carelle !"

Les passants autour se tournèrent vers la jeune femme inquiète. Mais celle-ci ne les remarqua même pas : ses yeux fixaient sa collègue. Elle se mit alors à courir. Carelle s'était relevée. Arrivée à la hauteur de sa supérieure, Vilya s'arrêta un instant, afin de regarder son état.
D'un coup, elle la prit dans ses bras, d'une infinie douceur.

Carelle sentit que ce rapprochement la réconfortait, mais au fond d'elle, elle était toujours aussi mal et triste.

Mais ce fut également un déliement. Sa tristesse encore contenue sortit d'un coup. La présence de son amie, son soutien, la rassurait, et lui permettait de tout sortir contre son épaule.
Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, mais ses larmes se remirent à couler de plus belle.

Les deux femmes restèrent ainsi enlacées plusieurs minutes, le temps que Carelle se calme. Les larmes de cette dernières s'étaient presque arrêtées.

Soudain, elle ne put respirer. Ses yeux s'agrandirent de terreur. L'air ne voulait plus passer. Cela dura quelques secondes, jusqu'à qu'un hurlement de terreur retentisse : Carelle ne pouvait plus respirer. Vilya ne pouvait malheureusement rien faire. Elle tenta de calme son amie comme elle le pouvait :

"-Tout va bien, je suis avec toi... Ça va aller ne t'en fais pas..."

Les passants, alertés, commencèrent à se regroupe autour de la jeune femme.
Mais une d'entre eux se démarqua, et se posta devant les jeunes femmes :

"-Partez, laissez là respirer, il lui faut de l'air !"

Son ton autoritaire convainquit les passants, qui reprient leur chemin. La femme se tourna vers Carelle, qui venait de réussir à rependre un peu d'air.

"-Je suis médecin, je vais vous aider. Ce que vous faites est une crise d'angoisse. Vous avez des bouffées de chaleur, vous êtes terrifiée, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive, ça se voit. Mais rassurez-vous, vous n'allez pas mourir. Je vous le promet. Essayez de respirer avec moi."

Son ton calme permit à Carelle de reprendre ses esprits, et à respirer normalement. Quand elle eut finit, la femme lui dit :

"-Bien. J'espère que vous irez mieux. Votre amie veillera sur vous, j'en suis sûre. Voici ma carte, si jamais cela vous reprend, appelez-moi immédiatement. À n'importe quelle heure. Je vous recevrai dès que possible. Bonne fin de nuit, mesdemoiselles."

Et, sans plus d'informations, la femme était repartie.
Carelle, après sa crise d'angoisse, était vidée d'énergie.
Vilya la ramena chez elle en voiture. Et c'est en arrivant qu'elle remarqua que son amie s'était enfin endormie.

CarelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant