1. chapitre 1

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7h30, 1er septembre 1963, St Jean


Dans notre société, la mixité est un sujet qui soulève un débat. Notamment, concernant la scolarité.

Il y a deux camps.

Ceux qui pensent que les filles représentent une distraction pour les garçons.

Et ceux qui pensent qu'être entourés de filles les rendraient "moins brutes".

Personnellement, je ne suis d'accord avec aucun des deux. Les filles devraient tout simplement être libre d'étudier sans se soucier du regard et des avis des garçons autours.

Ils seront confrontés à des filles, et plus tard des femmes, pendant toutes leur vie.

Autant qu'ils commencent à s'habituer.

Ce serait mentir si je dis que je ne suis pas en stress actuellement. Ça doit faire une bonne dizaine de minutes que je suis devant le petit miroir de la salle de bain, les mains posés sur le rebord du lavabo à regarder mon reflet.

Et je fais peine à voir. Des cernes violacés creusent le dessous de mes yeux ne faisant qu'accentuer le brun de ces derniers déjà suffisamment sombre à mon goût.

Je n'ai pratiquement pas fermé l'œil de la nuit. J'étais beaucoup trop angoissée pour m'endormir.

Qui ne le serait pas à ma place ?

Faire ma rentrée dans un lycée regroupant une centaine d'élèves qui sont en plus de ça tous des garçons.

Serais-je la seule fille ?

Est-ce que je vais être accepté ?

Est-ce que je serais encore la meilleure de ma classe ?

Voici le genre de questions qui ont défilés et qui défilent encore dans ma tête.

Je me décide finalement à m'apprêter en vitesse.

Je rabats mes longs cheveux brun en une queue de cheval basse que j'attache à l'aide d'un ruban en satin blanc. Je n'oublie pas de laisser en sortir deux mèches qui retombe de chaque côté de mon visage.

Cette coiffure est ma marque de fabrique. Simple, rapide et efficace.

A vrai dire, je n'ai pas le courage de faire plus.

Je retourne dans ma chambre puis m'assoit sur mon lit afin d'enfiler mes bas couleur chair et m'habille d'une simple jupe noire en coton ainsi qu'une chemise blanche à manche courte que je prends soin de rentrer dans ma jupe.

Je finis par enrouler ma montre autour de mon poignet. Mes yeux se posent sur le cadran et j'ai un petit coup de stresse quand je vois qu'il est déjà 7h55.

J'enfile rapidement mes ballerines à talons noirs, attrape mon sac, puis trottine vers le séjour.

-"Vous êtes prêts les gars ?", je demande à mes petits frères en débarquant dans le salon.

Je suis rassurée lorsque je les vois en train de mettre leurs chaussures. Ils ont toujours été très autonome. Ils n'ont pas eu le choix malheureusement.

J'essaye d'être au maximum là pour eux mais je n'ai pas toujours le temps et parfois je culpabilise. Ils ne peuvent compter que sur moi et je le sais.

Mon père est déjà parti au travail depuis 2h environ. Il bosse dans une usine de la ville et fait souvent des horaires de merde. Ça lui arrive même de travailler de nuit parfois.

♣  𝑺tand by me - Jean-Pierre MagnanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant