Chapitre 10 : Faire comme on peut...

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Je fus réveillée en sursaut par le Doc vers trois heures du matin.

- "Kazue ? Viens, il a une nouvelle crise."

Je me précipitai à sa suite dans la chambre de Mick. Il gémissait en tenant ses deux mains l'une contre l'autre, tout en se tournant à droite et à gauche.

- "Ca brûle."

J'échangeai un regard avec le Doc. Ce que nous appréhendions tant était en train de se produire. Le sérum agissait mais provoquait des douleurs qui se rajoutaient à celles induites par le manque.

Mick s'immobilisa et me regarda :

- "Merde, Kazue, vous m'injectez des fourmis dans les doigts ou quoi ???"

- "Vous sentez vos mains ?"

- "Ah ça, pour les sentir, je les sens ... ça démange tellement que j'ai envie d'ouvrir pour gratter à l'intérieur!"

Je pris ses mains entre les miennes et les approchaient de la lampe d'auscultation. Je pinçai la pulpe de son index entre mes ongles.

- "Aïeuuuu ! Mais ça va pas la tête ! Croyez pas que j'ai pas déjà assez mal ?"

Devant mon absence de réaction, Mick comprit enfin ce que cela signifiait :

- "Ca marche ? Ca veut dire que ça marche ?"

Mick se pétrifia et me regarda, ébahi. Puis, il éclata soudain de rire. Un rire puissant, nerveux et joyeux à la fois. Quand il s'arrêta, il jura en anglais en murmurant :

- "Fucking Holy Shit, Docteur Natori. Vous avez réussi ... Putain de merde, vous avez réussi. Votre truc à la poudre de perlimpinpin, fonctionne ! C'est pas vrai ..."

Nous échangeâmes un regard et il éclata de rire à nouveau, répétant, dans sa langue maternelle que tout avait fonctionné ...

Sans un mot, le Doc sortit son petit marteau et tapota en plusieurs endroits différents : deux sur dix. Ses doigts remuèrent de façon normale deux fois sur dix essais. Je retins mon souffle quand le Doc procéda ensuite au test des aiguilles :

- "Aïe ..." lâcha Mick en riant cette fois. "Non ! Aïe ! Non, là, je ne sens rien. Aïe ! Héééé ! N'en profitez pas non plus, vieux sadique !"

- "Vous pouvez bouger vos doigts ?" demandai-je.

Je le vis se concentrer mais malheureusement, rien ne se passa.

- "Bon. Pas de mouvement volontaire mais quelques réflexes sont de retour, c'est un bon début. Vous réagissez à la moitié des impulsions." dit le Doc. "Bravo, Kazue, je crois que ton sérum est efficace."

- "Finalement, je ne vais pas avoir le même truc que Ryo, dites ?"

Nous éclatâmes tous les trois de rire jusqu'à ce que :

- "Bon, ça fait quand même un mal de chien votre truc ..."

- "Il va falloir le supporter, jeune homme. Vous êtes sur la bonne voie mais je crains qu'il vous faille attendre avant de vous lancer dans la broderie." Répondit le Doc avec un air malicieux.

Comme Mick n'arrivait pas à se rendormir, le Doc lui proposa de regarder la télévision dans son bureau et j'en profitai pour simplement rentrer chez moi.

Lorsque je revins le lendemain soir, Mick avait l'air de bonne humeur mais je commençais à comprendre que ces oscillations entre enthousiasme démesuré et désespoir profond étaient aussi un effet du manque, plus ou moins marqué chez les patients en sevrage, m'avait appris le Doc à qui je faisais mon rapport après chaque entrevue avec Mick, omettant bien sûr de lui raconter ses tentatives de rapprochement.

Yes or No ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant