Chapitre 8: L'enlèvement

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Les bonnes choses arrivent dans notre vie, au moment où l'on s'y attend le moins : qui aurait cru que cette histoire d'enlèvement allait être le début d'une sincère amitié ?

Ce jour-là, la peur se lisait sur nos quatre visages : on risquait gros avec ce coup. La police était en ce moment le cadet de nos soucis, car on pensait plus à ce que Daddy allait faire s'il venait à découvrir nos manigances. Hélas, nous étions quand même très déterminées, très déterminées à réunir une mère et son enfant.

Chacune de nous quatre avait une mission très précise : je devais séduire Jules jusqu'à ce qu'il m'amène chez lui. Je m'arrangerais ensuite pour le faire dormir et puis je prendrai des photos compromettantes de lui.

Katy devrait trouver pour nous une excuse pour nous faire éloigner de tout soupçon auprès de Daddy. Elle rejoindra ensuite Coura qui devrait déjà trouver des armes et des cagoules pour elle.

Carmen, devra être à l'affût avec deux tickets de bus pour récupérer la petite et la confier à sa mère qui viendra la chercher à la gare routière.

C'était juste un plan élaboré à la hâte, donc nous n'étions pas sûres si ça allait fonctionner ou non ?

Coura : J'ai comme l'impression que l'on est en train de foncer tout droit dans la gueule du loup, disait-elle tout bas et d'un ton nerveux

Je crois qu'en ce moment là, j'étais la seule à l'avoir entendu. Je lui tenais alors la main et lui faisais signe que tout irait bien.

Je ne connaissais pas bien Coura, d'ailleurs je ne connaissais aucune des autres filles ici. Mais la seule chose que je pouvais dire à propos d'elle était qu'elle était la première fille à qui j'ai parlé en venant ici et que depuis ce jour, elle a continué à être gentille avec moi et à me tirer d'affaire à plusieurs reprises : comme la fois où elle m'a retrouvé inconsciente devant la résidence ou encore lorsqu'elle m'a empêché de fuguer.

Elle m'a l'air d'être issue d'une bonne famille : son empathie et son comportement en disait long. Je comprenais alors le fait qu'elle soit apeurée de mettre sa vie en danger avec cette tentative d'enlèvement. Pas comme moi qui ai vécu toute ma vie à la rue, le danger je connaissais déjà.

Le fait qu'elle se soit retrouvée ici titillait de jour en jour ma curiosité. Je voudrais tellement connaitre son histoire : comment s'était-elle retrouvée ici ? Mais pour l'instant je devais me concentrer sur la fille de Carmen.

Après un court instant, Katy revint nous voir.

Katy : C'est bon, je nous ai trouvé un alibi : j'ai dit à Daddy que nous devrions nous rendre au salon de coiffure

_Il faudra que l'on soit discrète, ajoutait-elle

Nous sortions ainsi de la résidence et Katy arrêtait un taxi.

Après une trentaine de minute de route, nous descendions au niveau du rond-point des Almadies. Et, automatiquement, je sentais une vague d'émotions me submerger : cet endroit était le lieu où j'avais grandi, le lieu où j'ai eu les seuls souvenirs de ma mère.

Je n'entendais plus rien car j'étais en un moment donné psychologiquement "absente". Je ne revoyais que des images de ma mère et de moi petite, lorsqu'on s'asseyait ici, lorsqu'on faisait la manche, lorsqu'elle me serrait dans ses bras pour me protéger du froid...

Katy : Aby Tounka ! Aby !Aby...

Moi : O...oui ! Sursautais-je

Katy : Tu m'as l'air absente, tu es sûr que ça va ? Me demandait-elle, sous le regard de Coura et Carmen

Moi : O...oui ! Oui !

_Au fait qu'est-ce qu'on fait ici ? Demandais-je perplexe

Carmen : Nous attendons que Jules se pointe, me répondait-elle

Aby TOUNKA, la clocharde de luxe§§§ (En cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant