Chapitre 104 : 1977 : La retenue

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– Vous devriez être plus aimable avec votre frère, intervint Slughorn.

– Nous nous adorons, révéla Mona. Nous avons malheureusement quelques divergences d'opinion qui troublent notre fraternité.

Les frères Gallagher d'Oasis qui se sont mis sur la gueule à coups de guitare lors de leur concert à Paris, eux avaient quelques divergences d'opinion. Toi et ton frère, vous êtes au-delà de ça.

– Votre retenue sera très simple, dit-il.

Il prit un lourd bocal posé sur son bureau.

– Vous allez devoir placer ces haricots dans de plus petits bocaux.

Il s'éloigna dans la pièce voisine et revint avec trois boîtes qu'il faisait léviter.

– Dans ces bocaux-ci, dit-il en ouvrant un carton, vous mettrez dix haricots.

Il referma la boîte et en ouvrit une autre.

– Dans ceux-là, vous en verserez vingt. Et dans les derniers, vous en mettrez cinquante.

Les deux filles échangèrent un regard. Cette retenue n'allait pas être très délicate.

– J'oubliais, dit Slughorn en repartant dans la réserve.

Il revint, précédé de quatre énormes bocaux remplis de haricots qu'il posa lourdement sur la table que partageaient les deux filles.

– Je pense que la semaine vous sera nécessaire, dit-il. Il y a d'autres bocaux vides dans l'armoire quand vous aurez rempli ceux-là. Il va sans dire que vous ne pouvez pas utiliser la magie.

Ça va sans dire, mais une question me turlupine : dire que la semaine sera nécessaire, c'est une blague ? Parce que là, le mois prochain, elles y sont encore.

– Vous me trouverez dans mon bureau en cas de problème.

Il abandonna les deux filles à leur sort ennuyeux.

– Y'a plus qu'à, dit Waha.

– Ouais, renchérit Mona avec aussi peu d'enthousiasme.

– C'est ta première retenue ? demanda Waha en ouvrant un gros bocal.

– Oui, confirma Mona. Je pensais finir ma scolarité sans en avoir une.

– La première m'a fait bizarre aussi, confia la Gryffondor. C'était en septembre.

– Encore à cause de ta tenue, j'imagine.

– J'y peux rien si j'aime me sentir belle.

Ou vulgaire.

– Tu ne t'habillais pas comme ça l'année dernière, qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Mona.

– Mes seins ne poussent pas, je compense comme je peux.

Mona jeta un coup d'œil à sa propre poitrine. Hé ! Préviens quand tu regardes tes trucs que je puisse couper le texte, petite obscène.

– Toi ça va, dit Waha. Pas comme Irène Clay et ses deux obus mais bon...

Une idée traversa l'esprit de Mona. Et si l'intérêt constant de Terence pour Irène était lié à ses obus ? Non... la poitrine d'Irène était récente.

Bon, c'est bon, là ? Autant j'aime bien toute allusion à Terence se faisant casser la figure par une fille, autant ces histoires de nichons, au bout d'un moment, ça me perturbe. Depuis la tête d'une fille, ces sujets ne sont pas très marrants. Pourquoi je n'écris pas l'histoire d'un mec, moi ?

– Je sens que ça va être très long, prédit Waha en rebouchant son troisième petit bocal.

Elle avait raison. Après cette conversation, les deux filles se parlèrent à peine et continuèrent à compter les haricots. Lorsque Slughorn revint de son bureau pour leur dire de partir, il était justement l'heure de dîner. Elles prirent des chemins différents pour monter à la Grande Salle. Mona évitait toujours les endroits les plus fréquentés par les élèves de sa maison. Mulciber et les frères Lestrange lui fichaient une sacrée trouille par leur simple présence. Elle avait amèrement regretté sa petite attaque contre Mulciber. Bien que rien ne se soit passé, elle ressentait toujours une angoisse chaque fois qu'elle se retrouvait seule. Elle n'était pas la seule. Grace gardait désormais sa baguette à portée de main en permanence, chose qu'elle ne faisait pas avant. Mona aussi avait pris cette habitude. Plus loin dans le couloir, des éclats de voix lui parvinrent. Elle angoissa un instant avant de reconnaître l'une des voix. C'était celle de Bertram. Lui et Regulus Black apparurent bientôt.

– Hé, Mona, tu montes dîner ? dit Bertram en désignant un escalier.

– D'où viens-tu comme ça ? s'étonna Regulus.

– De la classe de potions, dit-elle.

– Drôle de chemin, constata Bertram.

– J'étais avec Waha Dumbledore, expliqua Mona. Je n'aime pas trop traîner avec les Gryffondor.

Les deux garçons parurent satisfaits par la réponse et ils prirent ensemble la direction de la Grande Salle.

– Je trouve ton frère étrange cette année, dit Regulus.

Personnellement, je le trouve aussi chiant que d'habitude.

Mona réalisa une chose : parmi les élèves plus ou moins proches de Mulciber, Regulus était le seul qui continuait de lui parler.

— La mort de notre grand-père nous a tous perturbés, expliqua-t-elle.

— Oui, convint Regulus. C'est une des choses auxquelles je ne trouve pas de sens.

Mona le regarda avec étonnement, sans comprendre où il voulait en venir.
À mon avis, son futur de Mangemort n'y est pas étranger.

— Il n'y a pas que ça, dit Bertram. Il y a aussi Irène.

— Il est encore plus lourd avec elle qu'avant, ajouta Regulus. Je sais qu'ils ont toute une histoire de haine l'un envers l'autre, mais Terence ne fait rien pour arranger ça.

— On a déjà essayé de lui parler, mais il ne nous écoute pas.

Les "obus" d'Irène seraient-ils la cause de l'aggravation de la connerie de notre Terence national ?

— Il ne m'écoute pas non plus, avoua Mona. Mais j'essaierai de faire quelque chose.

La seule chose que Mona pouvait faire était d'envoyer une lettre à ses parents pour expliquer la situation. Ce qu'elle ne manquerait pas de faire.
Cafteuse !

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant