Hina : Entre la Lumière et l'Ombre

Chapitre 2

Bonne lecture !

Manila - Philippines

Hina se réveilla dans l'avion, encore un peu ensommeillée. En regardant par le hublot, elle aperçut les lumières de Manille qui brillaient au loin, comme un ciel étoilé posé sur la terre. Elle se sentait encore décalée par le voyage, mais le poids de sa mission lui revenait en mémoire. Elle avait quitté Tokyo pour s'aventurer dans l'inconnu, un monde incertain. Pourtant, elle était prête à se faire entendre.

L'aéroport international de Manille vibrait d'activité, rempli de voyageurs, de familles et d'hommes d'affaires. En descendant de l'avion, Hina resserra la sangle de son sac, observant les alentours. Elle savait que désormais, elle devait représenter bien plus qu'elle-même. En posant le pied aux Philippines, elle entrait dans un monde où elle devait garder son identité secrète.

Avant son départ, M. Tanaka et elle avaient longuement discuté de cette couverture essentielle. Pour préserver sa sécurité et garantir l'intégrité de son enquête, elle devait renoncer à son identité. Dans ce réseau d'ombres, même un soupçon de son rôle de journaliste pouvait mettre sa vie en péril.

Désormais, elle était "Yara Fujita," une jeune interprète japonaise indépendante récemment installée aux Philippines. Une identité soigneusement choisie, crédible et discrète. Elle avait préparé cette couverture en amont, mémorisé une histoire cohérente et des détails personnels qu'elle devrait être capable de répéter sans hésitation. Les documents nécessaires avaient été arrangés par des contacts de confiance de M. Tanaka, mais elle savait qu'une simple carte d'identité ne suffirait pas. C'était sa manière de parler, sa posture, chaque détail de son comportement qui devaient être convaincants.

Le cœur battant d'un mélange d'excitation et de nervosité, elle se dirigea vers la sortie de l'aéroport. L'air chaud et humide des Philippines lui rappela qu'elle avait quitté Tokyo ; tout ici lui semblait nouveau et saisissant. Elle n'était plus Hina Ishikawa, la journaliste déterminée. Elle devait mettre cette partie de sa vie de côté, au moins pour l'instant.

Elle avait loué un petit appartement dans un quartier de Manille connu pour accueillir des expatriés. Ce premier jour fut consacré à s'installer, vérifier discrètement les contacts envoyés par M. Tanaka, et se familiariser avec son nouveau rôle.

Chaque soir, avant de se coucher, elle envoyait un rapport à M. Tanaka, décrivant ses progrès, ses impressions sur la ville et ses nouvelles connexions. C'était un acte de prudence, une manière de s'assurer qu'il soit toujours au courant de son état. Elle se sentait rassurée en sachant qu'il suivait ses démarches de loin, mais chaque message était aussi un rappel de la réalité de sa situation, de la dangerosité de son enquête.

Au fur et à mesure que le jour déclinait, l'excitation du voyage s'atténua, laissant place à un mélange de solitude et de tension. Ce mensonge, elle le vivrait seule. Elle pensait à sa mère, qui ignorait tout de sa mission secrète. Elle pensa à son père, qui l'aurait sans doute encouragée à persévérer. Elle se rappela la promesse qu'elle s'était faite : donner une voix à ceux qui en étaient privés.

...

Le lendemain matin, elle sortit pour la première fois dans les rues de Manille, sous l'identité de Yara. Elle avait rendez-vous avec un informateur philippin, un certain Carlos, qui, d'après ses sources, gravitait aux abords d'un réseau impliqué dans le trafic d'êtres humains. Le contact se ferait dans un petit café à l'écart du centre-ville, un endroit où les clients prêtaient peu d'attention aux visages de passage.

Assise au comptoir, Yara commandait un café, observant distraitement la rue à travers la fenêtre. Chaque personne qui entrait ou sortait lui semblait suspecte. Elle savait que dans ce monde d'ombres, le moindre faux pas pouvait être fatal. Finalement, Carlos fit son apparition. Il était jeune, vêtu d'une veste usée, les yeux fuyants mais vifs. En s'asseyant face à elle, il la dévisagea un instant avant de parler d'un ton prudent.