Inaya
Je sors de l'amphithéâtre, le bruit des discussions des autres étudiants résonnant encore dans ma tête. La faculté de sciences politiques me fascine, mais aujourd'hui, je ne peux pas me concentrer. Mon esprit est ailleurs, prisonnier de cette vie que je ne choisis pas. Je me fraye un chemin à travers les couloirs, évitant les groupes de camarades qui parlent de projets ou de soirées.
En prenant le chemin du retour, je sens le poids de mes pensées s'alourdir. Mes cheveux noirs, lisses et brillants, tombent en cascade sur mes épaules. Aujourd'hui, je me suis habillée de manière très élégante et chic : une jupe à carreaux noir et blanc, qui se marie parfaitement avec un pull noir en cachemire, ajusté et raffiné. Mes escarpins vernis ajoutent une touche de sophistication à ma silhouette. Ma peau mate semble s'illuminer sous les lumières artificielles de la ville, tandis que mes yeux marron, profonds et pleins de curiosité, cherchent désespérément une échappatoire à la monotonie de mon quotidien.
Enfin, j'arrive devant la porte de notre appartement. Situé au dernier étage d'un immeuble haussmannien, il respire le luxe et l'élégance. La vue sur la Seine est à couper le souffle, et les murs sont ornés d'œuvres d'art choisies avec soin par ma mère, conseillère politique respectée dans un cabinet influent. Mon père, directeur d'une grande entreprise, travaille sans relâche pour assurer notre train de vie. Ils gagnent tous deux très bien leur vie, ce qui nous offre des privilèges que je ne peux ignorer.
Je pousse la porte, et une fois à l'intérieur, l'odeur des fleurs que ma mère a choisies pour décorer l'entrée me rappelle que je suis encore ici, coincée entre les attentes de ma famille et mes désirs inavoués. Avec mes quatre grands frères - Hassan, 30 ans, Amir, 28 ans, Zayn, 25 ans, et Hamza, 22 ans - je suis la benjamine, la petite sœur gâtée, mais cela n'allège pas le poids de leurs attentes sur mes épaules. Je retire mon manteau, laissant tomber mes préoccupations avec lui.
Je me regarde dans le miroir du hall. Qui suis-je vraiment ? La fille parfaite que tout le monde attend, ou celle qui rêve de fuir cette vie bien ordonnée ? Je soupire en me passant une main dans les cheveux, les mots de mes professeurs flottant encore dans ma tête. Je suis plus que ce que je laisse paraître, mais personne ne semble le voir...
Quelque heures plus tard...
Je me joins à ma famille autour de la grande table en bois, la nappe immaculée reflétant les lumières tamisées. Mes quatre grands frères sont déjà là, discutant et plaisantant ensemble. Je m'assois en silence, observant leurs visages familiers, leurs rires résonnant dans la pièce. L'odeur des plats mijotés emplit l'air, mais je me sens à l'écart, un peu perdue dans mes pensées.
Je commence à manger, le bruit des couverts masquant mes réflexions. Mon père, Ibrahim, me regarde de temps en temps tout en mangeant dans son assiette, l'air sérieux. « Inaya, comment ça se passe à l'université ? » demande-t-il, sa voix grave laissant transparaître son autorité.
Tous les regards se tournent vers moi, l'attention des hommes de la famille pesant sur mes épaules. Je me contente de répondre, feignant la légèreté. « Ça va, j'ai de très bonnes notes. » Mes mots semblent flotter dans l'air, comme une tentative de prouver que je suis à la hauteur de leurs attentes.
« De très bonnes notes ? » répète Hassan avec un sourire narquois. « Tu sais que les profs doivent avoir pitié de toi, non ? Sinon, je ne vois pas comment tu pourrais t'en sortir. Tu dois leur faire des promesses ou quoi ? » Il éclate de rire, et mes autres frères se joignent à lui, amusés.
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L'amour dans l'ombre du mal
General FictionInaya, une jeune femme saoudienne d'une famille bourgeoise du 16e arrondissement de Paris, rencontre Nasser, un trafiquant de drogue d'origine marocaine, issu d'un milieu défavorisé. Follement amoureuse, elle est déterminée à le tirer de ce monde da...