Chapitre 15

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La nuit est tombée et les reflets de son astre baignent les couloirs de lumière, j'observe toutes ces étoiles qui comblent le ciel et ne les quittent plus du regard, comme si elles me suivaient à travers le château. Les carreaux dans le marbre obstruent légèrement leur clarté mais leur beauté n'est pas ébranlée. Alors je laisse ma tête tomber sur le côté, ne prêtant aucune attention aux deux mains rugueuses qui m'empoignent les épaules pour avancer à leur rythme.

Peu de temps après le combat, le roi et ses convives ont quitté l'amphithéâtre et je me suis retrouvé seul face à la nuit tombante. Les criquets résonnaient et les bruits parasites de la haute-ville me parvenaient derrière les hauts murs de l'arène, je ne pourrais donc jamais profiter d'un peu de silence même aux portes de la mort. Car ça y est, je crois que j'y suis. Je m'allongeais contre le sable légèrement refroidi par le manque de chaleur et un soupir de bien-être m'échappa lorsque mon dos courbaturé toucha le sol. Les grains me collaient à la peau mais je m'en fichais et fermais les yeux. Je dois bien admettre que je n'attendais qu'une seule chose, et c'était de les voir s'en aller pour que je puisse m'effondrer tant l'énergie me manque. Je suis épuisé.

Mais j'ai vite déchanté lorsque deux soldats m'ont ramassé comme si je n'étais pas plus lourd qu'un sac de légumes pour remonter toute la capitale. C'était humiliant mais j'étais trop fatigué pour dire quoi que ce soit, alors j'ai capitulé et avancé sans aucune opposition. Ils semblaient même rassuré que je ne m'agite pas ce soir, car la journée avait été éprouvante pour chacun d'entre nous. Et puis je savais que si on m'avait abandonné pendant que les autres, ceux qui ont survécu, rentraient avec la colonie de soldat précédente, ce n'était pas sans raisons. Il ne pouvait pas y avoir plus de miracle que cela. On m'a épargné deux fois, la troisième serait de trop.

Je dois sûrement les regarder d'en bas pour la dernière fois alors j'en profite et ne détache pas mes yeux des fenêtres. J'ai peur, mais j'ai hâte de les revoir. Je ne me souviens plus clairement du visage de mes parents mais je sais qu'ils m'ont terriblement manqué.

Nous passons le coin d'un couloir et continuons dans un autre avec des portes plus grandes et bien plus raffinées. J'ai tourné et monté tellement d'escaliers que je serais incapable de me repéré, le seul endroit ou je retrouve quelques marques est le quartier des esclaves. Je ne suis jamais allé à l'étage. Savoir que je ne ressentirais plus jamais la chaleur du soleil contre ma peau et la terre fraîche sous mes pieds me déchire mais je retiens mes larmes. Je tiendrais bon jusqu'au bout, je leur dois au moins ça.

Ma gorge se noue et je peine à déglutir quand nous nous arrêtons devant une porte sombre, incrustée de gravures et d'une fleur de lys au milieu de celle-ci. Mes sourcils se rapprochent, ça ne ressemble pas à un lieu d'exécution. L'un des deux hommes donne trois coups singuliers sur le bois et une voix rauque brise le silence que je m'étais formé pour me protéger. Mes yeux s'écarquillent en entendant ces octaves que je reconnaitrais entre mille et tout mon corps se tend pour se mettre à trembler subitement.

Voyant que je ne réagis plus, les gardes raffermissent leur poigne douloureuse et me poussent avec brutalité pour avancer. Lorsque je pénètre dans la pièce et que le sol se met à résonner sous mes pieds, je comprends que les longs couloirs du château n'étaient que le purgatoire, et que le réel enfer se trouve ici. Mes yeux balayent la pièce. Un lit à baldaquin, un tapis recouvrant presque l'entièreté du marbre, de longs rideaux en soie, plusieurs meubles richement décorés et un grand miroir entouré d'or dans un coin de la chambre. Je suis déjà venu ici, mais à ce moment-là je ne savais pas encore à quel point celui qui l'occupait était atroce.

Je m'efforce de contenir mes émotions en laissant seulement ma colère prendre le dessus, il ne doit rien deviner, rien savoir qui pourrait lui permettre d'ouvrir une autre de mes failles afin de jubiler un peu plus avant de mettre fin à ce qui m'a servi d'existence. Les portes se referment derrière moi et je me retrouve seul, entre ses quatres murs qui m'oppresse la poitrine comme si quelqu'un appuyait fermement dessus pour me couper la respiration. Mais je me rends vite compte que je la retiens inconsciemment depuis de longues secondes maintenant, comme si je voulais la couper avant qu'il ne le fasse lui-même.

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𝐋'𝐞́𝐭𝐫𝐞𝐢𝐧𝐭𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 {bxb}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant