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Le lendemain,fin des cours, comme convenu, nous nous retrouvons à la bibliothèque pour avancer sur le devoir. J'arrive un peu en avance, choisissant une table discrète, entourée d'étagères pleines de vieux livres. J'installe mes affaires et commence à feuilleter quelques notes en attendant Descamps.

Il finit par arriver, avec son habituel sourire un peu moqueur et l'air nonchalant de quelqu'un qui ne prend rien vraiment au sérieux. Il s'assied en face de moi, posant son cahier sur la table.

_Alors, t'as déjà fait la moitié du boulot, ou je vais devoir tout faire moi-même ? dit-il avec un sourire en coin.

Je lui lance un regard amusé, levant un sourcil.

_Si tu veux vraiment m'aider, ça changerait.

Il hausse les épaules.

_Très bien, Madame Parfaite. On commence par quoi ?

Je sors mes notes de la ferme, essayant de garder mon sérieux malgré son regard qui, à chaque fois, semble vouloir tout remettre en question.

Nous commençons à travailler, mais très vite, les choses se compliquent. Descamps a une façon bien à lui de prendre des notes et de s'organiser, et ça me rend folle.

_Non, mais tu ne peux pas écrire les choses comme ça, on dirait que tu inventes ! je dis, exaspérée, en voyant ses notes.

Il lève les yeux au ciel, soupirant théâtralement.

_Ah, parce que toi, avec ton plan carré et tes titres en majuscules, c'est mieux peut-être ?

_C'est organisé ! C'est lisible ! je réplique en essayant de ne pas trop hausser la voix.

_Tu veux dire ennuyeux, c'est ça ? Il sourit, visiblement satisfait de me provoquer.

Nous continuons de nous renvoyer des remarques piquantes, jusqu'à ce qu'une voix nous interrompe.

_Eh bien...

Je tourne la tête et découvre Belkacem.

Ses yeux passent rapidement de moi à Descamps, et je peux deviner qu'il n'apprécie pas la scène.

_Belkacem, on travaille, donc si tu veux bien... dit Descamps, tentant de couper court.

_Oui, bien sûr, je vois ça, ironise-t-il.
Le grand Descamps et ses talents d'élève modèle.

Descamps serre la mâchoire, se redressant un peu, mais reste silencieux, préférant ignorer Belkacem, qui finit par s'éloigner.

_ Tu va le regretter un jour.
murmure Descamps en prenant une grande inspiration.

_ Ça veux dire quoi ça ? Demande Belkacem, qui avait l'air d'avoir entendu.

Descamps se lève.

_ Je veux travailler ! Dis-je en haussant le ton, Belkacem s'éloigne enfin, pour de bon.

Nous reprenons le travail dans un silence tendu. Au bout de quelques instants, je me penche en avant pour prendre le crayon, en même temps, Descamps se penche aussi pour saisir le même crayon.

J'attrape le crayon, mais lui, a attrapé ma main sans faire attention.

Nous échangeons un regard, un mélange de surprise et d'embarras. Finalement, je romps le contact en retirant ma main, mes joues rougissant légèrement.

_Euh... désolée.
Il répond , un sourire en coin, comme s'il trouvait la situation à la fois amusante et embarrassante.

_Pas de souci.
Balbutiai-je, évitant son regard.

Un silence s'installe, et nous n'osons plus bouger.

Après un moment, Descamps rompt le silence, d'un ton un peu plus calme.

_J'imagine que la ferme t'a bien plu, non ?

_Oui, c'était... intéressant. Différent de nos habitudes.
j'avoue, un peu plus détendue.

Un bruit sec nous fait sursauter. La bibliothécaire vient de taper des mains.

_La bibliothèque ferme dans cinq minutes ! nous informe-t-elle.

Nous rangeons nos affaires en vitesse et sortons précipitamment. Une fois dehors, une fine pluie commence à tomber.

Descamps avait un parapluie dans la main droite, je descendais mes yeux vers le parapluie.

_ On se le partage ? Je demande.

Il l'ouvre et le met sous nos têtes, puis enfin,on continue notre chemin.

_ Ma maison n'est pas loin, je peux continuer seule, t'en fais pas.

_ Non, je te raccompagne.

_ J'ai pas besoin de garde du corps, tu sais ?

Il rigole, comme s'il se moquait de moi.

_ Bien sûr que si.

Je fronce les sourcils en souriant.
Après quelques minutes de marche, dans le silence, on arrive enfin devant chez moi.

_ Merci, bon et ben... À demain

_ À demain. Me sourit-il avant de reprendre la route.

_ C'est lui ? Descamps ? Ce garçon qui "t'énerve" temps et qui est absolument "insupportable" ?

Ma grande sœur Angelina était à une fenêtre de la maison, elle me regarde moqueuses. Je lève les yeux au ciel.

Je rentre finalement dans la maison et arrive dans le salon.
Ma sœur juste à quelques mètres de moi.

_ T'a un petit penchant pour les mauvais garçons ? Dit-elle en rigolant.

_ N'importe quoi ! Je t'ai dit Descamps est-

_ Énervant, agaçant, exaspérant, excédant, insupportable, horripilant, rageant,irritant, méchant, trop gamin ?

_ Tu va me faire tout les synonyme là ?! Arrête !

_ Certainement pas ! C'est drôle de te voir comme ça !

Sous les jupes des années 60 (Joseph Descamps)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant