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Nasser

Appartement
22h30

Je suis assis sur le vieux canapé défoncé de mon appartement miteux à Paris, un endroit que je ne reconnais plus comme chez moi. Les murs, couverts de graffitis et de fissures, semblent se refermer sur moi, me rappelant chaque jour à quel point j'ai déçu ma mère. Elle n'aurait jamais voulu que je finisse ici. La dernière fois que je l'ai vue vivante, son visage était marqué par la douleur, mais je n'étais qu'un enfant, incapable de comprendre la cruauté du monde qui m'entourait.

Ma mère est morte, et c'est à cause de lui, de cet homme qui prétendait être mon père. Un homme que je hais plus que tout. Alcoolique, il n'a jamais été qu'une ombre de l'homme qu'il aurait pu être. À cause de sa violence, j'ai perdu tout ce qui comptait. Je suis maintenant fils unique, héritier d'une tragédie, sans personne pour partager mon fardeau.

Il est en prison, et je me demande souvent si je devrais ressentir de la tristesse ou de la colère. Je devrais être en colère, mais la colère s'est transformée en résignation. Je suis tombé dans la délinquance après la mort de ma mère, cherchant des échappatoires dans des actes répréhensibles. À 19 ans, mon chemin a pris un tournant décisif lorsque j'ai été incarcéré. C'est là que tout a changé pour moi, me laissant sur une voie sombre que je ne parvenais pas à comprendre.

Dans mon appartement, un secret obscur se cache derrière la façade de ma vie. Au fond de l'armoire de ma chambre, dissimulée parmi des vêtements usés, se trouve ma véritable réalité : des paquets de drogue, des armes et de l'argent sale, le fruit de mes activités illégales. Chaque fois que je regarde cet endroit, je ressens une montée d'adrénaline, un mélange de force et de pouvoir. C'est là que je stocke tout ce qui me permet de survivre dans ce monde impitoyable.

Je passe mes journées à errer dans ce quartier défavorisé, entouré de souvenirs qui s'accrochent à moi comme des fantômes. J'essaie de faire face à la douleur en me plongeant dans le sport. Soulever des poids, faire des tractions... Cela m'aide à libérer la rage qui brûle en moi. C'est mon moyen d'évasion, ma façon de me sentir vivant dans ce monde qui me dévore lentement.

Mais ce soir, quelque chose m'attire dehors. Je suis prêt à quitter cet appartement, cette prison de souvenirs. Je sors dans la rue, l'air frais me frappe le visage. Les lumières vacillantes des réverbères créent des ombres qui dansent autour de moi. Je me dirige vers le coin où traînent les dealers, ces visages familiers de la rue qui sont devenus mes compagnons. J'en ai besoin ce soir, d'oublier, de me perdre dans un monde où la douleur s'efface.

Au Quartier
Les murmures des transactions se mêlent au bruit de la ville, et je trouve rapidement un groupe de gars que je connais. Ils me regardent avec un mélange de méfiance et de respect, conscients de ma réputation. Je fais un signe de tête, et l'un d'eux s'approche, un sourire en coin. Je sais pourquoi je suis là, et je sais ce que je veux.

- Qu'est-ce que tu veux, Nasser ? me demande-t-il en sortant un petit sachet de sa poche.

- Ce que tu as, réponds-je, ma voix rauque. J'ai besoin de quelque chose ce soir.

Je paye et prends le sachet, le cœur battant plus vite à chaque seconde. Une fois la transaction faite, je m'éloigne un peu, cherchant un endroit isolé où je peux me retrouver seul avec mes pensées et mes démons. J'ouvre le sachet, et je sens une montée d'adrénaline. Cela me permet de m'échapper, même si ce n'est que temporairement.

Je retourne chez moi, une nouvelle détermination me pousse en avant. Peut-être qu'aujourd'hui, quelque chose changera. Peut-être que ce soir, je rencontrerai quelqu'un qui me fera oublier, même pour un instant, la douleur de mon passé.

L'amour dans l'ombre du mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant