Is That You ?

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

- Mai -

Stanford, Californie.

Je regardais ma montre pour la centième fois depuis que j'étais arrivée en ne prêtant même pas attention à l'heure. Cela faisait bien deux heures que je m'ennuyais dans ce restaurant, j'étais assise en face de mon « rendez-vous à l'aveugle ». Je n'osais même pas assumer ces mots tant ceux-ci me semblaient ridicules mais bon c'était ainsi que mon père avait décidé de nommer ce rendez-vous. Il voulait mon bonheur, je le savais. Cependant, j'avais plutôt l'impression qu'il cherchait quelqu'un qui serait en mesure de m'aider à gérer les finances des universités qu'il possédait dont Stanford.

Oui, je le reconnaissais, l'université où j'étudiais à l'heure actuelle m'appartenait en fait sur les papiers. Je rêvais de devenir médecin depuis petite sans même avoir conscience que mon père disposait d'universités où on pouvait suivre des cursus de médecine. Mais au bout du compte, cela m'arrangeait puisque mon rêve coïncidait avec les possessions universitaires de mon père.

Malheureusement, les gens de mes classes précédentes ne cessaient de dire que j'avais été privilégié pour entrer en faculté de médecine alors que je possédais quand bien même les compétences requises pour suivre un cursus à Stanford. Là-dessus mon père ne m'avait pas fait de cadeau, il avait embauché plusieurs professeurs privés lorsque j'étais au collège. Je bénéficiais de plusieurs privilèges depuis petite et je profitais de ce que la vie m'avait offert voilà tout. Mes pensées furent interrompues à cause d'une voix ignoble qui cherchait à captiver mon attention.

- Hey Mai, tu m'écoutes ? Dit-il avec une voix mielleuse qui me donna l'envie de m'enfuir et vomir.

Cependant, mon oreille siffla surtout à l'entente de ce tutoiement. Qui était-il pour me tutoyer ?

- Tu ? Qui t'as permis de me tutoyer ? M'indignai-je, il n'était rien et se permettait de me tutoyer comme si nous nous connaissions.

- Je me le permets car je veux qu'on passe à l'étape supérieure. Après ces deux dernières heures où je t'ai raconté toute ma vie, tu me connais dorénavant mieux que quiconque.

Je me mis à rire jusqu'aux larmes après son discours car je n'avais rien écouté de ce qu'il m'avait raconté ces deux dernières heures, il m'agaçait tout simplement. Après que mon rire eut fini par cesser, je pris mon verre qui contenait du vin rouge et me mit à le tournoyer avant d'en prendre une gorgée. Puis, je lâchai sèchement.

- Je suis désolée mais je ne cherche pas de petit ami. Je suis à la recherche d'un partenaire commercial, là est la différence. Par ailleurs, je suis déjà dans une relation.

Je sortis ma dernière carte. C'était ma dernière chance, je priais pour que ce plan fonctionne et j'espérais surtout qu'il allait jouer le jeu avec moi. Je pris alors mon portable et dans un élan de confiance j'appuyai sur le contact « Nounours ». Je savais qu'il allait me répondre puisqu'il était censé venir me chercher pour aller à la fête de rentrée en troisième année de médecine qui débutait dans un peu moins d'une heure. Je préparais mon meilleur jeu d'actrice, puis quand il répondit je mis mon portable en haut-parleur et je compris que je n'avais pas le droit à l'erreur.

- Coucou Nounours. Dis-je avec une voix douce en espérant qu'il se souvenait de notre code.

- Salut Chérie, qu'est-ce qui se passe, où es-tu et avec qui es-tu ? Lâcha-t-il avec le même ton de voix.

Je savais que le plan avait réussi quand je vis le visage du type en face de moi se décomposer. Je n'avais tout sauf envie de faire de lui mon petit ami, il m'énervait tellement que j'allais devoir en faire part à mon père demain.