Le retour du Loup

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L'aube pointait à peine quand Fenris tituba dans la tanière. Je ne l'avais jamais vu ainsi - sa fourrure noire luisait de sang, hérissée d'éclats de flèches. Des entailles profondes striaient sa peau, certaines si graves que je voyais la chair à vif en dessous.

C'est alors que ça arriva. Pour la première fois, je le vis se transformer. Les os craquèrent, la fourrure se rétracta, et l'être qui émergea me coupa le souffle. L'homme devant moi était d'une beauté terrible - grand, puissant, couvert de cicatrices anciennes qui ne faisaient qu'ajouter à sa magnificence sauvage. Même blessé, il irradiait une force primitive qui me fit frissonner.

"Tu dois partir," sa voix était rauque, comme s'il n'avait pas parlé depuis des siècles. "Il va venir, et je n'ai pas pu le vaincre. Il n'y a pas de raison que tu meures."

"Je suis une Loup-née," répondis-je simplement. Les mots sortaient naturellement, comme si j'avais toujours su que je les prononcerais un jour. "Les Loup-nés sont destinés à mourir. Tu m'as soignée, alors je te soignerai à mon tour."

"Alors il nous tuera."

"Alors il nous tuera," confirmai-je.

"Je ne suis plus en état de me battre."

"Il est temps que je me batte à mon tour."

Il perdit connaissance avant de pouvoir protester davantage. Avec toute la délicatesse dont j'étais capable, je commençai à extraire les pointes de flèches de sa chair. Chaque gémissement qu'il poussait dans son inconscience me déchirait le cœur, mais je devais continuer.

Dans un tas d'ossements, je trouvai ce qu'il me fallait. Avec patience, je façonnai une aiguille, y enfilant un long poil de bête prélevé sur une de nos proies. J'avais observé les Anciennes au village, quand elles recousaient les plaies des hommes blessés aux champs. Je n'avais jamais pensé que ce savoir me servirait un jour.

Point après point, je refermai ses blessures, murmurant des paroles apaisantes quand la douleur le faisait trembler. J'appartenais au camp du Loup maintenant, celui auquel j'étais promise depuis ma naissance. Mais ce n'était plus un sacrifice - c'était un choix.

Je ne l'abandonnerais pas. Si la mort devait venir nous chercher, qu'elle vienne. Je l'accueillerais comme une vieille amie, sachant que j'aurais enfin choisi mon propre destin.

Car n'est-ce pas là la plus douce des libertés ? Choisir pour qui mourir, plutôt que de se faire imposer sa mort par d'autres.

Peau de Louve [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant