Chapitre 8

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Tw: Violence physique brève

Lundi 23 septembre, jardin universitaire, Lou:

Lou avançait, presque machinalement. Les jardins de l'université, pourtant apaisants d'ordinaire, semblaient étirer le temps et l'espace, comme si la route ne menait nulle part. Les pavés, disposés avec une précision géométrique, semblaient former une boucle inévitable, la ramenant sans cesse au même point, autant physiquement que mentalement.

Les feuilles aux teintes rougeoyantes et dorées bruissaient faiblement sous la brise légère, contrastant avec la lourdeur de ses pensées. Elle porta une main fatiguée à son visage, effleurant ses cernes.

Le soleil de ce début d'automne californien n'était pas clément aujourd'hui ; il frappait avec une intensité inhabituelle pour la saison et la zone montagneuse, rendant chaque pas plus pesant, chaque pensée plus accablante.

Elle passa devant un groupe d'étudiants assis sur la pelouse, leurs rires et discussions insouciants résonnant dans l'air. Un court instant, elle se surprit à les envier, aspirant à cette légèreté, à cette simplicité de la vie que, depuis quelque temps, elle semblait avoir perdue.

Elle soupira en ajustant son sac à dos sur une épaule, tentant de se préparer mentalement pour les cours à venir. Soudain, elle perçut des pas derrière elle, d'abord distants, puis de plus en plus pressés. Un cliquetis métallique ponctuait chaque pas, un bruit irritant qui la fit tressaillir. Le son se rapprochait, comme une menace silencieuse. Son cœur accéléra, une sensation désagréable s'installant dans sa poitrine.

Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, scrutant l'allée derrière elle. Parmi les étudiants, une silhouette se détachait, différente des autres. Cette démarche rapide, assurée, et surtout ces talons hauts au cliquetis agaçant... Cela ne pouvait être qu'une seule personne : Iris.

— Eh, sale gouine ! cria-t-elle, sa voix tranchant à travers le brouhaha ambiant. Son sourire narquois et ses yeux perçants mirent immédiatement Lou en alerte.

La brunette haussa un sourcil, stupéfaite par l'agression soudaine et gratuite. Ses poings se serrèrent d'instinct, tandis qu'elle essayait de calmer l'angoisse qui pulsait dans sa poitrine. Elle n'avait aucune envie d'affronter Iris aujourd'hui, pas après un week-end aussi épuisant. Elle inspira profondément, cherchant à maîtriser ses émotions, mais les battements frénétiques de son cœur trahissaient son trouble.

Finalement, elle se retourna, ses yeux brillants de colère, résolue à ne pas se laisser intimider. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, elle sentit la main de sa camarade s'abattre sur sa joue, son visage pivotant sous l'impact. Le bruit sec de la gifle résonna dans l'air, bien plus frappant que la douleur elle-même.

L'athlète resta figée, la bouche entrouverte, le souffle coupé, le monde semblant suspendu autour d'elle. Un mélange de stupéfaction et de rage bouillait en elle, rendant le silence qui suivit encore plus oppressant.

La gifle résonna encore dans l'esprit de Lou, mais ce n'était pas la douleur physique qui l'atteignait le plus : c'était l'humiliation, le choc d'avoir été attaquée si publiquement et si gratuitement. Elle porta sa main à sa joue, son cœur battant furieusement, tentant de calmer cette brûlure nouvelle.

— Mais ça va pas ! s'exclama-t-elle, sa voix trahissant la surprise et la fureur mêlées.

La cheerleader se tenait là, les bras croisés, son sourire cruel imprimé sur son visage comme une victoire éclatante. Dans ses yeux, Lou pouvait lire une satisfaction perverse, un plaisir à la voir souffrir et se contenir. Les rires d'élèves aux alentours, ajoutés aux murmures de surprise, résonnaient autour d'elles, rendant l'air presque irrespirable.

La Couronne de Ronces [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant