Chapitre 2 : CASSIE 💛

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Tw : allusions s3xuelles (mais aucune mention ni acte), mentions d'idées noires.

J'ai beau ne pas savoir ce que je fais au contrôle, je sais au moins que le garçon face à moi veut me transmettre un message. Une parcelle de chair m'est exposée, et elle ne fait que de s'élargir. Si c'est ce qu'il souhaite, je le lui donnerai. Après tout, nous n'avons aucun but dans la vie, et la douleur que j'éprouve au niveau de mon cœur me murmure que nous étions sur le point de nous envoler. Autant lui donner ce qu'il désire. Autant servir à quelque chose.

Je m'avance d'un pas vers lui, un sourire maladroit plaqué sur mes lèvres. Puis je m'immobilise. Mon instinct se modifie, ternit. Non. Ce n'est pas cela qu'il attend de moi. Mais alors, que fait-il ? Un bout de t-shirt assombrit alors toute la chair qui m'était visible, et une partie de moi se renfrogne. Que me veut-il, à la fin ? Je m'impatiente, trépigne, croise les bras. Mon attitude me fait sûrement ressembler à une fillette pourrie gâtée.

Il retire alors son sweat-shirt, conservant un t-shirt noir sur lequel la vignette d'un groupe de rock est imprimé. Ses cheveux, dorénavant ébouriffés, m'insufflent d'y passer la main pour les ordonner. Mais avant que je puisse les atteindre, il me tend son vêtement dans un silence des plus complets. Dubitative, ma main reste suspendue dans l'air, sans attaches. Ce moment de flottement ne dure pas ; d'un geste doux, il me saisit la main et son contact chaud me submerge comme une vague d'affection ; je me sens rassurée, en sécurité. Le garçon y fourre un pan de son sweat-shirt puis me ferme le poing. Une fois que je m'empare du tissu, bien serré dans ma poigne, il s'éloigne à pas lents, jusqu'à s'effacer à l'horizon.

Je baisse les yeux sur le sweat-shirt, mais au lieu de le détailler du regard, je tombe sur ma propre tenue. Un rire nerveux s'échappe de ma gorge, puis un vague souvenir me revient. Une image du corps détalant dans les couloirs du lycée. Je fronce les sourcils et secoue la tête ; de toute manière, aucun de mes pseudo-souvenirs ne finit par s'éclaircir. J'aurai beau me concentrer, je n'en obtiendrai rien de plus qu'un farouche mal de crâne.

Le haut rouge en dentelle laisse transparaître la poitrine du corps, qui apparaît proéminente par cette illusion.
Victoria, tu en as, des idées bizarres.
Ensuite, une minijupe noire nous enserre les cuisses, puis un collant qui me fait penser à un filet de pêche complète les bottes que beaucoup qualifieraient de « gothiques ». Je hausse les épaules en guise d'auto-réaction ; si je ne réagis pas physiquement, j'éprouve un blocage et mon taux de stress monte au fur et à mesure que je reste sans réaction.

D'un point de vue personnel, cette tenue ne m'est pas déplaisante. Je ne m'y sens ni à l'aise, ni mal à l'aise. En revanche, je me demande à quel moment je vais sentir à quel point tout ça me comprime le corps. Et... si je n'avais pas à le sentir ? Les bêtises de Victoria n'ont pas à m'impacter. Résignée, j'enfile le sweat-shirt puis je retire tous les ornements que Victoria a utilisés pour déguiser le corps, qui, au passage, n'a pas à être un sapin de Noël.

Une odeur de fumée me monte ensuite à la tête... Néanmoins, elle ne me dérange pas. Au contraire, je l'aime. Je veux pouvoir la sentir tous les jours de ma misérable vie. Je porte le tissu à mon nez et inspire profondément, laissant l'odeur se diffuser. Il n'y a pas que de la fumée dans ce parfum, mais je ne saurai dire ce qu'il y a d'autre. Ce que je sais, c'est que je veux le revoir. Je vais le revoir. Car j'ai besoin de le revoir.

J'ai toujours su que je m'attachais trop rapidement, c'est même devenu l'une de mes caractéristiques chaque fois que quelqu'un souhaite me décrire. Mais ça ne me pose pas de problème, c'est ce que je suis, que ça plaise ou non.

Légère et enivrée par l'odeur capiteuse, je dépose les habits de Victoria au sommet d'une poubelle puis plonge mes mains dans la poche kangourou du sweat-shirt. J'y trouve alors un lecteur mp3 ; sûrement celui d'Edmond. Il tient à son vintage... Je décide de porter à mes oreilles les écouteurs filaires et de lancer le lecteur, curieuse, puis commence à tournoyer lorsque les premières notes de Porque Te Vas retentissent. J'exécute quelques pas de danse, ignorant complètement les passants qui me prennent pour une camée. L'une d'eux, une femme, s'immobilise et je vois sa bouche s'agiter nerveusement.

- Oui, c'est moi, c'est Cassie ! » dis-je en riant, sans entendre un seul mot de ce qu'elle me dit. Après m'être approchée d'elle, je lui saisis les mains et commence à la faire tourner, or elle me repousse fermement. Et c'est à ce moment que je heurte ce qui semble être le torse d'un homme. Ma soudaine joie de vivre s'estompe aussi vite que la femme au loin, qui peste. Je n'ose pas me retourner. Je retire cependant un écouteur lorsque je ressens les vibrations graves d'une voix contre mon dos.

- Cassie, donc... » Il me dit quelque chose. Je me retourne lentement, et m'écarte de quelques pas. Cette proximité avec un professeur, peut-être pas. Je plisse les yeux, ne parvenant ni à identifier la matière qu'il enseigne ni à quel moment je l'ai vu. Il pouffe, et je croise les bras.

- Je vous fais rire ?
- Vous devriez vous voir.

Vexée, je me retourne et commence à m'éloigner.

- Alice Ellis, n'est-ce pas ?

Je poursuis ma route, encore plus énervée.

- C'est à vous, ces vêtements-là ?

Quand il prend conscience que je n'ai pas l'intention de m'arrêter, il me rattrape à grands pas.

- Je ne pense pas que vous soyez en état de rentrer en sécurité.
- Super.

Il lève les yeux au ciel.

- Je suis sérieux, Alice.

Il me donne envie de lui arracher les cordes vocales.

- Je suis sérieux... Cassie.

Là, je m'immobilise. Que dois-je faire, dans cette situation ? Masking, masking... me susurre un souvenir.

- Cassie ? Depuis quand ? » dis-je en me forçant à arquer un sourcil.
- C'est ce que vous... oubliez. Tenez. » Il me tend mes vêtements sales. Ceux de Victoria. Leur odeur me répugne.
- Merci. » J'avance de quelques pas.
- Vous ne semblez pas être en état de...
- Ça ira, merci. » le coupé-je, courant à moitié. Je n'ai rien compris à ce qui vient de se passer, mais ce que je sais, c'est que j'éprouve de l'embarras.


Originalement écrit les 11-12-13 septembre 2024.

Alice's & le TDI [HISTOIRE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant