Jour 12 : Montrer/épier

0 0 0
                                    

     Thiyus était dans les branches. Les feuilles le camouflait à ceux qui s’installaient progressivement dans la clairière. Assis en tailleur à quelques mètres du sommet de l’arbre millénaire, il se balançait d’un côté, puis de l’autre, bercé par les chants qui commençaient à résonner dans la forêt. La fête n’allait plus tarder à commencer, mais il n’était pas pressé. Les yeux grands ouverts, il regardait à travers le feuillage l'installation avant le début des festivités. Des tables tressées, des coussins rempli de feuilles, et tout un tas de plats qui respirait la nature et le respect de la terre. Il roula des yeux et déglutit. Que ne donnerait-il pas pour manger quelque chose de plus consistant que des feuilles…
     Il baissa le regard quand il entendit les pas de Nelfiy crisser sur les feuilles tombées. Son allure chaloupée, sa démarche sautillante mais également sensuelle, la jeune sylvestre était prête pour prendre la relève royale. Mais en ce jour symbolique, elle prenait le rôle de l’âme cérémoniale. Elle portait une robe entièrement verte émeraude, des manches au jupon qui lui arrivait aux mollets. Elle avait échangé son collier avec une flèche miniature contre une couronne de fleurs, ses bracelets de chevilles étaient garnies de feuilles et ses pieds étaient nus.
    Thiyus cligna des yeux quand il constata enfin que la jeune femme avait troqué ses vêtement d’archère pour une tenue de cérémonie. Il plissa les paupières, l’éloignant de son champ de vision jusqu’à ce que son coeur cesse de battre la chamade et que ses joues reprennent leur couleur d'origine.
    Il avait fui la fête pour une raison et elle se trouvait devant lui, l’attirant comme un papillon devant une flamme. Il secoua la tête et se concentra sur autre chose. La cérémonie de la lune Aeayemoshiy rassemblait tout les sylvestres, une fois tout les cent ans, pour une fête qui durerait plusieurs nuits et jours, et elle débutait la nuit où la lune était la plus haute dans le ciel. Thiyus sentait déjà sa puissance se répandre dans ses veines et il le devait au sang royal. Ses obligations l’auraient vu au sol, accueillant son peuple venu de tous les coins de leurs forêt, mais son sang humain ne le rendait pas très populaire. Nelfiy était toute désignée.
    Son regard se reporta sur elle. Ses yeux pétillants, la ligne de sa mâchoire, son sourire. Sa fossette. La courbure de son cou, ses épaules dénudées, la descente de sa poit…
    — Aaaah !
    Il en tomba de son arbre.

Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant