Chapitre 9 : EDMOND 💙

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Je reprends le contrôle quand nous franchissons le portail du lycée afin d'en sortir. Cassie n'est pas loin, je sens sa légèreté m'impacter et je dois y faire très attention car elle peut me submerger en quelques secondes. J'avance un peu, m'éloignant de la foule et de la fumée de leurs cigarettes. Quelle triste génération.

Je m'adosse au mur et tapote sur mon portable ; j'essaie de trouver une définition que je n'ai pas comprise en cours. La structure... Qu'était-ce, déjà ? La structure socioprofessionnelle, peut-être. Après quelques recherches, j'en déduis qu'il s'agit de la répartition de la population active parmi les types d'emploi, ou catégories socio-professionnelles. Ce n'était pas bien compliqué, mais je n'aime pas la manière dont le professeur nous l'explique. Il se crée des noeuds au cerveau et par la même occasion nous en impose pour rien.

Attiré par quelque chose, je tourne la tête vers la droite ; je remarque alors un jeune homme non loin de moi. Qui me fixe. Il a les cheveux d'un noir de jais et du vernis écaillé. Le nez un peu busqué, des piercings et un trait au sourcil. Mais surtout, des yeux d'un bleu... céleste. Il porte un pull vert foncé. Cassie s'agite au fur et à mesure qu'il s'approche, mais je compte bien rester au front.

En voyant qu'il ne s'arrête pas, mon premier réflexe est de reculer, or je refuse de lui donner cette satisfaction, bien que je ne le connaisse pas. Il ne m'a pas l'air très appréciable. Puis je me rappelle que je suis contre le mur, donc que je serai moins avantagé. Mon regard se glace, mes sourcils se froncent. Il finit par s'arrêter à quelques centimètres, et une odeur de cigarette m'emplît les narines.

Le monde semble s'arrêter. Ce moment est comme hors du temps. Après quelques secondes qui me paraissent interminables, il esquisse un rictus et je me penche sur le côté pour tousser ; quelle odeur infâme. Lorsque je me redresse, je m'écarte de lui en longeant le mur.

- Salut. » dit-il, amusé.

Je lève les yeux au ciel et me retourne pour m'en aller, or il m'interpelle.

- T'as mon pull ?

À cause de ma colère croissante, dans un instant d'inattention, j'en oublie de réprimer Cassie.

- C'est un sweat-shirt, pas un pull. » rétorque-t-elle.

Il a un petit rire rauque puis s'éclaircit la gorge.

- C'est ça de fumer, mon vieux. » lâché-je d'un ton froid.
- C'est comme ça que tu me remercies ? » geint-il comme s'il était blessé.

Cette fois, je tourne les talons, or il me suit et commence à marcher avec moi, tout sourire.

- Tu ne comptes pas me suivre, j'espère ? » m'enquis-je.
- Si. Jusqu'à chez toi, comme ça j'aurai ton adresse.

Je m'arrête brusquement et le repousse ; je fais de mon mieux pour ne rien montrer de ma surprise quand je me rends compte qu'il est plus fort que ce que je pensais et qu'il a l'air musclé.

- Doucement, tu vas te briser un os. » ricane-t-il.
- Ta gueule. Ton pull, tu l'auras quand je serai rentré chez moi parce que je ne peux pas claquer des doigts pour le faire apparaître.
- Mon sweat-shirt, tu veux dire ?

Il n'a même pas réagi à mon « ta gueule » alors que ça m'aurait mit en rogne.

- On s'en fout. Tu le récupéreras demain, je l'aurai avec moi si je ne l'ai pas encore jeté. » grincé-je.
- T'as plutôt intérêt à l'avoir gardé intact, sinon je vais au commissariat.
- Ils n'en ont rien à carrer d'un pauvre sweat-shirt. Tu n'avais qu'à pas me le donner.
- Qu'est-ce que t'es rude. Je suis tout doux pourtant.

L'ignorant délibérément, je continue ma route en m'assurant qu'il ne me suive pas ; fort heureusement, il reste planté comme un piquet. Je ne suis pas sûr que j'aurai réussi à m'en débarrasser seul.

Edmond ! Retourne le voir.

- T'es folle ou quoi, Cass'... » marmonné-je.

Il a l'air triste, reste avec lui.

- Rien à battre.


Originalement écrit le 10 novembre 2024.

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