(Nouvelle Histoire) ROSALÍA - AMOUR DANGEREUX

Dans les ombres de la nuit

ROSALÍA

La ville est plongée dans une nuit noire et sans étoiles. Les rues sont vides, à l'exception des lumières froides des réverbères. C'est un lieu où les rêves vont se briser, où les espoirs sont étouffés sous les pieds de la réalité cruelle. Et c'est là que je suis, seule et vulnérable, avec seulement mon verre de whisky pour me consoler.

Je me tiens debout dans la foule encombrée de la boîte de nuit, les lasers balayent la piste de danse. Les gens en sortent, les yeux fatigués, les vêtements défaits.

Des couples serrés dans des étreintes passionnées, des groupes de jeunes qui rient bruyamment. J'ai besoin d'un moment de distraction, de fuir mes pensées. Mais dans cette foule, je me sens seule, délaissée.

Un homme que j'avais aperçu à l'entrée de la boîte, en début de soirée, se rapproche du bar dans lequel je suis installée. Il a un verre de bière à la main et les yeux fixés sur moi. Je me retourne et balaie la pièce du regard à la recherche d'une autre personne que moi qu'il pourrait être entrain de regarder. Et je n'en trouve pas.

Malgré toutes les places libres sur le bar, c'est la place à côté de moi qu'il choisit de prendre.
Je relève le regard sur sa silhouette.
Il a les cheveux noirs, les yeux aussi sombres que des abysses et la peau pâle. Il est vêtu d'un costume noir dont la veste est manquante.

On dirait qu'il sort du travail.

Les muscles de ses bras sont visibles sous la lumière des lasers et les boutons de son gilet de costume sont déboutonnés. Je remonte mon regard sur l'homme et prend plus de temps à observer son visage cette fois.

Il n'a pas l'air sous l'emprise de l'alcool malgré le verre de bierre qu'il sert dans sa main. Ses yeux ne laissent entrevoir aucune trace de fatigue et pas une seule émotion. Son nez est fin, ses joues sont pâles et sa mâchoire est carrée et bien dessinée.

Je rive mon regard sur ses lèvres, rosées et légèrement pincées. Soudain, un sourire en coin apparaît sur ses lèvres. Je sors de mon observation et essaye de me détourner, mais mon regard est captivé par le sien.

Il me scrute silencieusement, un air enjoué sur le visage. Je sens le rouge monter à mes joues. Pour éviter qu'il ne le remarque, j'avale une gorgée de ma boisson. Je l'ai fait un petit trop rapidement car je me mets à toussoter.

Je pose rapidement mon verre, espérant calmer ma gorge irritée. L'homme me fixe toujours, son sourire s'élargissant légèrement, comme s'il trouvait ma réaction amusante. Son assurance m'irrite un peu, mais je n'arrive pas à détourner les yeux.

- Vous allez bien ? demande-t-il d'une voix profonde, légèrement rauque.

Je hoche la tête, incapable de répondre immédiatement, essayant de reprendre mon souffle. La chaleur qui monte dans mes joues ne m'aide pas à retrouver ma contenance.

-C'est du whisky, non ? Il pointe mon verre du menton. Pas trop fort pour vous ?

Je fronce les sourcils, piquée par sa remarque. - Je gère très bien, merci. La réplique sort plus sèchement que je ne l'avais prévu.

Il éclate de rire, un rire bas et contenu, et mon irritation grandit, mais aussi quelque chose d'autre... une étrange attirance que je ne comprends pas encore.

-Je n'en doute pas. Il prend une gorgée de sa bière sans me quitter des yeux. Je m'appelle Angelo, et vous ?

Je pourrais l'ignorer, mais il y a quelque chose chez lui, quelque chose de magnétique. - Rosalía. Mon propre nom me paraît étrange dans ma bouche, comme si je l'avais oublié.

-Rosalía, répète-t-il lentement, savourant chaque syllabe. C'est un joli nom.

Un silence s'installe, lourd, presque étouffant. J'ai envie de m'échapper, mais en même temps, je me sens clouée sur place, piégée par ce regard noir qui semble voir à travers moi.

-Tu sembles être une habituée des lieux, dit-il, brisant le silence. Il ne me demande pas, il constate.

Je secoue la tête.
-Pas vraiment. Je ne sors pas souvent... juste ce soir, pour... Ma voix se brise, les souvenirs de ce que je fuis remontant brusquement à la surface.

Il incline légèrement la tête, ses yeux toujours fixés sur moi. - Pour quoi ?

Mon cœur bat plus vite. Devrais-je vraiment parler à cet inconnu de ce que j'essaye de fuir ? Non. Il ne doit rien savoir. Personne ne doit savoir.

-Rien d'important. Je détourne le regard, cherchant à éviter cette discussion. Et toi ? Pour une raison particulière ?

Il sourit, mais c'est un sourire qui ne touche pas ses yeux. « Peut-être. Ou peut-être que je suis là simplement pour observer.

-Observer ? Mon regard retourne au sien, intriguée malgré moi. Observer quoi ?

Il ne répond pas tout de suite, prenant une gorgée de sa bière, comme pour savourer l'instant.
-Des gens. Les choix qu'ils font, les raisons pour lesquelles ils sont ici. Toi, par exemple...

Je ressens un frisson.
-Moi ?

-Oui. Il pose doucement son verre sur le bar, croisant ses bras. Toi. Qu'est-ce qui peut bien pousser une femme comme toi à se retrouver seule ici, dans une nuit comme celle-ci ? Pourquoi ne pas sortir avec tes amis, pour aller observer les feux d'artifices par exemple ?

Sa question me touche plus profondément que je ne l'aurais cru. Il ne me connaît pas, mais son regard me donne l'impression qu'il voit tout. Je sens mes défenses se briser légèrement, mais je les renforce aussitôt.

-Peut-être que j'aime juste l'ambiance.
Je tente un sourire, mais il est faible, forcé.

Il secoue doucement la tête.
-Non, ce n'est pas ça. Il plonge ses yeux dans les miens. Il y a autre chose.

Je serre les mâchoires, refusant de céder à cette pression.
- Et qu'est-ce qui te fait croire que tu me connais assez pour savoir ça ?

Un silence s'installe à nouveau, lourd, presque suffocant. Angelo me scrute avec une intensité qui commence à me faire vaciller. Puis, il penche légèrement la tête, comme s'il acceptait mon défi silencieux.

-J'ai mes intuitions. Et elles sont rarement fausses.

Je frissonne sous la force de ses mots. Qui est-il vraiment ? Un homme ordinaire ne devrait pas avoir cette capacité à lire les autres avec une telle précision. Mais, pour une raison que je ne comprends pas, au lieu de me lever et de partir, je reste assise, accrochée à son regard comme si ma volonté était enchaînée.
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J'espère que ce premier chapitre vous a plu ! ♡