0. prologue

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14h15, 8 août 1963 

L'appartement est relativement calme aujourd'hui. 

Mais je sais que le calme sera de courte durée. Il disparaitra dès que mon part aura franchi la porte de notre petit appartement occupé par ce dernier, mes deux petits frères et moi-même.

Il fait beau aujourd'hui. Les rayons du soleil reflètent à l'intérieur de ma petite chambre qui me parait l'habitude si sombre. Seulement assez grande pour accueillir un lit une place en bois, ainsi qu'un petit bureau et une armoire en bois également.

Mais ces vacances d'été ont un gout différent. A la rentrée, je n'aurais peut-être pas d'école. La mienne a brûlé au mois d'avril dernier. Mon année de seconde a pris fin brutalement lorsque les flammes ont emporté le lycée pour filles de St Jean. 

Assise sur mon lit, le dos contre le cadre, je lève les yeux de mon bouquin pour les poser sur mon poignet où est enroulé ma montre. Mon père ne devrait vraiment plus tarder à rentrer du travail. 

Au même moment, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. L'appartement est suffisant petit pour entendre le moindre craquement de chacune des pièces. J'ai la chance d'occuper une chambre seule. Charles et Laurent, mes petits frères, occupent la même chambre, presque aussi grande que la mienne. 

C'est à dire minuscule. 

Mon père, lui, occupe le canapé. Le point positif c'est que lorsqu'il est bourré, c'est à dire tous les soirs, il n'a pas besoin d'aller bien loin et peut directement s'endormir. La plupart du temps, verre et cigarettes entre les doigts. 

J'entends mes petits frères salué mon père. Pas de réponses. Il a encore l'air de bonne humeur aujourd'hui. Parfois, je ne les comprends pas. Il continue à être gentil avec lui avec tout le mal qu'il leur fait... 

Qu'il nous fait... Mais comment leur en vouloir ? Ils sont si jeunes... 

Je l'entends ouvrir le frigo, sûrement pour en sortir une bière ou un autre type d'alcool auquel il va se défoncer la gueule toutes l'après-midi. Et quand il boit directement en rentrant de son travail, c'est qu'il a passé une journée de merde et qu'il va se venger sur l'un d'entre nous .Mes frères, seulement âgée de 7 et 9 ans, aiment leur père et malgré la violence, continue à l'aimer et à passer au-dessus. 

Moi, ça fait bien longtemps que j'ai arrêté.

Je me lève de mon lit alors que je l'entends claquer les portes du placard et poussé des jurons. Je passe le pallier de ma chambre et traversent le minuscule couloir avant de pénétrer dans le séjour. 

Charles, mon plus petit frère saute du canapé et me chuchote :

 - "Papa est encore super énervé..." 

Je le rassure et c'est à ce moment-là que mon père sort de la cuisine et plante ses yeux vitreux dans les miens.

"Retourne jouer avec Laurent, ok ?", je dis à mon frère en faisant passer mes yeux de lui à mon père. 

Il m'écoute et retourne sur le canapé prés de Laurent, mon autre frère qui a pris l'habitude de ne pas parler à mon père quand il déduit que ce n'est pas le moment. 

- "T'as du courrier.", la voix de mon père claque dans l'appartement. 

Je me résous à le regarder complétement, assis au bout de sa table, le corps las. Je remarque qu'il tient une enveloppe entre ces doigts avant qu'il la fasse glisser sur la table. Il continue de me regarder avec cet air mauvais. Je m'approche et attrape la lettre et mon corps se fige lorsque mes yeux se posent sur l'inscription. 

♣  𝑺tand by me - Jean-Pierre MagnanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant