Elemancers

Chapitre 8 : Dernier préparatifs.

Le repaire des Vautours bourdonnait d'une activité nerveuse. Situé au fond d’une ruelle sombre, il tranchait par son décor surprenant. Ce n’était pas le repaire miteux qu’on pouvait imaginer pour des hors-la-loi. Les murs lambrissés, les miroirs décorés de cadres dorés, et les fauteuils en cuir usé par le temps donnaient à l’endroit un charme étrange, quelque part entre un bar privé luxueux et une cachette clandestine. Au centre de la pièce, une grande table en bois massif dominait l’espace, entourée de chaises dépareillées. À l’une de ses extrémités trônait un fauteuil plus imposant, réservé à Karlan, le chef incontesté des Vautours.

Un bruit sourd interrompit le brouhaha ambiant. Riek, un homme élancé et imposant, aux traits tirés, venait de frapper la table du poing. Ses vêtements impeccablement ajustés, d’un style sobre mais élégant, trahissaient une rigueur presque maniaque. Chaque pli, chaque bouton semblait à sa place, comme un miroir de son besoin de contrôle.

— Ça ne marchera pas... Enfin... Je… je dis pas que c’est une mauvaise idée, mais… sérieusement, c’est complètement dingue, grogna-t-il, jetant un regard circulaire autour de la table pour chercher du soutien. C’est pas juste un vol de bijoux ou de calèche, là. On parle d’infiltrer les hautes sphères. Une soirée pleine de nobles qui sentent la trahison à des kilomètres !

À côté de lui, Mirko, un homme trapu au crâne rasé, acquiesça, l’air tout aussi inquiet.

— C’est vrai qu’il marque un point. On est doués pour filer en douce, pas pour jouer les acteurs dans des salons dorés.

Riek marqua une pause, ses yeux perçants se posant sur Elyra, qui se tenait nonchalamment à l’écart, appuyée contre un mur.

Elle portait une robe d’un bleu profond, brodée de motifs complexes qui captaient subtilement la lumière des chandeliers. Le décolleté plongeant révélait sa gorge, encadrée d’un collier fin, tandis que les manches bouffantes et la taille cintrée mettaient en valeur sa silhouette gracieuse. Ses cheveux noirs cascadaient en boucles maîtrisées, et ses yeux verts scintillaient, perçant quiconque osait croiser son regard.

Riek hésita, désignant Elyra d’un geste du menton.

— Elle… elle a l’air… convaincante, ok ? Mais ça suffira ? Y’a trop de trucs qui peuvent foirer dans cette histoire !

Karlan, adossé nonchalamment à son fauteuil, haussa un sourcil amusé.

— Non mais regarde-la, elle est parfaite, Riek. C’est exactement ce qu’on voulait. On dirait presque une vraie noble, dit-il en désignant Elyra.

Riek secoua la tête avec sarcasme.

— Presque, murmura-t-il. Mais c’est justement ça qui me fait flipper. “Presque”, ça ne marchera peut-être pas avec eux. Ils vont flairer quelque chose d’étrange… et là, c’est la corde pour tout le monde.

Elyra, lasse de se sentir discutée comme un objet sur une étagère, décroisa les bras lentement, ses mouvements calculés. Elle s’approcha de la table, son regard brillant de défi. Puis elle planta ses mains sur le bois, ses lèvres s'étirant en un sourire ironique.

— Hé ho, je suis là, au cas où vous auriez oublié, lança-t-elle. Et oui désolé, c’est tout ce que j’ai pu faire en une semaine. D'ailleurs, je vous emmerde, soit dit en passant.

Riek leva les mains en signe d’apaisement, ses traits trahissant une gêne sincère.

— Prends pas la mouche, Elyra. T’as fait du bon boulot, vraiment. C’est juste que… il y a trop de trucs qu’on contrôle pas. Ça me fout les jetons, c’est tout.

Karlan intervint, un sourire en coin.

— Et toi, Elyra ? Tu te sens d’y aller ou tu veux qu’on laisse tomber ?