Chapitre 16 - La fin d'un arc

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Ivan


Parler avec le vieux Tram... je savais même pas s'il y avait quoi que ce soit de comparable. Il fallait reconnaitre ses mensonges de ses vérités et c'était quasi impossible. Il nous avait déjà dit avoir visité la Terre, mais, quand bien même nos ancêtres venaient d'elle, ça faisait belle lurette que plus aucun vaisseau n'y allait. Il disait se souvenir de la surface sous toutes ces coutures, sans que rien ne lui soit secret, mais nous tous, prisonniers, étions la preuve que c'était impossible.

J'étais capable de me souvenir de mes crimes, de l'intérieur des murs des bâtisses que j'avais visité, mais je ne me souvenais d'aucun nom, d'aucun extérieur, d'aucune information tangible. C'était comme un rêve qui s'estompait toujours un peu plus à notre réveil. Le vieux Tram mentait et sa capacité à ne pas nous révéler d'éléments qui pourraient prouver qu'il a bien de vrais souvenirs valait bien mille mots. Et c'était problème.

C'était un problème qu'il soit aussi vieux ; qu'il soit incapable de dire la vérité sans mensonge ; qu'il soit incapable de tenir correctement une conversation sans s'étaler sur une dizaine d'autres choses qui en entrainait une dizaine d'autres encore. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée ? Break était convaincu de faire le bon choix lui. Maintenant que Dante entrait en jeu, il était disposé à croire à toutes les paroles du vieux Tram.

Et si ça tournait mal ? Si notre tentative de s'échapper échouait parce que le vieux était trop sénile pour dire ne serait-ce qu'un peu de vérité ? S'il nous envoyait direct dans la gueule du loup ? Qu'est-ce qui arrivait à ceux qui tentaient de s'échapper ? S'il arrivait un truc à Break ? Est-ce que j'étais prêt à ça ? Si je devais m'échapper pour retrouver Dani, mais que je perdais Break pendant l'évasion et que je finissais par ne pas retrouver Dani ?

— Tu penses encore trop fort, Ivan. Tu vas me donner mal au crâne.

Je fixai le plafond, gris, morne, sans saveur ou texture, juste du métal froid, comme le reste de la prison. Cet inconfort ambiant m'avait toujours semblé supportable avec Break et Dani à mes côtés, mais, maintenant qu'il me manquait un bout, c'était à peine supportable. Qu'importait comment je regardais la situation, j'avais l'impression de devoir faire un choix entre Dani et Break, alors même que c'était impossible.

J'entendis plus que je ne vis Break se lever. Ses longs cheveux grisonnants vinrent chatouiller mon visage tandis qu'il se baissait au-dessus de moi. Il était aminci par rapport à nos premiers jours à la prison de SOTA et ça continuait toujours plus depuis le départ de Dani. Pourtant, lui n'avait pas changé : il était toujours d'un calme à toute épreuve, souvent silencieux et du genre à ne jamais élever la voix, pas même pour une émotion positive.

— Tu penses trop fort, répéta-t-il. Si on échoue, on pourra au moins se dire qu'on aura tout essayé pour retrouver Dani.

Je relevai ma main jusque sa pommette et caressai sa joue maigre.

— Je ne sais pas comment tu es capable de garder tant de sang froid. Quand je pense que quelque chose pourrait mal tourner, je...

Sa paume se posa sur mes lèvres, me faisant taire.

— Je préfère essayer que vivre dans le regret.

J'acquiesçai. Il était décidé. Je ne pouvais pas lui refuser quoi que ce soit. C'était à moi, à nous, de faire en sorte que tout se passe suffisamment bien pour en ressortir vivant. Et si le vieux Tram était le seul chemin à prendre, je me sentais prêt à suivre les pas de Break. Comme il était venu, calmement, Break retourna à son lit et s'y assit. Je reportai à nouveau mon regard sur le plafond métallique. Des dizaines de milliers de prisons s'étendaient encore plusieurs étages au-dessus de nous et autant de binômes pour remplir chacune d'elle.

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OUTSIDER - JOUEUR 7 (Dante)/(Omegaverse)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant