Valentino
Si Hunter me voyait comme ça, il se paierait ma tronche pour le reste de l'année. Me voilà, le visage criblé de barrettes roses et paillettes à cause de la petite merdeuse qui vient de passer exactement dix-huit minutes et cinquante-cinq secondes à me coiffer. Enfin, le plus crétin des deux, c'est moi : je n'avais pas qu'à accepter. Le souci, c'est qu'elle m'a eu avec sa connerie de pipe. J'ai rigolé. Vraiment. Pour de vrai. Du coup, j'en ai conclu qu'elle avait gagné le droit de s'occuper de ma tignasse.
Et par « s'occuper de ma tignasse » j'imaginais un coup de peigne, un pseudo-sèche-cheveux et un spray d'eau en guise de laque. Mais non. Maintenant, j'ai une forêt de barrettes roses dans les cheveux. Va vraiment falloir que je me reprenne.
— Tonton Val ?
La petite voix de la gamine interrompt mes pensées.
— Hum ?
— Il y a ce garçon qui me plaît... Andrel.
Je me retourne, un sourcil levé.
— Mais tu as quel âge, toi ?
— Bientôt sept ans !
Je souffle, un peu décontenancé. Cette gamine a déjà des crushs... on va où, là ? À son âge, c'est à peine si je regardais les filles. Moi, j'étais plutôt du genre à voler les cartes Pokémon des copains dans la cour, à magouiller pour gagner des billes en imposant mes propres règles. Ma famille était plus du style à m'apprendre l'art de la persuasion. Fils de mafieux ...
— Eh ! Oh ! Tu m'écoutes ? s'énerve-t-elle.
— Oui, oui...
— T'as entendu ce que j'ai dit, alors ?
Eh merde. Je crois qu'elle a parlé du garçon et de Noël... Je me souviens vaguement qu'elle voulait savoir quoi lui offrir. Elle confirme.
— Mais pourquoi tu veux lui offrir un truc ?
— Parce que c'est mon amoureux...
Je hausse les épaules. Lylia se plante devant moi, me dévisage avec un sérieux à faire peur, attrape un faux rouge à lèvres (enfin j'espère que c'est faux) et commence à me tartiner la bouche.
Et je me laisse faire... Je suis vraiment devenu un marshmallow.
— Un dessin, peut-être ? suggère-je, avec espoir.
Elle soupire, exaspérée.
— J'ai pas quatre ans, hein !
Juste au moment où je m'apprête à lui répondre, la porte s'ouvre. Mikaëla est là, les yeux ronds, les lèvres pincées pour ne pas exploser de rire. Elle a doit bien s'amuser à me voir, assis sur une chaise miniature, le dos voûté, les jambes écartées pour éviter de basculer, les cheveux en arc-en-ciel de barrettes. Mais au moins, elle a la décence de retenir son fou rire.
— On va aller faire un peu de luge, d'accord ? Papa ne rentre pas tout de suite, l'informe la fleuriste, un large sourire sur ses lèvres maquillées. Tu te prépares ?
Lylia acquiesce. Je me lève, accueil avec joie cette fin de torture m'empresse d'aller dans la salle de bain afin de voir ma tronche.
Aïe, ça pique.
Pas de doute, je ressemble plus à une licorne à barbe qu'à un mafieux italien. Couverture validée.
Alors que je tire sur une barrette, un rire me parvient. Dans le miroir, je croise le reflet de Mikaëla. Elle s'avance après m'avoir demandé l'autorisation et se place dans mon dos.
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J'ai kidnappé un mafieux pour Noël
RomanceMichaela veut offrir à sa mère le plus beau cadeau de Noël : tous ses enfants réunis autour du sapin. Mais chaque année, son frère Enzo manque à l'appel, trop absorbé par son travail. Décidée à changer la donne, la fleuriste élabore un plan audac...