Restaurée

Chapitre 9 : Compromise

Un mois s'est écoulé depuis ma première sortie avec Carter. Depuis, nous sommes devenus beaucoup, beaucoup plus proches. On se téléphone chaque soir et chaque fois qu'on se voit à la Leader School, il y a des étincelles.

J'ai encore en mémoire notre premier baiser.

C'était un dimanche après-midi. Comme d'habitude, ce jour, moi et quelques membres de l'association assistions à notre traditionnel « culte entrepreneurial ». Alors que l'orateur nous entretenait sur la place de la spiritualité dans le business, Carter et moi échangions des regards enflammés.

A la fin de la conférence, tandis que les autres membres quittent progressivement le siège, nous nous installons dans le coworking. Il doit m'aider à monter des vidéos. Mais nous avons du mal à nous concentrer. Il me chuchote des mots doux de sa voix suave. Il me caresse le bras, le dos, la nuque. Ça me donne des frissons.

Je me lève pour prendre des affaires dans mon sac. Mais ce n'est qu'un prétexte pour prendre de l'air. Malheureusement, il ne me laisse pas faire. Il me suit, je sens son souffle chaud derrière moi. Je sais que je suis perdue.

Il me retourne, me caresse la joue, je cou, le bras. Alors que je frissonne de désir, il relève mon menton et nos lèvres se rejoignent. Le temps s'arrête et plus rien ne compte, même pas Arold. Je n'ai qu'une seule envie, que ce baiser ne s'arrête jamais.

Pourtant, lorsque les lèvres de Carter quittent les miennes, je tremble de culpabilité. Il ne sait pas que je suis en couple. Il perd son temps avec moi. Il est temps de lui dire la vérité. Mais je ne peux pas.

La sonnerie de mon téléphone me ramène brusquement à la réalité. Quand on parle du loup !

- Allô ?

- Oui, ça va ma belle ?

- Je vais bien Carter, et toi ?

- Tu me manques trop. Je n'arrête pas de penser à toi. Quand est-ce qu'on se revoit ?

- Je ne sais pas. Propose.

- Très bien, mais cette fois, je veux que ce soit juste toi et moi. Tous nos messages m'ont donnés des idées.

Je laisse échapper un rire nerveux. C'est vrai que nos messages sont de plus en plus voluptueux. Le genre de message que j'échangeais avec Arold au début de notre relation. Mais avec Carter, c'est beaucoup plus fort. J'ai tellement envie de lui. Je laisse mon corps me dominer et je dis :

- D'accord. On peut faire ça un week-end. Je suis généralement libre.

- D'accord. J'ai trop hâte. Lance-t-il.

Après avoir raccroché, je m'allonge et continue de rêvasser à notre prochain rendez-vous. Je laisse la voix du pêché me tenter.

« Au diable mes inquiétudes ma belle. De toute façon Arold est dans une autre ville, il ne le saura jamais.

Et puis, ce serait dommage de me marier sans avoir goûté à autre chose, non ? Tu n'as qu'une seule vie. Tu es jeune. Profites en pour faire des folies de ton corps. Ça ne veut pas dire que tu n'aimes pas ton fiancé».

Alors que je m'enfonce de plus en plus dans les tentations de la chair, je ne vois même pas que l'amour de ma vie m'échappe.

***

« Je suis enceinte. »

Il avait fallu trois mots pour changer radicalement le cours de ma vie. Une semaine déjà que Suzy m'avait annoncé la nouvelle et j'étais toujours aussi euphorique. La femme de mes rêves portait mon enfant.

Ce soir j'avais rendez-vous chez la famille de Suzy. Comme la tradition l'exige chez nous, il fallait que je me présente auprès de ses parents et que j'assume la paternité.

Alors que je suis sur la route qui me mène vers mon destin, je ne peux m'empêcher de ressentir de l'inquiétude. Même si la venue de ce bébé, mon bébé me comble, je n'ai toujours rien dit à celle qui sera bientôt mon ex.

« Comment rompre plus de 5 ans de relation ? Aide-moi »

Dring.

La sonnerie de mon téléphone interrompt le cours de mes pensées. C'est Ange. Même si j'ai ignoré ses 5 précédents appels, je ne peux prendre celui-ci. Je n'ai pas le courage de l'affronter. Je lui dirai que je me suis fait agresser quand on se verra.

***

« Mais où est-il bon sang ? »

J'en ai de plus en plus marre de l'attitude d'Arold. Cela fait plus d'un mois qu'il est distant, il ne me dit rien. Si je n'appelle pas, il ne me fait pas signe. Et maintenant, il ignore mes appels. A cette allure ci, ce mariage n'aura jamais lieu.

Je ne peux pas épouser un homme qui me cause tellement d'inquiétude que je ne peux plus me concentrer sur mon business.

En parlant de business, je suis de plus en plus perdue. J'ai vraiment du mal à définir la trajectoire à donner à mon projet. A chaque conversation avec le Dr. Paul, je réalise que je ne suis pas aussi fameuse que je le pensais. Je ne sais plus quoi faire.

Je demanderai bien conseil à Arold, mais il s'en fiche complètement. Tout ce qu'il l'intéresse, c'est lui et son nouvel emploi. Il ne parle pas des préparatifs du mariage et apparemment la liste de la dote lui sert juste de décoration.

Je n'en peux vraiment plus de lui. Si au moins je savais où il était ce soir. Mais même son abruti d'ami ne prend pas mes appels. Je pourrai bien appeler sa mère mais avec ses problèmes de tension, je ne voudrai pas l'inquiéter.

En rangeant mon téléphone, je décide de prendre mon mal en patience et d'attendre. Je vais me laver le visage et troquer ma robe pour un pyjama confortable. Pour me détendre, j'essaie de visualiser mon rendez-vous de demain avec Carter. Une chaleur douce monte alors dans le creux de mon ventre. Les fruits défendus ont toujours l'air exquis avant qu'on ne les croque.