Peau de Louve [DARK ROMANCE]

Le cri dans la Nuit

La nuit suivante fut différente. Cette fois, la chasse avait été meilleure - j'avais réussi à rester silencieuse, à ne pas être un fardeau. Nous ramenions un jeune cervidé quand le hurlement déchira la nuit.

Ce n'était pas un cri humain. Ni celui d'aucune bête que je connaissais. C'était quelque chose d'autre, quelque chose d'ancien et de puissant dans sa souffrance.

Fenris se figea instantanément, ses oreilles dressées vers l'origine du cri. Bien que distant, je le vis tressaillir - lui, l'Alpha que rien n'ébranlait jamais. Mon sang se glaça. Était-ce le cri d'un des siens ? Si oui, c'était un hurlement d'agonie pure. Le Chasseur avait-il trouvé une autre de ses victimes ?

Saisissant vivement notre proie dans sa gueule, il me fixa de ses yeux d'or. Le message était clair - il fallait rentrer. Maintenant.

De retour dans la tanière, nous partageâmes la chair crue en silence. Comme toujours, il me laissa le cœur. Je savais que c'était la partie la plus prisée des Alphas, leur morceau de choix. Je ne comprenais pas pourquoi il me l'offrait systématiquement, ce geste qui semblait chargé d'une signification qui m'échappait.

Puis il se leva et se dirigea vers l'entrée de la grotte. Cette fois, son regard m'ordonnait clairement de rester là.

J'étais une Loup-née. On ne m'avait jamais appris l'attachement. L'amour était pour les Vies-nés, pas pour nous. J'aurais tout donné pour ma petite sœur, mais personne ne m'avait jamais rien donné en retour. L'affection était un luxe qu'on nous refusait.

Pourtant, en le regardant disparaître dans les ténèbres, je sentis ce lien ténu qui s'était tissé entre nous. Pour la première fois de ma vie, je ressentis une peur qui n'était pas pour moi-même. Une peur viscérale de le perdre, lui, cette créature sauvage qui m'avait montré plus de bonté que tous les humains réunis.

Je restai là, dans l'obscurité, à écouter le silence de la nuit, priant des dieux auxquels je ne croyais plus pour qu'il me revienne.