c h a p i t r e 7

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DANS L'ŒIL DU CALME

Les journées qui suivent le combat passent lentement, comme si le temps lui-même s'était ralenti après l'explosion de violence. Il n'y a plus ce bruit constant dans ma tête, cette rage bouillonnante qui me pousse à tout casser. Non, pour la première fois depuis longtemps, je sens une sorte de calme, de lassitude presque. Le genre de fatigue qui vous tombe dessus après un trop-plein d'adrénaline.

Je suis affalé sur le canapé, une clope allumée entre les doigts. Le soleil filtre à travers les rideaux tirés, baignant la pièce d'une lumière douce et tamisée. J'ai une bière ouverte à mes côtés, le son d'une vieille playlist qui tourne doucement en fond. C'est l'une de ces journées où il n'y a rien à faire, rien à penser. Juste profiter du silence, du calme. Pas de Diego, pas de combats clandestins, pas d'ennuis immédiats. Juste moi, une clope, et cette foutue paix temporaire.

Ethan est assis sur une chaise près de la fenêtre, l'ordinateur sur les genoux. Il bosse, comme toujours. Ce mec ne s'arrête jamais, même quand tout semble s'effondrer autour de nous. Il n'a rien dit depuis ce matin, et franchement, je ne suis pas sûr d'avoir envie de parler non plus. On a tous les deux besoin de ce moment de répit.

Mais alors que je tire une latte, mon regard se pose sur lui. Un détail me frappe. Ethan a l'air... différent. Plus serein, presque tranquille. Un truc a changé. Je n'ai pas encore capté quoi, mais ça me titille. C'est peut-être le fait qu'il ait été accepté au S.W.A.T. Rome ? Peut-être qu'il a enfin un truc de stable dans ce bordel. Ou bien, est-ce qu'il se passe autre chose ?

Je le fixe un moment, puis je lance, d'une voix légèrement rauque :

— Alors, frère, t'es dans quoi là ?

Il lève les yeux de son écran, un sourire en coin.

— Rien d'important, juste des trucs à régler pour le boulot, dit-il en refermant l'ordinateur d'un geste tranquille. Et toi ? Ça va mieux depuis l'autre soir ?

Je souffle la fumée de ma clope en un long nuage, les yeux fixés sur le plafond.

— On va dire que j'ai connu pire, murmuré-je. Mais ouais, ça va.

Il hoche la tête sans insister. C'est ce que j'aime chez Ethan. Il sait quand il est temps de laisser tomber les questions. Parfois, on a juste besoin d'être là, de partager le silence.

Le téléphone de Samaël vibre sur la table. Elle est allongée dans la pièce à côté, sur mon lit, mais ne semble pas réagir. La scène de l'autre soir entre nous flotte encore dans l'air. Tout est calme entre nous, mais il y a cette tension, ce truc non résolu, qui pend entre nous comme une ombre.

J'écrase ma clope dans le cendrier, hésitant une seconde, puis je me redresse sur le canapé.

— Je vais prendre l'air, grogné-je en attrapant ma veste.

Ethan me jette un coup d'œil, mais il ne dit rien. Il sait que j'ai besoin de me dégourdir les jambes. Peut-être réfléchir un peu. La chaleur de l'air extérieur me frappe en plein visage alors que je sors dans la rue. Aujourd'hui il fait beau, tranquille, presque apaisant sous le soleil de fin d'après-midi.

Je marche sans vraiment savoir où je vais, juste pour échapper à l'atmosphère étouffante de l'appartement. L'air frais me fait du bien. Au bout d'un moment, je m'arrête dans un petit café. L'endroit est presque désert, juste un vieux couple assis à une table en train de discuter tranquillement. Je m'assois près de la fenêtre, commande un café, et m'adosse contre le dossier de ma chaise en soupirant.

Je laisse mon regard se perdre dans la rue. C'est l'une de ces journées où le monde semble tourner au ralenti, où même les problèmes semblent suspendus dans l'air. Je sors mon téléphone, hésite un instant, puis tape un message rapide à Ethan.

ROSTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant