« C'était lui, lui plusieurs décennies en arrière. Tom se crut dans un délire. Se voyant plus jeune, l'air sombre et le visage tellement fermé. Mais il vit ses yeux. Ces yeux. Ce vert profond, aussi sombres que les feuilles qui l'avaient encerclé, q...
« I'm lost and I don't know Where I am, what I do You're just a little girl I'm just lost in your world »
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Le bruit, trop sonore, de la pendule au coin de la pièce ne semblait absolument pas troubler la famille qui mangeait dans un silence relatif, seulement interrompu par les pages tournées des trois journaux, la cuillère du père frappant trop fort sa tasse, le fils cassant la coque de son troisième œuf dur, du beurre tartiné par la mère. Contrairement à ses connaissances, elle ne copiait pas les femmes de l'aristocratie en déjeunant dans sa chambre. Enfin, plus depuis que son Tommy était rentré de Londres.
Tom Riddle était le fils unique de Thomas et Mary Riddle, des notables riches et respectés. Son père, Thomas, avait servi durant la grande guerre, un fier Tommy salué pour sa bravoure, pour les vies qu'il avait sauvées dans les tranchés. Il était un modèle pour Tom, si bien qu'il était déçu de ne pas pouvoir suivre son exemple, que ses années prestigieuses à l'Académie royale militaire de Sandhurst ne lui soient aussi utiles que du vent.
Sa casquette de sous-lieutenant avait vite été troquée pour la robe d'avocat. Ses rêves de médailles sur sa poitrine troqués contre un futur siège à la chambre des communes. Le véritable problème était que Little Hangleton paraissait tellement dérisoire, ne délivrant pas une influence assez large. Tom avait besoin de plus qu'une robe, qu'un grade vide de sens, et qu'une petite ville vite oubliable. Quand il fermait les yeux, Tom rêvait d'ascension sociale. Il avait besoin d'une belle fiancée et surtout du joli nom qui allait avec. Ses enfants devraient au moins être les petits-fils d'un comte.
Le seul sujet qui divisait père et fils était la politique. Thomas était un fervent conservateur, méprisant ardemment toute opinion autre sur le bien qu'il était à prescrire à la Grande-Bretagne, crachant sur tous ceux qui se disaient indépendantiste. La pire espèce avait-il toujours dit à son fils. Tom avait cru que son père allait le tuer à grand coup de tisonnier quand il avait appris son adhésion au parti travailliste, demandant encore et encore à Dieu ce qu'il avait bien pu rater dans son éducation. Tom était un ardant défenseur de la nationalisation, plus attaché au pays qu'au roi, il n'aimait rien plus que les Anglais. Probablement à l'excès. Thomas pensait qu'il s'agissait probablement d'une fièvre londonienne qui passerait, comme son goût prononcé pour les filles du 15th Green Street. Les études n'avaient apparemment pas appris les bonnes mœurs à son fils, et encore moins la discrétion.
[...]
Leur père était absent, parti acheter des herbes spéciales, une nouvelle cape pour elle, un nouveau couteau pour lui. Ici, dans la cuisine de leur humble demeure, ne raisonnaient que les bruits qu'elle générait en faisant à manger. Lui, demeurait sur le fauteuil près du feu, tenant avec beaucoup trop de force les accoudoirs, abîmant un peu plus le cuir si cela était possible. En fait, le vent était beaucoup plus bavard que les deux frère et sœur. Murmurait-il déjà à Mérope ce qui l'attendrait bientôt ? Lui disait-il de se presser de nourrir Morfin, pour plus vite rejoindre la forêt ? Lui décrivait-il déjà ses cheveux, ses yeux, ses mains ?