Ils éclatèrent de rire. Puis Kalisha l’invita à déjeuner dans un restaurant à 12h. Il accepta volontiers mais déclara qu’il devait aller faire une course avant. Avant qu’il ne parte, ils firent un selfie ensemble dans lequel Amir lui faisait une bise sur la joue. Elle trouvait la photo si mignonne qu’elle décida de la poster en photo de profil sur son réseau social. Quelques temps après, alors qu’elle travaillait sur un cas d’ouverture de succession dont elle avait été chargée par une famille d’un quartier voisin, elle reçut deux messages. Le premier venait d’Anderson : « j’imaginais ton futur mari plus beau que ça. Enfin, je dis ça et je ne dis rien. Je t’invite à
déjeuner ? ». Elle sourit et écrivit en retour : « non, pas possible. J’ai un
truc important à faire. Demain, peut-être». Il lui envoya le sticker d’un singe qui marchait en imitant la démarche des femmes, comme pour dire qu’il n’en avait rien à faire de ce qu’elle disait, ce qui la fit marrer. Le
second message venait de Fatima-Sara : « appel vidéo. Urgent ! ». Kalisha secoua la tête en souriant. Sa meilleure amie adorait le
kongossa* . Elle lui répondit par un message « n’y penses même pas.
J’ai beaucoup de travail à faire. Je te raconterai tout ce soir, bisous ».
Elle imaginait la tête de son amie à cet instant. Elle devait se tirer les
cheveux. Kalisha sourit et se remit au travail. Anderson, de son côté, ne
savait pas pourquoi la photo postée par Kalisha l’exaspérait. Il était en
colère. Tout l’énervait, d’ailleurs. Il but un verre d’eau pour essayer de se calmer et respira profondément. Puis une pensée lui traversa l’esprit : se
pourrait-il qu’il soit jaloux ? Et si c’était le cas, pourquoi serait-il jaloux ? Il devrait plutôt être heureux pour elle. Elle a finalement trouvé chaussure à son pied et pourra honorer sa famille. Il grogna. Il détestait ressentir ce genre de sentiments confus. Il regarda sa montre : elle marquait 11h. Il
tritura son stylo, se leva, fit quelques pas dans la pièce et vint regarder
par la fenêtre. Puis il revint s’assoir pour programmer la suite des activités à faire dans le cadre de son mandat conjoint. Déjà neuf mois
s’étaient écoulés et ils avaient organisé plusieurs rencontres d’échanges qui s’étaient avérées fructueuses. Ils devaient maintenir ce cap.A 12h, Anderson rangea ses affaires et prit sa voiture pour se rendre
dans le même restaurant où il avait emmené les parents d’Haziza. Après
trente minutes de route, il stationna devant l’entrée du restaurant et
descendit. Puis il entra et s’assit à la même table que la fois précédente.
Quelle ne fut sa surprise en regardant vers la baie vitrée de voir Kalisha
et Amir déjeunant ensemble. Amir lui tenait la main et avait un regard
tendre envers elle. Comme s’il était assis sur des braises, il se leva
immédiatement et vint vers eux.-Alors c’était ça ton « truc important à faire » ?! Tu refuses de déjeuner
avec moi parce que tu préfères déjeuner avec un autre ?-Vous vous connaissez ? Demanda Amir.
-A ton avis ? S’écria Anderson. Je ne suis pas fou pour m’adresser à une
inconnue de la sorte. Sers-toi un peu de ta tête !-Anderson, ça suffit. Tu me fais honte, nous sommes dans un endroit
public, chuchota Kalisha entre ses dents pendant que l’embarras la
saisissait du fait que tous les regards étaient tournés vers eux.-Je te fais honte ? Tu oses me mentir pour voir un autre et c’est moi qui
suis censé avoir honte ?Kalisha entendit les gens murmurer « elle a été surprise avec un autre
par son petit-ami, quelle honte ». Des regards accusateurs se posèrent
sur elle et elle sentit la colère monter. Sans dire un mot, elle prit ses
affaires sur la table, s’excusa et sortit précipitamment. Anderson devint
subitement lucide et courut pour la rattraper. Mais elle avait déjà pris la
voiture pour rentrer. Il serra les poings et monta dans la sienne pour la suivre. Elle rentra immédiatement chez elle et claqua la porte. Son
premier réflexe fut de téléphoner à Fatima-Sara :
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A cœur ou...à raison?
Roman d'amourUne femme, un homme. Deux géants des affaires, deux rivaux emmenés à travailler ensemble mais dont les cœurs finissent par battre à l'unisson. Mais quand les alliances interethniques s'en mêlent, faut-il écouter son cœur ou sa raison?