CHAPITRE 15

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-Anderson ? Que…que fais-tu ici?

-Je suis venu confirmer ce que Kader a dit. Je veux que tu me dises immédiatement qui est le père de ton enfant !

-Tu es fou ! hurla-t-elle avant de tourner les talons. Mais il la retint
vigoureusement par le bras.

-Je n’ai pas fait tout ce chemin depuis le Fouta jusqu’ici pour que tu me
dises ce que je sais déjà. Oui, je suis fou ! Tu me rends fou ! Ton absence me rend dingue !

Il l’embrassa fougueusement et elle se laissa faire, tant il lui avait
manqué. Il tremblait presque.

-Dis-moi qui est le père de ton enfant, Kalisha…

-Tu le sais, alors pourquoi me poser cette question, répondit-elle doucement.

Il plongea son regard dans le sien. Il la trouvait encore plus belle et
désirable avec cette grossesse. Il la serra très fort dans ses bras,
comme s’il venait d’être délivré d’un lourd fardeau. Ils restèrent là
pendant plus de 10 minutes, serrés l’un contre l’autre. Quand ils se
relâchèrent enfin, Kalisha demanda :

-Que fais-tu ici ?

Il l’aida à s’assoir sur une bille de bois qui trainait non loin de l’entrée
puis s’accroupit en face d’elle et lui prit les mains.

-Je suis ici pour toi, pour nous, pour notre bébé…je veux voir tes
parents, je veux pouvoir les regarder et leur dire que je t’aime et que je
veux t’épouser.

-Comment tu as su que j’étais enceinte ? Et comment Kader l’a su ?

-Si ton médecin personnel est l’épouse de Kader, forcément il le saura.

-Elle avait promis de garder ça secret…

-Oui, je connais toute l’histoire. Mais je déprimais vraiment et il a
certainement dû lui en parler. C’est certainement la raison pour laquelle
elle lui a tout raconté. Et lui à son tour, en m’en parlant, m’a donné le
prétexte idéal pour venir te retrouver.

-Je te croyais au Fouta pour ton mariage avec Haziza, dit-elle en
baissant les yeux.

Anderson fit un sourire jaune et lui fit lever la tête.

-Je dois te dire quelque chose...

Kalisha le regarda avec une mine de désespoir.

-Tu n'as pas fait ça...tu n'as pas fait ça, Anderson, fit-elle la voix tremblante.

-Regarde-moi, fit-il en levant la tête de Kalisha. Je n’aime pas Haziza. Et je ne suis pas le genre à utiliser une personne pour en oublier une autre. A la base, j’étais dans le Fouta pour la libérer. Cependant, puisque tu m'as dit qu'entre nous, c'était impossible...

-Ça te donnait le droit de l'épouser ? S'écria Kalisha, sur un ton de reproche.

-Kalisha, j'ai juste payé la dot. Mais je n'ai pas célébré les mariages civil et religieux. Je n'ai pas eu le temps de le faire parce que j'ai appris entre temps que tu étais enceinte. La première chose à laquelle j'ai pensé, c'était retrouver celle que j'aime. Elle n'est pas encore mon épouse. 

Kalisha repoussa la main d'Anderson, déçue.

-Tu es vraiment fou Anderson, à quoi tu t’attends ? Même si tu peux te permettre la polygamie, tu penses que ma famille t’accueillera les bras ouverts en tant que futur gendre ?!

-Tu m’aimes ?

Kalisha détourna le regard.
-Anderson, comment tu as pu…fit-elle presqu'en pleurant.

-Réponds-moi, fit-il en lui prenant le visage des deux mains et essuyant les larmes qui avaient commencé à perler sur son visage. Est-ce que
tu m’aimes et est-ce que tu me fais confiance ?

-Tu veux vraiment une réponse ?

-Alors convoque une réunion avec toute ta famille. Ce soir, je serai là
avec Nènè, Kader et mon oncle. Je ne veux pas faire un an de plus sans
toi à mes côtés à cause d’une stupide histoire de traditions sans tête ni
queue.

Sans même lui laisser le temps de réagir, il lui fit une bise rapide sur le
front et repartit presqu’aussi vite qu’il était venu.
L’instant de surprise passé, elle pénétra dans la cour et croisa sa mère. Kalisha baissa les yeux et hâta le pas vers sa chambre. A peine entrée, elle referma la porte à double tour et se mit à faire des va et viens dans toute la pièce. Une partie d’elle était heureuse d’avoir revu son amour après six longs mois qui lui avaient paru une éternité. Elle gardait encore son parfum sur ses vêtements et son baiser brûlant sur ses lèvres…mais l’autre partie était angoissée.

Qu’est-ce qu’il prévoyait de faire ce soir ? Et surtout, comment allait-elle réunir sa famille sans qu’ils ne boudent ? Parce qu’elle était quasiment certaine que si elle leur disait qu’Anderson voulait
les rencontrer à l’issue de cette réunion, ils refuseraient d’y participer. Et comment avait-il pu épouser Haziza, même s'il n'avait pas consommé le mariage?

Elle continuait à tourner lorsqu’elle entendit toquer à sa porte. C’était
Gniré. Lorsqu’elle entra, elle referma la porte et observa longuement
Kalisha qui baissa instantanément les yeux.

-C’était lui, n’est-ce pas ?

Kalisha garda le silence et se mordit la lèvre inférieure.

-Kalisha, c’est lui le père de ton enfant ?

Gniré retira son foulard et porta ses deux mains sur sa tête.

-Tu m’as tuée, Kalisha…comment tu as pu, ma fille ? Comment tu as pu ?

Gniré s’écroula et Kalisha se précipita vers elle, paniquée.

-N’nan, pardonne-moi…

Toutes deux se mirent à pleurer à chaudes larmes, assises à même le
sol.

-Kalisha, tu veux attirer la malédiction sur notre famille ? Je t’avais pourtant dit qu’il ne pouvait avoir aucun mariage entre peul et forgeron à.cause de l’alliance de sang entre nous. Tu m’as quand même désobéi et tu es même enceinte d’un peul…que vont dire tes oncles quand ils apprendront ça ? Ils vont nous tuer toutes les deux. Oh tu m’as tuée…

Et ses pleurs redoublèrent. Kalisha déclara en pleurant :

-Mais je l’aime N’nan…

-Alors prépare-toi à en assumer les conséquences !

Gniré se leva et sortit précipitamment de la chambre. Kalisha pleurait
toujours et ne savait pas à quel saint se vouer. Pis, elle ressentait des
douleurs très fortes au ventre. Néanmoins, elle fit un effort, se releva et sortit de la chambre.

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