Under The raven's feather

Chapitre 12 : Héméra

En ouvrant les yeux ce matin, je me suis immédiatement souvenue de l'excursion programmée avec notre cours d'histoire de l'art. Une visite au musée d'archéologie. Je suis à la fois excitée et nerveuse. Excitée parce que ce genre de sorties représente une échappatoire à la monotonie quotidienne ; nerveuse parce que, comme d'habitude, je sais que je vais me retrouver seule, perdue dans une mer de camarades qui, pour une raison que j'ignore, préfèrent m'éviter.

Je me redresse dans mon lit, chassant ces pensées. Le soleil s'infiltre déjà à travers les stores, caressant le parquet de ma chambre d'étudiants. Après une douche rapide, je me faufile dans mes vêtements : un jean confortable et un pull douillet – rien de sophistiqué, juste de quoi être à l'aise pour arpenter les salles du musée.

En attrapant mon sac, je jette un regard dans le miroir.

-Tu peux le faire, murmuré-je à mon reflet.

Ce n'est pas un discours de motivation, juste une tentative d'auto-assurance.

Le trajet jusqu'à l'université est comme d'habitude sans incident. Je franchis les portes de l'établissement, où une poignée d'étudiants traînent encore, engageant des conversations animées ou se réfugiant dans leurs écouteurs. Moi, je me fonds dans le décor, glissant discrètement vers le point de rendez-vous pour notre excursion.

Une fois au point de rassemblement, je m'assure de rester légèrement en retrait, sans pour autant être à l'écart. Les autres discutent déjà de diverses banalités.

- Tu as vu la dernière exposition à la galerie d'art ? demande-t-elle, une camarade en particulier.

- Oui, c'était fascinant, surtout la section sur l'art abstrait, répond son interlocuteur, visiblement passionné.

Je souris intérieurement. Par moments, je rêve d'être incluse dans de telles discussions, de partager mes pensées et de tisser des liens. Mais je sais que ce n'est pas aussi simple...

Bientôt, le bus arrive. Comme prévu, je monte parmi les premiers, espérant secrètement qu'aujourd'hui, quelqu'un viendra s'asseoir à côté de moi. Je choisis une place côté fenêtre, déballant un livre que j'avais retenu à la bibliothèque la veille. Mais, comme je m'y attendais, les sièges autour de moi restent vides, une barrière invisible.

Le voyage se déroule dans le bruit de conversations enthousiastes et de rires flottants. Moi, je plonge dans mon livre, un récit captivant sur les civilisations anciennes. C'est en partie pour ça que j'anticipe tant cette visite au musée. Plongée dans mes pensées, je ne m'aperçois pas que nous arrivons déjà.

L'architecture du musée d'archéologie est imposante, ses murs de pierre dressés fièrement, comme défiant les siècles. Je contemple les sculptures du hall d'entrée, émerveillée. Ici, je me sens à l'aise, entourée d'histoires silencieuses.

Le professeur nous accueille à l'entrée.

-N'oubliez pas de prêter attention aux pièces maîtresses, et sentez-vous libre de poser des questions aux guides présents, nous rappelle-t-il avec un sourire accueillant.

Je m'engage dans les salles, m'arrêtant devant chaque vitrine, examinant les fragments de poteries anciennes, les statuettes usées par le temps. À un moment, je m'attarde devant une fresque étonnante, ses couleurs érodées par les années. Une guide, une femme à l'air bienveillant, s'approche.

- C'est vraiment quelque chose, hein ? Cette fresque dépeint un rituel sacré. Avez-vous des questions à son sujet ?

C'est une invitation que je ne rejette jamais.

-En fait, oui, dis-je avec un enthousiasme à peine contenu. Pourquoi les figures centrales sont-elles représentées avec des visages si effacés?

La guide sourit, piégée elle-même par l'enchantement de l'œuvre.

- Ah, c'est un mystère en soi. Certains disent que c'est volontaire, une manière de symboliser le divin qui prend des formes diverses.

Je hoche la tête, absorbant l'information.

- Merci, c'est fascinant, ajouté-je, sincère.

Alors que la visite se poursuit, je me fonds dans le groupe, écoutant les échanges entre les étudiants et les guides, intervenant parfois timidement.