La première proie

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Je devais chasser pour lui. Sans nourriture, il ne guérirait pas.

La nuit était plus noire que d'habitude. Pourtant, je voyais mieux. Mon corps entier avait changé depuis ces dernières semaines - je courais plus vite, j'entendais des sons qui m'échappaient avant, je sentais des odeurs nouvelles. Etait-ce la chair crue ? Ma vie aux côtés de Fenris ? Je ne savais pas.

L'odeur du sang me guida. Une biche blessée. Elle s'était prise la patte dans des ronces, tentant désespérément de se libérer. En temps normal, j'aurais fait fuir la proie avant même de l'approcher. Mais pas cette fois. Quelque chose en moi était différent.

Je m'approchai en silence, comme je l'avais vu faire tant de fois. Mon corps semblait savoir quoi faire, comment se mouvoir. La biche me repéra trop tard. Mes dents trouvèrent sa gorge d'instinct. Elle se débattit, mais je tins bon. Le goût du sang emplit ma bouche. Chaud. Métallique. Vivant.

La traîner jusqu'à la tanière me prit du temps. Mes bras tremblaient sous l'effort, mais j'y arrivai.

Fenris n'avait pas bougé. Sa respiration était faible, son corps brûlant de fièvre. Je déchirai la chair, cherchant le cœur. Tant de fois il m'avait laissé cette partie. Maintenant c'était à mon tour.

Je plaçai le cœur encore chaud dans sa gueule. Il mit du temps à réagir, puis ses mâchoires bougèrent faiblement.

"C'est bien," murmurai-je, passant ma main dans sa fourrure. C'était la première fois que je le touchais ainsi.

Peut-être allions-nous nous en sortir tous les deux.

Je rabattis la peau de Loup sur son corps tremblant. Son souffle était faible, sa fourrure brûlante de fièvre. Le voir ainsi, lui si puissant d'ordinaire, me tordait les entrailles. Je me pressai contre lui, comme il l'avait fait tant de nuits pour me réchauffer. C'était étrange d'être celle qui donnait de la chaleur plutôt que celle qui la recevait. Mon corps semblait minuscule contre le sien, mais quelque chose avait changé en moi. Sa faiblesse me révélait ma propre force, comme si toute la puissance qu'il avait dû déployer pour me protéger coulait maintenant dans mes veines.

Je restai éveillée toute la nuit, écoutant sa respiration laborieuse, prête à bondir au moindre bruit suspect qui aurait franchi l'entrée de notre tanière. Cette nuit, c'était mon tour d'être l'Alpha.

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Peau de Louve [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant