La Couronne de Ronces [Tome 1]

Chapitre 10

Mercredi 25 septembre, complexes universitaires, Lou:

Lou se tenait là, vêtue de vêtements humides, ses cheveux encore mouillés de la douche, ses mains serrant désespérément le tissu contre sa poitrine. La journée qui avait si bien commencé s'était rapidement transformée en un véritable cauchemar.

Elle frissonna, sentant le froid mordant de l'air automnal s'infiltrer à travers ses vêtements. La brise glaciale semblait se jouer d'elle, rendant chaque mouvement encore plus pénible. Elle avait froid, un froid qui s'insinuait jusque dans ses os, la rendant presque incapable de penser clairement.

L'athlète devait rentrer à pied, une tâche qui paraissait insurmontable après cette fin de journée. Le bus qu'elle avait prévu de prendre était déjà parti, emportant avec lui l'espoir d'une fin de journée un peu plus rapide et moins éprouvante.

Les rues se vidaient lentement, les étudiants et les professeurs quittant le campus pour rentrer chez eux. La Collins se sentait de plus en plus isolée, sa solitude accentuée par le silence oppressant qui l'entourait. Elle resserra son emprise sur ses vêtements, essayant de conserver un peu de chaleur, mais c'était peine perdue.

Lou repensait à ce moment avec Iris, et admettre qu'elle ne la détestait pas aurait été un mensonge. Elle revoyait la scène dans son esprit, chaque détail amplifié par la lueur crue de la mémoire. La poigne de la blonde, ce regard perçant, cette proximité troublante... Chaque souvenir ravivait en elle une colère sourde, mais teintée d'autre chose, une sensation qui la déconcertait.

Comment avait-elle pu rester figée comme une spectatrice de sa propre scène ? Elle, Lou Collins, si prompte à répondre, à riposter lorsque quelque chose ne lui plaisait pas, s'était retrouvée figée, presque hypnotisée par ces yeux verts intenses, comme si tout son être avait été suspendu au moindre mouvement d'Iris.

Un conflit la déchirait. D'un côté, une colère vive, légitime, qui lui rappelait combien la cheerleader avait toujours été une épine dans son existence, une force d'opposition et de rivalité qu'elle ne parvenait pas à comprendre. Et pourtant, au cœur même de cette hostilité brûlait une autre sensation, plus subtile et dérangeante, comme une flamme douce qui venait contrarier sa rage.

Elle secoua la tête aux souvenirs, alignant ses pas en direction du parking, passant par un petit raccourci qui lui évitait de traverser l'ensemble de l'université. Alors qu'elle se préparait mentalement à affronter le long chemin du retour, une voix familière la tira de ses pensées sombres.

— Lou ? Que s'est-il passé ?

Elle se retourna pour voir Jiny, son visage empreint de surprise et de compassion. Elle s'approcha rapidement, son regard inquiet parcourant le corps de son amie.

— Tu vas bien ? demanda Jiny, sa voix douce et inquiète.

— Oui C'est... Ce n'est rien, balbutia-t-elle, sa voix tremblante. Juste un petit accident, ajouta-t-elle en haussant les épaules.

La blonde plissa les yeux, clairement peu convaincue par cette explication. Elle regarda la brunette, refusant de laisser son amie dans cet état. Ses lèvres se pressèrent en une fine ligne de résolution. Elle ne dit pas un mot de plus, mais son regard en disait long sur sa décision.

Sans hésitation, elle retira sa veste en cuir, la déposant délicatement sur les épaules tremblantes de la coureuse. La chaleur du vêtement apporta un réconfort immédiat à Lou.

Celle-ci leva les yeux, rencontrant le regard rassurant de sa camarade. Elle voulut protester, dire que ce n'était pas nécessaire, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Elle se contenta de hocher la tête en signe de remerciement.