Chapitre 13

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Si je pensais m'attendre à quoi que ce soit, ce n'est sûrement pas à ça. Le réveil à été violent. Lorsque j'ai ouvert les yeux, mes mains n'étaient plus entravées par la lourdeur des anneaux dorés et Emile me secouait sauvagement au pied de mon lit. Il me balance de vieux vêtements grisés et tachetés à certains endroits en me priant de les enfiler le plus rapidement possible.

J'obéis, même si mon cerveau tout juste réveillé ne semble pas suivre mes faits et gestes. Je laisse mes anciens habits sur le sol quand le rouquin me tire par le poignet pour nous planter devant la porte. Ses bras retombent le long de son corps et ses yeux fixent le bois rugueux devant lui, me laissant dans l'incompréhension. Nous restons de longues minutes dans le silence et ma jambe commence à trembler sous l'inactivité, je tourne la tête dans sa direction en attendant qu'il me remarque.

- Ils ne vont pas tarder à venir nous chercher, arrête de me fixer. Dit-il sur un ton nerveux.

- Les soldats ?

- Oui, après ça nous aurons le droit de manger.

Ils finissent par arriver et nous pousse en avant, nous traversons de nombreux couloirs vieux et poussiéreux puis nous descendons une rangée d'escalier en pierre qui mène vers une grille. Je suis Emile de près lorsque nous rentrons dans un édifice en pierre dont le toit frôle nos têtes. De nombreuses armes sont accrochées aux murs et d'autres sont simplement exposées sur des étagères. Comme lui, je saisis une épée en bois avant de nous agglutiner près de la sortie, la ou les autres esclaves attendent.

Les barreaux se lèvent et mon compagnon choisit un coin reculé de l'arène où il se met en position de combat, face à moi. Je recule légèrement mon pied gauche et pointe mon arme dans sa direction. Il attaque en premier et je pare ses coups avec facilité malgré la puissance de ses gestes. Il tente d'atteindre mon épaule droite que j'esquive en me baissant, mon arme frappe contre ses jambes et lui fait perdre l'équilibre. J'entend son corps cogner contre la terre craquelée du terrain et me retourne rapidement, ma main faisant tourner mon épée en cercle pour échauffer mon poignet.

- Ce n'est pas un combat Aryan, tu ne m'attaque pas. Dit-il en se relevant, il dépoussière son pantalon par la suite. J'agissais comme toi quand je suis arrivé ici, la rue ne nous apprend pas à nous battre mais seulement à nous défendre. Tu n'es plus dans la basse-ville, tu es à Valkarion.

J'assimile ses paroles quand un coup de tambour venant des gradins est donné et attire notre attention.

- Combattez ! Hurle un soldat en donnant un second coup de percussion.

Je n'ai pas le temps de comprendre que les esclaves lèvent leurs armes sur la première personne venue, Emile m'a déjà oublié et se défend contre deux hommes de sa carrure. L'un se jette sur moi, que j'intercepte au dernier moment en levant mon épée de bois pour contrer la sienne. Je devine tout de suite que le rouquin se retenait quand je recule à contre cœur face à la vitalité de mon adversaire. J'essaye de me dégager de ses coups mais il est bien plus rapide, j'arrive néanmoins à le désarmer en faisant voler son arme à travers l'arène. Il assène un coup de pied dans mon estomac et je retombe en arrière, mon épée me glissant des doigts.

Aveuglé par la colère, il fonce tête baissée et ses poings s'acharnent contre moi. Mes yeux s'écarquillent sous la douleur et mon souffle se coupe lorsque j'essaye de saisir mon arme à quelques centimètres trop loin de mes doigts. Il se redresse et s'attaque à mon visage, ma vision se floute et je n'entend pas la foule s'écarter et les soldats s'interposer. Un visage se penche au-dessus du mien et des mains me soulève.

- Je te l'avais dit, ici tout est une question de survie. Dit Emile alors que je suis toujours plongé dans le brouillard.

Le manoir brûle. Je suis à l'extérieur, en face du vieux portail rouillé après une patrouille au niveau des frontières, je fais ce même chemin lorsque nous n'avons pas de cargaison à voler. Mais les flammes se reflètent à travers mes yeux et les cris se mêlent aux cendres, pourquoi est-ce que tout disparaît ? Tout brûle. Mes yeux balayent les habitants qui tentent de s'échapper par les fenêtres lorsqu'ils s'arrêtent au dernier étage sur les carreaux ouverts de notre chambre. Je ne les vois pas clairement mais des ombres se dessinent à travers la fumée et leurs voix remplies de panique me font trembler.

𝐋'𝐞́𝐭𝐫𝐞𝐢𝐧𝐭𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 {bxb}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant