Carelle

Chapitre 5 : "Je vais me venger !"

Le lendemain après sa conversation avec Félix, lorsque Carelle arriva sur son lieu de travail, elle ne vit pas Aline. Étrange, elle qui était si matinale et venait tôt pour avoir le temps de faire tout son travail à l'heure.

Carelle n'y prêta pas plus attention que ça et continua sa couture pour ne pas prendre de retard en l'attendant. Mais alors qu'elle venait à peine de s'installer, la porte du bureau de M. Arewa s'ouvrit en grand et Aline en sortit, furibonde. Cette dernière s'approcha rapidement de la jeune femme et lui cria :

"Tu es allée te plaindre à M. Arewa que je t'obligeais à travailler tard ? Que je t'avais menti, que j'étais une menteuse ? Tu vas me le payer petite sotte ! À cause de toi je me suis pris un blâme !"

Carelle la regarda, choquée :

"Mais je t'assure Aline, ce n'est pas de mon plein gré que je lui ai dit ça, il m'a demandé et je lui ai simplement répondu sincèrement !"

Aline la toisa de la tête au pied :

"Tu crois peut-être qu'on va te croire ou te faire des faveurs parce que tu es nouvelle, mais ça ne se passera pas comme ça avec moi. Je vais me venger, petite insolente !"

La tension montait mais la nouvelle styliste se forçait de rester calme.

"C'est ma première semaine ici, et je ne pense pas mériter de faveur. Je prouverai ma valeur en travaillant dur comme tout le monde. Maintenant, tu pourrais te montrer plus gentille, et me guider un peu : comme ça, j'irai plus vite et je pourrai faire plus de travail."

Aline la regarda avec dégoût :

"Tu crois vraiment que j'ai du temps à te consacrer ? Hors de question."

Sur ce, elle se retourna et se remit à son croquis, sans parler à Carelle.

La semaine promettait d'être longue...

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Et enfin, ce fut le cas. Le travail était long et répétitif. Mais alors que la fin approchait et que c'était le dernier jour, M. Arewa les rassembla comme la dernière fois :

"Mesdemoiselles, Monsieur, je récupérerai vos ouvrages demain, à la première heure. J'espère qu'ils sont tous prêts, et que vous saurez m'épater. Je suis sûr qu'ils illumineront la scène lors du défilé ! Maintenant, allez vous reposez et reprendre des forces, car..."

Il s'interrompit et sortit une lettre de sa poche :

"...voici notre invitation pour le défilé d'Exint ! Notre remerciement pour notre rapidité à faire autant d'ouvrages en si peu de temps. Je vous félicite, tous autant que vous êtes. Maintenant, oust ! Allez prendre des forces !"

Ce fut la liesse générale. Tout le monde était excité et impatient : ils avaient obtenu une invitation au défilé le plus important d'Europe !

Mais alors que la joie était au cœur des discussions, Aline vint voir Carelle et dit à cette dernière :

"Bon, comme tu le sais, il nous reste un ouvrage à faire. Je te donne le croquis, et tu as intérêt à l'avoir terminé pour demain !"

Carelle fit les gros yeux :

"Mais Aline, pour que je puisse faire ça seule, il me faudrait toute la nuit ! Et M. Arewa nous a dit de nous reposer !"

Aline leva les yeux au ciel :

"Et bien je m'en fiche. Tu vas faire ça, tu avais qu'à venir plus tôt les jours précédents et finir tes journées plus tard. Maintenant, il faut que tu rattrapes ton retard. Tu ne voudrais quand même te prendre un blâme ?"

Carelle baissa les yeux et murmura :

"Oui, je suppose que tu as raison."

Aline ricana méchamment et lui donna le carnet où il y avait le croquis :

"Tu as intérêt à ce que ce soit parfait."

Et la nouvelle styliste la vit partir bras dessus-dessous avec les autres jeunes femmes du service. Elle retint ses genoux de s'effondrer et de la lâcher. Elle ne pouvait pas se le permettre. Pas maintenant. Carelle était exténuée mais il ne fallait pas que la fatigue la gagne.

Avec un regain d'énergie, la jeune femme sortit de son lieu de travail et une fois arrivée chez elle, se mit directement au travail.

Mais lorsqu'elle vit le croquis d'Aline, son entrain la quitta totalement. Sa collègue avait fait un croquis mal dessiné et fait à la va-vite.

Une idée vint alors lui traverser l'esprit : Carelle allait enfin avoir l'occasion de prouver sa valeur.