Chapitre 10 : L'érèbe

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Le sous-sol semble exhaler une obscurité palpable, chaque particule d'ombre vibre avec une énergie malveillante, comme un prédateur silencieux, patient et affamé. L'air, lourd et chargé de miasmes, pue la peur animale mêlée à une cruauté sauvage, une orgie de terreur distillée dans ces entrailles vendues au désespoir.


Les néons clignotent, puis s'éteignent, se rallumant dans leur danse désordonnée, comme si des démons tiraient les fils de l'enfer pour leur propre amusement sordide. Ces éclats intermittents transforment les traits de Roberto Schmilder en une mascarade aberrante dont le masque de ferveur dominatrice s'est désintégré pour révéler un faciès marbré de terreur moite.

Roberto, jadis puissant, n'est plus qu'un esclave pathétique de son destin. Ses yeux, écarquillés, errent nerveusement dans le néant épais, espérant stupidement qu'il engloutisse sa terreur glaciale.

— Roberto, murmurai-je, chaque mot est craché avec l'acuité d'un scalpel frigorifique. Te souviens-tu des saloperies que tu as faites, des vies que tu as détruites, fils de pute ? Chaque note de ton existence perverse a guidé cette symphonie finale.

À ces mots, sa silhouette se fige dans une allure grotesque de honte étouffée, chaque pli de son visage blafard trahit une terreur viscérale. Les spasmes de ses lèvres ne donnent naissance qu'à des balbutiements pathétiques, les excuses se meurent dans sa gorge d'un nœud d'angoisse étranglé par la certitude de ses péchés inexpiables.

— Et maintenant, qu'est-ce qu'il te reste ? insinué-je, un sourire sinistre s'inscrivant contre ma propre bouche. As-tu vraiment pensé que ta sale peur suffirait à te sauver des hurlements innocents que tu étouffais pour ton putain d'amusement ?

Ma paix résolue brûle froidement dans mes veines, à chaque pas résonne l'écho impitoyable d'une sentence imminente, des battements sourds de l'inévitable horloge macabre où le temps ne pardonne plus. Sur un piédestal accablant repose une table méticuleusement dressée pour l'abattoir de son âme, ornée d'une sinistre parade d'outils cruels de tourments, chaque reflet métallique scintillant comme un serment vengeur.

— Tu attends une pitié quelconque, grosse merde ? Ironisé-je, une allusion mordante dans ma question. Toi, l'artisan de l'effroi, n'as jamais connu l'indulgence. Toi, le roi de l'horreur, de l'indulgence ne t'en as jamais connu. Ce masque humain que tu portes n'est qu'un putain de déguisement fragile, dissimulant la pourriture sous-jacente.

L'un de mes acolytes, silencieux comme la justice aveugle, avance avec une seringue, l'éclat de l'acide vibrant jaunâtre comme une promesse de dissolution. L'instrument de son expiation est passé entre mes mains avec une cérémonie obsédante, chaque seconde accentuant l'horrible destin attendant Roberto.

— Ce moment immaculé, précipitai-je d'une voix empoisonnée de méchanceté. Quand cet acide te lacérera, un maître impersonnel déchirant son chien. Tu laisses échapper des plaintes futiles d'une éternité d'agonie que tu as forgée de tes mains.

Une odeur repoussante envahit la pièce, un effluve de brûlé et de produits chimiques qui agresse les narines et s'imprègne dans l'air environnant. Cette puanteur visqueuse, omniprésente, contribue à une atmosphère irrespirable, digne d'une scène infernale où l'air semble lui-même se contracter de dégoût. L'acide dévore la chair de Roberto, générant une fumée blanche qui s'élève lentement, enveloppant l'espace dans un nuage toxique et irrévocable.

— Réfléchis à chaque seconde de cette dernière heure volée, un murmure énergique comme le liquide brûlant assiège sa chair avec une morsure sibilante et impitoyable. Remémore-toi les vies innocentes que tu as détruites, englouties dans les ténèbres.

Sa peau se recouvre d'un mélange gluant de sueur froide et d'acide. Le liquide corrosif s'insinue dans chaque pore, se frayant un chemin avec une précision funeste. Ses supplications étouffées viennent s'ajouter au crépitement aveuglant de l'acide, fusant sur sa chair avec une persistance effrénée. Une toile pesante de souvenirs oppressant l'homme enchaîné. Pourtant, évitons de plonger dans les méandres de son esprit torturé.


— Garde tes hurlements, déclarai-je implacable, chaque énoncé un pont hérissé entre la démence et le châtiment. Il n'est plus de refuge ici, Roberto. Ta souffrance représente l'unique rémission que je daigne te permettre, une liturgie terrifiante jouée à l'infini.

Une faim inhumaine bouillonne dans ma psyché, alimentant la ferveur furieuse et implacable de ma détermination. Ma peau fond comme un catalyseur malveillant de sa quête étanche pour transcender le statu quo d'un univers aveugle aux supplices des âmes innocentes. Dans la forteresse hérissée de vengeance, il n'y a pas de rémission ni remerciement, simplement l'âpre vérité de la punition éternelle.

Le premier acte sanguinaire n'était qu'un prélude. Dans le théâtre sombre de cet autel de justice, l'horreur prend toute sa mesure. La pièce est enveloppée d'une obscurité presque palpable, à peine percée par la lumière clinique et vacillante des néons, laissant des ombres inquiétantes danser sur les murs de béton rugueux. Une odeur métallique de fer emplit l'air, mêlée à un relent acide de peur et de sueur. Je saisis un scalpel, son métal brillant éclatant dans l'ombre, chaque reflet animé par des éclairs argentés rappelant un rituel macabre.

Le cœur battant, j'avance vers Roberto, chaque pas résonnant dans le silence oppressant comme le glas funèbre d'un destin inéluctable. La texture froide et lisse du scalpel contre ma paume contraste étrangement avec la chaleur poisseuse de ma peau. Roberto, malgré sa peine gravée dans ses traits crispés, sait qu'il n'en a pas fini avec son calvaire. Ses poings liés tremblent légèrement, sa respiration haletante rythme une mélopée lugubre, chaque expiration soulevant un nuage de condensation fantomatique.

Je m'approche lentement, sentant le frisson glacé de la lame résonner dans ma main. Avec une précision chirurgicale acquise par une détermination implacable, je plonge le scalpel dans sa chair. La résistance initiale de ses tissus cède, la lame s'insinuant avec une inéluctabilité terrible, libérant un flot de sang rouge, d'abord vif, éclatant sous la lumière puis s'assombrissant en voies sinueuses dessinées par la gravité. Chaque coupure est un message, chaque incision une révélation cruelle gravée dans sa peau, un journal macabre de son propre jugement.

Le liquide pourpre jaillit en pulsations régulières, éclaboussant mes doigts d'une chaleur écœurante, un lien vermeil et visqueux nous unissant temporairement dans cette danse macabre. L'odeur ferreuse du sang envahit mes narines, enivrant et lourd, un parfum des enfers où justice doit être rendue.

— Roberto, chaque coup de scalpel que tu ressens, murmuré-je, est une réminiscence de la souffrance que tu as infligée. Chaque cri que tu pousses est un acte de contrition pour ceux qui ne peuvent plus crier.

Il s'effondre peu à peu sous la douleur, sa chair cédant à la douce démence de la lame. Ses yeux, expressifs même sous leur cécité naissante, remplis d'une teinte vitreuses, supplient, cherchent un ersatz de répit ou de pitié dans mon regard impitoyable. Les larmes qui coulent sur ses joues se mêlent à la sueur glacée et au sang, formant un ruisseau mêlé de désespoir et de supplication muette.

L'indifférence teintée de sadisme qui me hante me pousse à poursuivre ce chemin de cruauté délibérée. Je saisis sans ménagement une pince, luisant d'une sinistre lueur métallique sous la lumière blafarde, et la dirige lentement, inexorablement, vers sa seconde orbite oculaire. Là où la terreur la plus viscérale se mêle à la résignation.

— Te priver de la lumière est un acte de miséricorde par rapport à la noirceur de ton être, lui dis-je en arrachant l'œil de son orbite, la douleur fulgurante rayonnant à travers ses hurlements désespérés. Le son de la déchirure se mêle à ses cris, une musique discordante de souffrance absolue, tandis que son essence même semble être drainée par la vacuité béante laissée dans son crâne.

Under The raven's featherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant