❥‧₊˚ 𝐄́𝐥𝐞𝐨𝐧𝐨𝐫𝐚
— Je ne suis pas une gamine ! Si j'avais eu besoin d'une nourrice, il fallait l'engager quand j'étais enfant ! Jusqu'ici, je me débrouille très bien seule et... j'ai... David...
Les mots sortent dans un souffle, comme un bouclier que je brandis, même s'ils sonnent faux.
Mon père me scrute, le regard plus perçant que jamais.
— Ce ne serait pas lui qui t'aurait fait ces marques, par hasard ?
Mon cœur rate un battement. Sans hésiter, je relève le menton, m'efforçant de garder une expression assurée.
— Non ! Si tu me connaissais un peu mieux, tu saurais que c'est ce que je me fais quand je suis anxieuse...
Je mens, bien sûr. La vérité me brûle les lèvres, mais comment pourrais-je lui avouer ? Admettre que David est responsable de ces bleus serait comme trahir quelque chose de plus grand, quelque chose que je ne comprends même pas moi-même. Et puis, quelque part en moi, je crois que c'est de ma faute... que je l'ai provoqué.
Mon père secoue la tête, visiblement peu convaincu.
— Bon, que tu le veuilles ou non... Aurelio s'occupera de toi. En ce moment, il se passe des choses inquiétantes en ville, et je ne peux pas te laisser sans surveillance.
Aurelio, resté silencieux jusque-là, lève un sourcil.
— J'ai le droit de donner mon avis ? lance-t-il, croisant les bras.
Mon père le fixe avec un mélange de gravité et de défi.
— Tu me dois bien ça...
Après un silence tendu, Aurelio finit par hocher la tête, résigné.
— D'accord, murmure-t-il. Tant qu'elle me laisse tranquille et fait ce qu'elle veut, on devrait s'en sortir.
Je lâche un soupir, soulagée mais méfiante, et je fais un signe de tête. S'il ne se mêle pas de mes affaires, alors peut-être que cette situation ne sera pas un cauchemar de plus à gérer.
— Oui... il te conduira où tu veux, et tu pourras quand même voir David, dit mon père.
En vérité, une petite part de moi voudrait juste prendre mes distances avec David... m'éloigner, ne serait-ce que pour un temps. Peut-être qu'avoir ce fameux garde du corps m'aidera à le tenir à distance, à créer un espace pour respirer un peu.
Je pose un regard plus attentif sur Aurelio. Il est vraiment charmant, avec ce mélange de mystère et de dureté dans ses traits. Et une idée commence à germer dans mon esprit : le faire tourner en bourrique, juste pour pimenter les choses, pour m'amuser un peu dans cette situation qui me dépasse.
Ce soir, je décide de laisser de côté mes obligations. Pas de travail. Je veux juste profiter de la soirée, faire quelque chose qui m'appartient, pour une fois.
— Tu restes ce soir, papa ?
Mon père hésite, comme s'il appréhendait ma réaction.
— Oui... répond-il finalement, son ton un peu incertain.
Malgré cette tension entre nous, cette distance qui s'est installée avec le temps, je me surprends à ressentir une chaleur apaisante. Sa présence, même si elle est rare et souvent chargée de non-dits, me fait du bien.
Je m'approche lentement de mon père et le serre dans mes bras, sentant une vague d'incertitude monter en moi. J'ai toujours cette peur qu'il me repousse, qu'il mette une distance entre nous, mais j'ai tellement besoin de son affection. Mon cœur crie pour être aimé, pour retrouver un lien qui semble parfois si fragile.
Il me serre un instant, un court moment qui suffit à apaiser mes doutes, avant de se détacher et de jeter un regard un peu gêné vers Aurelio, son ami.
— Bon, vous êtes deux hommes, alors je peux inviter Ivy pour que ce soit équitable ? je demande, une petite lueur malicieuse dans les yeux.
Aurelio retient un sourire amusé et hausse les épaules.
— Oui, bien sûr, dit-il avec un air de défi léger.
Mon visage s'éclaire d'un grand sourire, et sans attendre, je cours vers ma chambre pour attraper mon téléphone et appeler Ivy.
— Mon cœur ! je m'exclame avec enthousiasme dès qu'elle décroche.
Quand j'entends sa voix de l'autre côté, un soulagement immense m'envahit. J'avais tellement peur qu'elle m'en veuille encore...
— Je... commence-je d'une voix hésitante.
— Ne t'excuse pas, dit-elle doucement. J'ai bien compris... c'est encore à cause de David, pas vrai ?
Un soupir m'échappe, et je me mords la lèvre, comme pour contenir tout ce que je ne veux pas dire.
— Oui... mais écoute, j'ai pas envie d'en parler, réponds-je en baissant la voix. Par contre, j'ai une super nouvelle ! Mon père est là ce soir, donc tu peux venir me voir en toute liberté.
— Ohhh, génial ! s'écrie-t-elle, excitée. J'arrive tout de suite !
Son enthousiasme me fait sourire, et je raccroche avec un petit rire. La chambre me semble soudain un peu plus vivante, même si elle reste telle que je l'ai laissée depuis la dernière visite de mon père, intacte, presque figée dans le temps.
Quelques minutes plus tard, la sonnette retentit, et je cours vers la porte, mon cœur battant plus fort. En l'ouvrant, je me jette dans les bras d'Ivy, retrouvant cette chaleur familière qui me manquait tant.
Ivy, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, est le cliché même de la « bimbo » : toujours prête à s'amuser, un peu fofolle, et surtout absolument canon. À côté d'elle, j'ai parfois l'impression de ne pas être à la hauteur, même si je me suis toujours convaincue que j'étais magnifique à ma façon. J'ai quelques tatouages le long de mes bras, d'ailleurs, pour camoufler mes complexes et affirmer ma propre identité.
Ce qui m'aide vraiment à garder confiance en moi, c'est qu'on me compare souvent à ma mère. On dit que je lui ressemble, et elle... elle a tous les hommes à ses pieds. Radieuse, avec une allure inoubliable, je l'admire profondément. Avant de rencontrer mon père, elle venait d'une famille très modeste et s'était battue pour sortir sa propre mère de la pauvreté. Ses valeurs et ses devises m'ont marquée ; je les connais par cœur, comme des repères précieux.
Si Ivy savait que David avait des accès de colère aussi violents, elle aurait certainement tout mis en œuvre pour que nous ne soyons plus ensemble. Quand elle était plus jeune, elle a eu une relation avec un homme qui était assez violent, un ami de mon père. Cela la marquait encore, même si elle semblait avoir oublié cette partie de son passé. En réalité, l'homme qu'elle aime vraiment, c'est mon père. Je le sens au fond de moi ; les regards qu'elle lui lance en disent long, même si elle essaie de le cacher.
— Alors alors, ma chérie ! Je suis trop contente de te voir !
Dans le salon, mon père savoure une bière en compagnie de son ami, le rire aux lèvres. Je prends un instant pour observer la scène, presque en oubliant leur présence. La bonne humeur de mon père réchauffe l'atmosphère, et je me sens apaisée. Je fais un signe à Ivy, l'invitant à entrer à l'intérieur, consciente qu'elle apportera encore plus de joie à ce moment.
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BARRIÈRE | Fp jones & Rafe Cameron
RomansaÉléonora vivait une relation heureuse avec son fiancé, mais tout bascula lorsqu'il commença à devenir violent. Peu à peu, la peur envahit son cœur, la poussant à chercher du réconfort ailleurs. Elle trouva finalement refuge auprès d'un homme plus âg...