Chapitre 9

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PDV Elyra

Le soir du bal était arrivé vite. Trop vite. Avant de me préparer, j'avais décidé de parler avec Amel : il fallait une solution afin qu'il rentre au palais sans que père et mère s'aperçoivent de son absence.

Finalement, j'eus une idée : il rentrerait le soir même du bal. Avec toute l'agitation de la fête, personne ne remarquait un carrosse noyé dans la masse.
Neiva avait donc eu toute la journée pour préparer le carrosse.

Je donnai une lettre à Amel, qui était destinée à Eran, pour lui expliquer la situation et lui demander de garder le secret de cette escapade.

Pour conduire le carrosse en revanche, ce fut plus compliqué.
Neiva ne pouvait pas le faire, car père et mère s'en seraient aperçus. Heureusement, elle avait une connaissance de confiance qui pouvait conduire mon frère.

N'étant tout de même pas rassurée, je fis jurer à ce valet de protéger et de conduire mon frère jusqu'à la mort.

Ce voyage était dangereux. À deux seulement encore plus. Malheureusement je n'avais pas le choix. Je remettais la vie de mon petit frère entre les mains d'une seule personne, inconnue. J'avais peur, mais j'essayais de garder mon calme.

Le plus dur fut les au revoir.

"-Je penserai à toi tous les jours. Prends bien soin de toi. Tu seras de retour au palais dans un peu plus de 3 semaines, peut-être presque un mois. N'oublies pas de donner la lettre à Eran. Je reviendrai vite d'accord ?"

Je posai ma main sur la joue d'Amel et me souriai, malgré mes yeux remplis de larmes.
Je voyais bien qu'il se contenait lui aussi de pleurer.

"-Oui, je te le promets Elyra. Je t'aime.
-Moi aussi Amel, moi aussi je t'aime."

Nous nous enlaçâmes tendrement, avant qu'il ne monte dans le carrosse. La porte se claqua et je vis son petit visage à travers la vitre arrière. Une larme roulait sur sa joue.

Je lui fis un dernier sourire qu'il me rendit, et le carrosse s'élança. Je le vis partir dans un nuage de poussière.

Quand je fus sûre qu'il ne me voyait plus, je laissai couler mes larmes, avant de rentrer précipitamment dans mes appartements.

Mais je n'eus pas le temps de pleurer plus. Déjà, il fallait que je me prépare. Le bal allait commencer.

La reine m'avait gentillement fait coudre une robe sur mesure pour cette occasion, et bien que j'étais obligée de la porter par respect, je ne l'aimais pas : elle était bouffante, et je n'aimais pas les robes comme cela. Je ne savais pas, j'avais le sentiment que cela faisait trop.

Le rose fushia que j'arborais avec cette tenue n'était pas en accord avec mes pensées douloureuses. Mon teint était pâle à faire peur, on aurait presque dit un fantôme.

Mes servantes me maquillèrent et me coiffèrent. Tout était trop.

Je n'avais aucune envie d'aller à ce bal. Une soirée de sourires forcés, de politesses exagérées et de discussions inintéressantes n'était pas faite pour moi.
Comme je regrettais amèrement les soirées de jeux en famille avec mes frères et sœurs...

Cette idée me fit esquisser un sourire, qui disparut dès qu'un valet vint toquer à la porte de mes apparemments.

"-Votre Altesse, si vous voulez bien me suivre. Votre présence est attendue au bal donné par ses Majestés."

Après sa courbette, le valet me fit signe de le suivre. Je pris une profonde inspiration et ravalai ma tristesse. Je me collai un faux sourire au visage, qui était tellement habituel que les gens croyaient que c'était mon sourire naturel.
Mais les seules personnes qui avaient vu mon véritable sourire étaient mes frères et sœurs, car c'était les seuls avec qui je pouvais être moi-même, juste Elyra, et pas Elyra de Whriste, la princesse aînée d'Angleterre.

Je devais faire mon entrée dans la salle toute seule. Personne ne m'accompagnait, ce qui signifiait que plus de 200 personnes auraient les yeux rivés sur moi pendant une dizaine de secondes.

Alors que j'attendais patiemment derrière la porte de la salle de réception et que j'entendais mon nom suivi de mon titre être prononcés, je frissonnai. D'angoisse, de stress, de tristesse, d'appréhension.

Je fermai les yeux une demi-seconde, puis les portes s'ouvrirent devant moi.
Je regardai les gens, tous issus de la noblesse, me fixant, me jugeant.
Toujours en gardant mon sourire forcé, je m'avançai lentement.

"-Où dois-je aller ?" pensai-je.

Habituellement, je prenais place à côté de mes frères et sœurs. Mais là, je ne savais pas où me mettre.

Heureusement, la reine Eléonore vint me sauver.

"-Votre Altesse ! Vous avez mis la robe que je vous avais offert ! Elle vous va à merveille, vous êtes resplendissante !"

Grâce à ces paroles, les personnes présentes dans la salle reprennèrent leurs occupations. Je soufflai avant de répondre :

"-Merci, votre Majesté. Vous avez de très bons goûts en matière de tenues, il est vrai que ce choix était très bon."

Elle éclata d'un rire cristallin, et très doux :

"-Ne soyez pas si modeste, ma chère ! Vous savez, une belle robe sur une peau laide rend la robe elle-même laide, et inversement."

Pour toute réponse, je souriai avec respect, gênée par tant de compliments.
Soudain, elle me prit par le bras :

"-Venez avec moi, votre Altesse, je dois vous présenter quelqu'un."

Je suivis la reine avec joie, heureuse de ne pas devoir parler.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je vis la personne qui était devant moi : le prince, que j'avais complètement oublié, mais qui me torturait l'esprit.
Son regard plongea dans le mien, avec intensité. Il me fit le baise-main avant de me saluer :

"-Bonjour, Princesse.
-Prince."

Nous ne pouvions pas détacher nos regards l'un de l'autre.
La reine Eléonore interrogea :

"-Vous connaissez-vous ?"

Le prince répondit du tac au tac :

"-Nous nous sommes déjà rencontrés dans une soirée mondaine semblable à celle-ci.
-Formidable ! Je suis navrée de vous quitter si tôt, mais je dois accueillir les invités."

Je détachai enfin mes yeux de cet homme pour faire une révérence à la reine :

"-Bien sûr, votre Majesté."

Une fois seuls, je parlai sèchement :

"-Sachez que je n'ai pas oublié ce que vous avez dit. Je vous en veux encore pour cela.
-Je n'en doute pas, je l'ai vu à votre visage crispé depuis tout à l'heure."

Comment avait-il remarqué ceci ? Il reprit :

"-Je voulais m'en excuser. Ce n'étais pas ce que je voulais dire, mais c'était maladroit et idiot. Pourriez-vous m'accorder cette danse afin de me pardonner ?"

Je soupirai, mais avais apprécié son geste de pardon. Alors, j'acceptai je lui offrir une seconde chance. Il m'offrit un magnifique sourire tandis que je lui souriai en retour.

Il m'entraînai dans sa danse. Ses pas étaient fluides et travaillés. J'aimais sa façon de me faire tournoyer.

La mélodie s'arrêta trop vite. Nous fûmes séparés lorsque le roi d'Espagne demanda le silence et l'attention de tous.

"-Chers convives, je vous remercie de votre présence. Aujourd'hui, nous nous réunissons afin de célébrer les fiançailles de la princesse d'Angleterre au prince Alexandre. Nos deux royaumes seront maintenant en paix, par cette alliance ! Je vous en prie, votre Altesse, rejoignez-nous."

Il s'adressait à moi. Je fus contrainte de le rejoindre, ainsi que sa famille au complet. 

"-Ces deux jeunes gens vont se marier ! Les fiançailles sont déjà faites..."

Les fiançailles, déjà faites ? À l'entente de ces mots, je ne compris pas : je n'étais pas au courant ! On avait fait tout cela dans mon dos ! Je m'apprêtai à fusiller mes parents du regard, quand j'entendis la suite des paroles du roi :

"-... Et le mariage a été convenu pour dans 2 mois !"

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