Paloma - Cry me a river

Mythooooooo!!!!!!!

Cette histoire est une histoire vraie.

 

Ugo était un grand « mytho ».

Mais à force d’en rajouter, de peaufiner chaque détail pour rendre ses histoires plus crédibles, il se trahissait.
Ce sont justement ces détails, ces incohérences cachées dans l’excès, qui finissaient par le faire tomber.
Chaque histoire qu’il inventait devenait un moyen d’exercer un contrôle, un moyen de séduire, de manipuler les autres.
Ses mensonges étaient destinés à faire sa victime, gagner la pitié des gens pour bien les arnaquer, et, se retourner violemment contre eux, par la suite.

Ce soir, il était jouait à un jeu en ligne avec Paloma.
Tout se passait bien.
Mais soudainement, il eut une envie de la voir plus tard dans la soirée.
Cependant, il savait pertinemment qu’à cette heure, ce n’était pas possible car Nadia ne le permettrait pas, et surtout, que le lendemain, elle avait cours.
Il fallait absolument trouver une feinte pour la voir.

Son imagination machiavélique commença à se développer.
Il menait une vie de désœuvré,  pas de cadre, pas de limites, pas de travail, pas de perspectives.
Il passait son temps ,et ça, il en avait; à réfléchir à trouver des combines pour arnaquer les gens.

Pendant une bonne heure, Paloma quitta la partie et se concentra sur ses devoirs.
Soudain, un nouveau message fit irruption sur son écran.

Le ton, cette fois, avait radicalement changé, il prit une voix travaillée et solennelle :

Ugo : « Je suis à l’hôpital, j’ai eu un accident de scooter. »

Ces mots, simples et brutaux, percutèrent Paloma de plein fouet.

Son cœur fit un bond.

Le jeu, ses pensées, tout s’effaça d’un coup pour ne laisser place qu’à une vague d’inquiétude. Elle se tourna instinctivement vers sa mère, Nadia, incapable de gérer seule cette nouvelle angoissante.

Ses mains tremblaient en composant le numéro de téléphone, et lorsque Nadia décrocha, la voix de Paloma était brisée, presque implorante :

Paloma : « Maman, viens tout de suite ! Ugo est à l’hôpital, il a eu un accident ! »

 
Nadia, d’une voix posée, tenta de la rassurer sans pour autant la brusquer.
Elle connaissait sa fille, sa sensibilité, et cet attachement éclair qu’elle avait développé pour Ugo. Et elle se méfiait de cet homme.

 

Nadia (pensant) : « Il n’a qu’à appeler ses parents, ses grand-mères, son frère. »

Nadia : « D'accord, j’arrive ma chérie. Mais... tu ne trouves pas ça un peu étrange qu’il te dise ça aussi soudainement ? Tu jouais avec lui au téléphone, il y a une heure à peine… »

 
Paloma, aveuglée par ses sentiments pour Ugo, balaya cette suggestion d’un revers de la main.

Paloma : « Non, non, il doit être gravement blessé, il n’a pas eu le temps de tout m'expliquer. »

Quelques instants plus tard, elles étaient déjà en route pour l’hôpital.
Le trajet se fit dans un silence tendu.
Paloma fixait son téléphone, espérant un autre message, une confirmation qu’Ugo allait bien, qu'il était entre de bonnes mains. Mais rien ne vint.
Nadia, quant à elle, fronçait les sourcils, visiblement mécontente, mais sans un mot.

En arrivant sur place, Paloma se précipita hors du véhicule, scrutant l’entrée de l’hôpital.
Et là, à quelques mètres de la porte, elle aperçut Ugo.
Il n’était pas allongé sur une civière, ni soutenu par un brancard.
Non.
Il était debout, une clope à la main, marchant calmement de long en large, comme s’il attendait la fin d’un rendez-vous médical de routine ou « Nadia et Paloma ».
Le choc de cette vision arrêta Paloma net.
L'image qu’elle s’était faite d’Ugo, gravement blessé, se brisa en mille morceaux.
Lentement, elle s’approcha de lui, la voix tremblante d’incrédulité.