9. Volta

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Gabriel avait enchaîné les journées interminables. Lui qui ne dormait déjà pas beaucoup ! Ses amis — puis en particulier sa mère, qui était de plus en plus inquiète — lui reprochaient souvent de ressembler à un véritable zombie et il avait du mal à se défendre en prétextant que tout allait parfaitement.

Cernes, teint blafard, cheveux en pagaille, son état avait inquiété plus d'une personne pendant qu'il était à Matignon. Et maintenant qu'il était au poste suprême, mais encerclé par ses ennemis, il n'était pas serein quant à la manière dont il allait s'en sortir. S'il s'en sortait.

Son déplacement, bien que passionnant, lui avait semblé interminable. Déjà, parce que serrer des mains toute la journée et entendre à longueur de temps que son mandat allait être difficile — tout le monde venait avec un air de chien battu le consoler ! "Courage, Monsieur le Président, tenez bon !", l'agaçait. Facile à dire ! Tout ça l'énervait de plus en plus, ce n'était que sa première semaine !

Mais il mettait ça sur le coup de l'émotion, les élections venaient tout juste de s'achever...Peut-être que la situation s'arrangerait...Mais Gabriel n'avait pas beaucoup d'espoir.

La deuxième raison de cette volonté de rentrer plus tôt chez lui, avait deux oreilles pointues, le poil épais et une fâcheuse tendance à fracasser ses vases en courant partout sans se soucier de son environnement. Volta.

Habituellement, lors de ses déplacements, elle restait à Matignon et sa sœur venait parfois la sortir. Désormais, elle gambadait dans le jardin de l'Élysée, sous l'œil attentif des équipes de Gabriel.

Mais pas cette fois, non. Cette fois, Volta avait gagné un billet nostalgie pour Matignon et Jordan des heures de sommeil en moins ! Jackpot ! Cadeau de bienvenue !

Le premier jour, Gabriel avait tendu la laisse au bout de laquelle une Volta surexcitée commençait déjà à bouger dans tous les sens, à un Jordan presque pétrifié.

Le Premier ministre aimait bien les animaux mais l'espèce de mammouth qu'il avait en face de lui ne semblait pas le rassurer pour autant. Le Président s'était immédiatement éclipsé, lui laissant tout un tas d'indications, avant que Jordan ne revienne sur sa parole et le rattrape pour lui refiler son rejeton de force.

Le soir même, Gabriel avait demandé des nouvelles à Jordan, un simple "toujours vivant ?" pour s'assurer que ni l'un ni l'autre n'avait entreprit une quelconque opération de destruction.

"Vous parlez d'elle ou de moi ?"

"Vous avez l'air vivant, donc je dirais elle"

Jordan lui avait alors envoyé une photo de Volta en guise de réponse, qui était étendue de tout son long sur le fameux canapé du salon de Matignon, les oreilles dressées et la langue sortie. Elle avait l'air heureuse, en tout cas.

En voyant un coussin par terre et de la paperasse sur le sol au fond du champ, Gabriel n'avait pas pu s'empêcher de sourire. Elle allait lui mener la vie dure et rien que pour ça, le Président se promit de lui offrir une double ration de croquettes à son retour.

Il avait alors éteint son téléphone, apaisé. Que Jordan se débrouille, maintenant ! Dire qu'il avait voulu le prendre de haut avec son Verstappen...Gabriel l'avait bien eu — tu as juste eu de la chance, souffla son esprit. Mais il faut toujours un peu de chance dans la vie, non ?

Gabriel était désormais sur le chemin du retour après quatre jours d'absence, pour voir de ses propres yeux ce que donnaient ces maigres jours d'un Bardella seul face à une Volta en pleine possession de ses moyens. Elle qui adorait rencontrer du monde, elle avait dû être ravie !

PARADOXE [Jordan Bardella & Gabriel Attal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant