Les garçons marchent juste devant moi alors que nous avançons dans les couloirs vers notre salle de classe. J'ai délibérément attendu qu'ils partent tous avant moi afin de pouvoir être tout derrière et ne pas me sentir épiée.
Mais même devant moi, ça ne les empêche pas de se retourner tout en continuant de me lancer des regards. Je fais mine de rien remarquer, je garde les yeux rivés vers le sol encore une fois.
Arrivés à la salle de classe, tout le monde rentrent et s'installent. En rentrant, je me fige un instant, cherchant où il reste une place de libre. Et heureusement pour moi que les deux places du premier rang côté fenêtre le sont. Je ne perds pas une seconde et m'assois sur la chaise côté allée et dépose mes fournitures sur le bureau en bois. Je tente de me faire la plus petite possible et de ne pas me faire remarquer.
Les garçons rigolent entre eux et le brouhaha prends rapidement fin quand la voix de notre professeur principal résonne dans la salle. Il rappelle tout le monde à l'ordre et ordonne à tout le monde de se taire. Les rires se dissipent et le professeur se présente.
Il se nomme Mr Douillard et pour mon plus grand plaisir, il ne fait aucune remarque sur ma présence et fait comme si je n'étais pas là. Et ça m'arrange grandement.
Il nous présente rapidement le programme de cette année.
-"Maintenant que vous savez tous, on ne va pas perdre une seconde et commencer dès maintenant. L'année passe vite donc il ne faut pas trainer. Ouvrez tous vos manuels à la page 60 et en silence !"
Tout le monde s'exécute et je fais de même. Je n'ai jamais trop aimé le latin, je me débrouillais plutôt pas mal dans mon ancien lycée mais je me suis toujours demandé quel était l'intérêt d'étudier une langue morte... ?
Les coudes posés sur la table, j'essaie difficilement de me concentrer sur ce que le prof écrit sur le tableau noir devant moi et c'est à ce moment-là que je regrette presque directement d'avoir si peu dormi cette nuit. Mais la fatigue n'est pas la seule à tenter de me déconcentrer de Mr Douillard.
Alors que le début du cours avait fait cesser les regards et les messes basses, je me sens actuellement de nouveau observée. Et je ressens que ce regard vient de quelqu'un assis dans l'allée juste à côté de la mienne.
J'ose finalement pivoter légèrement ma tête et analyse discrètement les garçons se trouvant dans cette allée et mes yeux se stoppent net au troisième rang lorsqu'ils se posent sur ce certain Jean-Pierre qui m'a littéralement fusillé du regard tout à l'heure lors de l'appel.
Mes yeux bruns restent de nouveau figés sur son visage qui regarde droit vers le prof, ayant l'air parfaitement attentif à tout ce qu'il dit.
Et je ne sais pas si lui aussi s'est senti observé, mais comme machinalement, ses yeux verts se plantent dans le miens comme s'il savait déjà très bien qui le regardait.
Moi, en l'occurrence.
Prise en flagrant délit, mes yeux s'entrouvrent légèrement. Honteuse, je décide de rompre immédiatement ce contact visuel mais le temps que je reprenne mes esprits et que ma tête pivote de nouveau vers le professeur, je crois voir la naissance d'un petit sourire narquois étiré ses lèvres.
Non...Non...Non !
Qu'est-ce qu'il va s'imaginer maintenant ? Que j'étais en train de le mater ?
Je suis prise d'une bouffée de chaleur dû à la gêne et la honte qui s'accumule en moi.
La honte, putain !
Dès le premier jour...Sérieusement ?
Qu'est-ce qu'il va allait raconter à tous ses amis maintenant ? Que la petite nouvelle le dévisage dès la première heure de cours ?
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♣ 𝑺tand by me - Jean-Pierre Magnan
Fiksi PenggemarSeptembre 1963 : C'est la rentrée au lycée français Voltaire à St-Jean. Cette année est spéciale ; Le lycée accueille 12 jeunes filles parmi les garçons. 11 d'entres elles intégreront les classes de seconde. La dernière, Aline Weber, sera la seule...