The Shadows Of the Phoenix; tome 3: Déviance

Chapitre 9: HUNTER

Je n'en reviens pas, elle saute aux conclusions sans m'écouter. Un couple sans confiance ne peut pas durer. C'était trop beau pour être vrai ces derniers temps. Je rentre chez moi, m'habille et après avoir mis mon cuir et enfilé mes gants et mon casque, je prends la route. Je brûle le bitume à toute rapidité. J'ai besoin de me défouler. Je sais que les apparences sont trompeuses. Que le rouge à lèvres ne s'est pas retrouvé là par hasard. Une nana m'a collé, mais je l'ai repoussée. Il se peut qu'elle ait eu le temps de m'embrasser dans le cou, mais plus jamais je ne toucherai une autre femme. J'ai bien trop souffert et fait souffrir Joe pour ne pas avoir appris la leçon. Quand je ne l'ai pas trouvée dans notre lit cette nuit, j'ai eu peur, peur qu'il lui soit encore arrivée quelque chose, qu'elle ait été enlevée une fois de plus. Puis quand je l'ai vue là-bas, sa colère injustifiée m'a mis en colère. Je l'aime, je veux la garder, elle est à moi, mais sa façon d'être, ses reproches incessants... ce soir, je n'y arrive plus. Je sens mon téléphone bouger dans ma poche, elle m'appelle sans doute pour s'excuser, mais je m'en branle, je vais la laisser mariner un peu.

Cela fait trois heures que je roule, ma colère ne redescend pas. Comment allons-nous y arriver? Je n'arrive pas à la comprendre, elle dit m'avoir pardonné, mais elle est toujours en colère au fond. Cette amertume risque de nous coûter notre couple. Je veux regagner sa confiance. Mais je viens de faire ce qu'elle redoute plus que tout. Je suis parti...

En réalité, j'ai fuis pour m'éloigner de tout cela, mais il faut que je lui montre que je suis là, que je l'aime et que plus jamais je ne l'abandonnerai comme je l'ai déjà fait. Elle va penser que je ne vais pas revenir, ou pire revenir encore avec une pouffiasse. Je fais donc demi-tour. Il fait jour à présent, j'ai les idées plus claires. Mon téléphone n'arrête plus de sonner, je sens les vibrations en continue dans ma poche. Je ne suis plus qu'à trente kilomètres de la maison. Je suis agacé par les vibrations. Je m'arrête sur le bord de la route, en lisière de forêt, retire mon casque pour attraper l'objet indésirable. J'ai un nombre d'appels énorme. Des messages aussi. Je sens que quelque chose ne va pas. Et si le club avait été attaqué ? Et moi, je suis là, à tout remettre en question pour une engueulade. Je ne lis rien, j'appelle Vicious directement. Il répond à la première sonnerie.

– Putain, Hunter mais qu'est-ce que tu branles ? hurle-t-il, paniqué.

J'entends des cris derrière lui, comme si tout le monde parlait en même temps. Mila demande:

– C'est lui ? Dis-lui de vite venir!

J'entends dans sa voix la panique, mais aussi une peur immense. Puis j'entends un sanglot.

– Vicious, qu'est-ce qui se passe ?

– Tu dois venir à la clinique... il y a ... il y a un problème avec Joe.

Mon sang se glace dans mes veines. Je ne suis parti que cinq ou six heures ! Je n'ose pas poser de questions, j'ai peur. Je crève de trouille même.

– Quoi ? Le bébé ?

– Viens, maintenant ! ordonne-t-il d'une voix mécanique qui me fait encore plus peur.

Il raccroche sans rien rajouter. Je remets mon casque et roule à toute allure jusqu'à la clinique. De nombreuses motos sont là, garées toutes les unes à côté des autres, en épi. Je place ma bécane à côté des leurs, puis je cours jusqu'aux urgences. J'entends des cris, des voix que je reconnais. Mila ne fait que s'emporter en criant sur les soignants.

– Mais enfin, dites-nous ce qu'elle a !

– Nous ne le pouvons pas madame.

– Mila, criais-je.

Elle se tourne vers moi, les yeux pleins de larmes, puis elle se précipite dans mes bras en éclatant en sanglots. Je ne sais pas quoi faire, je suis comme anesthésié, mais Vicious m'appelle, me sort de ma léthargie.