c h a p i t r e 9

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JUSQU'AU BOUT DU CHAOS

Le réveil de mon téléphone vibre sur la table de nuit, affichant huit heures trente. Complètement immergé dans un sommeil lourd, je n'entends rien. Mon corps est étalé sur le lit, à moitié couvert d'un bas de survêtement, sans même avoir pris la peine de me glisser sous les draps. La porte de ma chambre est entrouverte, et l'odeur de café flotte dans l'air, chatouillant mes narines et m'arrachant progressivement à ce brouillard épais qui me garde prisonnier.

Avec un gémissement de fatigue, j'ouvre enfin les yeux, laissant la lumière filtrer à travers mes paupières lourdes. Neuf heures. Je me redresse à contrecœur, repoussant les draps d'un geste las avant de me saisir de mon paquet de clopes posé sur la table de nuit. J'attrape aussi mon briquet en argent, gravé d'un §, un vieux symbole chargé de souvenirs. C'était un cadeau de Cortez, une relique d'un passé que je n'ai jamais vraiment réussi à oublier.

Je m'extrais du lit, allumant la clope dès que mes pieds touchent le sol froid. Une première bouffée remplit mes poumons alors que je me traîne dans le couloir. La lumière de la cuisine se diffuse doucement dans l'appartement, et c'est là que je le vois.

Ethan, assis sur le comptoir, jambes pendantes, une tasse de café à la main. Il affiche un sourire amusé, clairement déjà réveillé depuis un moment.

— La belle au bois dormant se réveille enfin, lance-t-il en se moquant gentiment. Je t'ai pas entendu rentrer hier soir.

Je grogne, encore trop dans les vapes pour répondre avec légèreté.

— La prochaine fois, je viendrai tambouriner à ta porte, juste pour que tu le saches, rétorqué-je sèchement, un brin agacé.

Les matins n'ont jamais été mon fort. Ethan le sait bien et il ne s'en offusque pas. Un rire s'échappe de lui alors qu'il descend du comptoir pour me servir une tasse de café. Je lève un sourcil en signe de remerciement avant de prendre une gorgée brûlante.

Mais un bruit dans le couloir, comme une porte qui claque, me fige. L'appartement devrait être vide, à part nous. Mon regard se pose automatiquement sur Ethan, qui tente de dissimuler un rire nerveux.

— Bonjour, les garçons, dit une voix féminine derrière moi.

Je me retourne lentement, pour tomber nez à nez avec une blonde en train de reboutonner son chemisier, laissant deviner une silhouette élégante. Elle s'approche d'Ethan, une main posée négligemment sur son torse, et je reste figé, manquant de faire tomber ma cigarette.

— Ethan, murmure-t-elle avec un sourire en coin. Passe à mon bureau cet après-midi, qu'on parle de ce dossier...

La porte claque derrière elle, me laissant planté là, bouche bée, un sourire moqueur apparaissant sur mon visage.

— Ah ! Ça explique pourquoi tu m'as pas entendu rentrer hier soir ! Tu te tapes ta patronne, mec !

Ethan secoue la tête, mal à l'aise, mais il ne peut pas s'empêcher de sourire à son tour.

— Ta gueule, elle pourrait encore t'entendre ! répond-il en essayant de garder un minimum de sérieux.

Le silence retombe dans l'appartement après ça, seulement brisé par le bruit des gorgées de café. Mais Ethan finit par briser cette tranquillité.

— Et avec Cortez, t'en es où ? C'est reparti pour un tour ou c'est enfin fini ?

Sa question me frappe de plein fouet.

Je me fige dans ma réponse à Ethan, le regard perdu sur mes mains marquées par ces blessures que je m'inflige parfois sans vraiment comprendre pourquoi. Il me connaît assez pour savoir que quand je me replie ainsi, c'est que les choses sont plus compliquées que ce que je laisse entendre.

ROSTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant